Maux de gorge... Soulager et retrouver sa voix grâce aux huiles essentielles
La pharyngite, la laryngite et l'angine sont des affections bien connues qui sévissent fréquemment durant la saison froide. Si les symptômes tels que mal de gorge, toux, voire extinction de voix disparaissent en quelques jours dans la plupart des cas, les huiles essentielles peuvent s'avérer utiles pour accélérer le processus de guérison.
Feu de cheminée, retour des grogs aux plantes, moments de cocooning sous un plaid… Si l’arrivée de l’automne apporte son lot de réconfort, cette saison annonce aussi le retour de certaines pathologies liées au froid. Car oui, la chute des températures, la baisse de la luminosité et les virus qui traînent dans l’air ambiant peuvent mettre l’organisme à rude épreuve. Parmi les maladies courantes et bien connues, l’on compte la pharyngite, la laryngite ou encore l’angine.
La pharyngite, diagnostiquée chez près de 9 millions de personnes chaque année en France, correspond à une inflammation des muqueuses tapissant le pharynx (organe qui s’étend de la bouche à l’œsophage). Souvent d’origine virale, elle cause de vives douleurs au moment d’avaler la salive, des picotements et des brûlures dans la gorge, potentiellement de la fièvre. Elle se distingue de la laryngite, inflammation qui touche quant à elle le larynx, l’organe qui assure entre autres la phonation. Les cordes vocales ont alors des difficultés à se mouvoir et à vibrer librement au passage de l’air. Résultat, la voix devient rauque, enrouée, voire complètement éteinte. Souvent accompagnée d’une toux sèche, la laryngite est le plus souvent provoquée par un virus mais peut aussi résulter d’une irritation liée à l’utilisation excessive de la voix, notamment chez les chanteurs, les acteurs ou les enseignants.
Enfin, l’angine concerne l’inflammation des amygdales. Elle se manifeste par un mal de gorge entraînant une difficulté à avaler et par de la fièvre. Entre 60 et 90 % des angines sont d’origine virale, le plus souvent sans gravité mais il convient de faire un test (TDR), accessible désormais en pharmacie, pour vérifier qu’elle n’est pas bactérienne. Si le test est positif, des antibiotiques sont prescrits. La pharyngite et la laryngite, elles, sont très rarement d’origine bactérienne (virales dans 90 % des cas), c’est pourquoi les antibiotiques sont la plupart du temps inappropriés. En revanche, aux premiers signes d’inflammation, l’aromathérapie peut se montrer efficace.
Prévention et voie locale en première intention
« Les problèmes de gorge et de voix touchent tout le monde, mais plus particulièrement les acteurs et les chanteurs », expose Philippe Banel, enseignant en aromathérapie scientifique et coauteur de Physiologie et Huiles essentielles (Dunod). Selon l’expert, agir en prévention de ces maux est extrêmement important. Par exemple, porter un foulard autour de la gorge quand on présente une sensibilité, s’hydrater régulièrement et se masser avec de l’huile essentielle de ravintsara peut empêcher ces pathologies de se déclarer. « Avec l’aromathérapie, plus tôt on agit, plus on a de chances que ça fonctionne », assure l’enseignant. Car en matière de soins naturels, bon nombre de travaux scientifiques ont déjà montré l’impact des molécules contenues dans les huiles essentielles (HE) sur les pathologies respiratoires. « Ce sont des concentrés extrêmement puissants qui contribuent à enrayer toutes ces pathologies. Pour ce faire, on choisit des HE aux propriétés anti-inflammatoires, antalgiques, antimicrobiennes. »
Le bon réflexe
Dès les premiers picotements de gorge ou sensations d’avoir pris froid, l’enseignant et auteur en aromathérapie scientifique Philippe Banel recommande l’huile essentielle de ravintsara (sauf chez l’enfant de moins de 3 ans) : masser 2 à 3 gouttes de l’HE pure sur la zone ganglionnaire, en partant de derrière l’oreille et jusqu’à la...
gorge. À faire trois à quatre fois de chaque côté, pendant 1 heure, tout en respirant profondément.
Les huiles essentielles à tropisme ORL contenant pour la plupart du cinéol, molécule peu digeste, l’expert précise qu’il est préférable d’opter pour un usage local. « On peut obtenir de très bons résultats quand les HE pénètrent bien la peau », ajoute-t-il.
Ouvrir au maximum le bouclier thérapeutique
Plusieurs huiles essentielles présentent l’avantage d’avoir un spectre d’action large, permettant d’agir à la fois sur la rougeur, la douleur, l’inflammation et l’infection de la sphère respiratoire. Parmi ces bombes aromatiques figure l’HE de cajeput, qui a fait l’objet de plusieurs publications scientifiques pendant l’ère Covid : elle contient 90 % de molécules anti-inflammatoires, antimicrobiennes et antidouleur (dont le 1.8 cinéol et le bêta-caryophyllène). L’HE de petit grain bigarade vient compléter cette première HE grâce à ses 80 % de molécules antibactériennes, anti-inflammatoires et antinociceptives (qui empêchent de ressentir la douleur), telles que le linalol ou l’acétate de linalyl. Enfin, le spécialiste cite le cyprès toujours vert, une grande HE de la phonation qui produit un effet anti-inflammatoire, décongestionnant et calmant sur les irritations de la sphère ORL et des cordes vocales, grâce aux pinènes qui exercent une action cortisone-like. Pour l’anecdote, même Céline Dion l’aurait utilisée avant ses concerts ! Une formule aux molécules variées, donc, pour optimiser ses effets. « Le gros problème des formules aromatiques, c’est qu’en général, les molécules sont redondantes. Or utiliser des HE ayant des actions différentes permet d’ouvrir au maximum le bouclier thérapeutique », éclaire Philippe Banel.
Ce trio d’huiles essentielles est à masser avec de l’alcool à 90 degrés (qui favorise la pénétration des molécules à travers la barrière cutanée) et de l’huile végétale de pépin de raisin, et s’utilise aussi bien dans le cadre d’une laryngite (avec extinction de voix), d’une angine ou d’une pharyngite.
Néanmoins, en cas d’angine très douloureuse, Philippe Banel conseille, en complément du massage, la prise orale d’huile essentielle de menthe verte (Mentha spicata). Douce, anti-inflammatoire, antinociceptive et agréable au goût, il conseille d’en verser une goutte dans une cuillerée à café de miel, de mélanger à l’aide d’un cure-dent jusqu’à ce que le miel blanchisse légèrement puis d’avaler ce mélange (réservé à l’adulte) trois fois par jour pendant trois jours pour atténuer les symptômes.
Formule en cas de laryngite, pharyngite, angine
Par Philippe Banel, formateur en aromathérapie scientifique
Propriétés : Anti-inflammatoire, antimicrobienne, antidouleur
Indications : Inflammation de l’appareil respiratoire (laryngite, angine, pharyngite, extinction de voix liée à une laryngite)
Voie locale
- HE de cajeput Melaleuca cajuputi 1 ml
- HE de petit grain bigarade Citrus aurantium ssp. 1 ml
- HE de cyprès toujours vert Cupressus sempervirens L. 1 ml
- Alcool à 90 ° (alcool à parfum)0,5 ml
- HV de pépin de raisin QSP 10 ml
Fabrication : Dans un flacon de 10 ml en verre teinté, verser les HE puis ajouter l’alcool à 90 ° (il favorise la pénétration des molécules à travers la barrière cutanée). Compléter le flacon avec l’HV de pépin de raisin (peu grasse, elle pénètre facilement). Fermer et agiter.
Posologie : Masser 3 à 5 gouttes du mélange sur la zone ganglionnaire sur le côté du cou, la zone douloureuse et éventuellement le thorax. Faire jusqu’à 4 fois par jour pendant 3 jours. En l’absence d’amélioration, consulter un médecin.
Précautions d’emploi : Ne pas utiliser chez l’enfant de moins de 10 ans, ou en cas d’allergie cutanée liée aux huiles essentielles.
Remarque : Possibilité d’associer cette formule (à raison de 3 fois par jour) avec un traitement antibiotique.
1 ml = 25 gouttes HE = huille essentielle HV = huile végétale QSP = quantité suffisante pour
Retrouver sa voix
Il peut arriver que l’on perde sa voix sans présenter d’inflammation au niveau de la gorge. « C’est souvent le cas des chanteurs, lorsqu’ils sont stressés, fatigués vocalement, qu’ils sollicitent à l’extrême les muscles intrinsèques et extrinsèques du larynx, qu’ils ne s’hydratent pas suffisamment ou qu’ils chantent un répertoire non adapté à leur tessiture. Forcer sa voix sur une gorge sèche, c’est comme courir sans s’être échauffé, ils fatiguent la zone phonatoire », détaille Philippe Banel. Généralement, le seul recours pour retrouver sa voix consiste en allopathie à réaliser une piqûre à base de cortisone, « mais on ne peut pas faire ça tous les jours, c’est dangereux », met en garde le spécialiste. Dans ce cas de figure, il conseille plutôt le recours à l’HE de cyprès toujours vert, décrite précédemment. En complément, l’essence de citron jaune (à choisir bio car plus de vingt pesticides et cires de synthèse sont utilisés en agriculture conventionnelle pour le cultiver) est intéressante. 95 % de ses molécules (limonène, citral) sont antimicrobiennes, anti-inflammatoires, relaxantes musculaires. Enfin, l’HE d’hélichryse italienne, en plus de son action antibactérienne et analgésique, possède la capacité de réparer, lisser, dégonfler les tissus lésés, même les plus fins tels que ceux de l’appareil vocal. « On consomme généralement peu l’HE d’hélichryse italienne par voie orale, mais elle a un goût de curry, et avec le miel, ça passe très bien ! », affirme Philippe Banel. De plus, l’originalité de cette formule tient au fait qu’elle se marie avec du psyllium blond (espèce de plantain). La mixture gélatineuse obtenue tapisse les parois de la gorge et permet ainsi une pénétration plus longue des actifs aromatiques dans l’appareil respiratoire. « J’ai testé cette formule sur de nombreux chanteurs, et ça fonctionne très bien », constate l’expert. Rappelons toutefois que la première chose à faire en cas d’extinction de voix est d’arrêter de parler et de bien s’hydrater…
Formule en cas d'extinction de voix
Par Philippe Banel, formateur en aromathérapie scientifique
Propriétés : Anti-inflammatoire, calmante, régénérante des tissus
Indications : En prévision d’un effort vocal, en cas de problème de phonation, lorsqu’on sent que l’on perd sa voix
Voix interne
- HE de cyprès toujours vert Cupressus sempervirens L. 1 ml
- Essence de citron jaune bio Citrus x limon 1 ml
- HE d’hélichryse italienne Helichrysum italicum 0,5 ml
- Miel (de thym ou de romarin) 1 c. à. soupe
- Psyllium blond 2 à 3 c. à. café
Fabrication : Dans un flacon en verre teinté de 2,5 ml, verser les huiles essentielles. Refermer le flacon et agiter. Dans un mug, verser 1 c. à soupe de miel (de thym ou de romarin) puis 3 gouttes de la synergie aromatique. Mélanger à l’aide d’une cuillère jusqu’au blanchiment du miel et compléter avec de l’eau bien chaude (mais pas bouillante). Enfin, ajouter 2 à 3 c. à café de psyllium blond au mélange et patienter 10 minutes, le temps qu’il gonfle et tombe au fond du mug. Mélanger le tout.
Posologie : Boire 1 gorgée du mélange toutes les 5 minutes jusqu’à finir le mug, afin que le psyllium s’accroche aux parois de la gorge, apportant une sensation d‘hydratation et de confort. À faire 3 fois par jour pendant 5 jours.
En prévision d’un effort vocal, il est possible de suivre cette recette une fois la veille, une fois le jour même, 1 heure avant la prestation, puis, en cas de fatigue vocale, une fois en fin de journée.
Précautions d’emploi : Ne pas consommer avant 14 ans, pas d’exposition au soleil dans les 12 heures qui suivent la prise (en cas de concert en plein air, on peut retirer le citron de la formule mais le goût sera nettement moins bon), ne pas dépasser 5 jours de prise (la synergie peut avoir un effet laxatif). Sans amélioration après 5 jours, consulter un spécialiste, phoniatre ou ORL.
Remarque : Cette synergie se conserve jusqu’à 9 mois au réfrigérateur.
1 ml = 25 gouttes