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La benoîte : une plante pour se tonifier

La benoîte : une plante pour se tonifier

Ne vous fiez pas à l'allure anodine et rustique de la benoîte (Geum urbanum) ! Si son aura passée de plante magique est depuis longtemps délaissée, ses propriétés médicinales, quant à elles, restent d'actualité. Cette plante sauvage qui apprécie les lisières de forêts et les lieux ombragés est facile à cultiver au jardin, où elle apporte de l'éclat et de la légèreté avec sa floraison discrète et ses fruits plumeux décoratifs dont les graines crochues s'accrochent volontiers aux poils des animaux et aux chaussettes !

Au jardin

Sans conteste, la benoîte fera son petit effet dans un coin de jardin champêtre, en massif, en bordure de potager ou de bassin. Installez-la en exposition mi-ombrée, dans un sol ordinaire frais et plutôt riche. Ses petites fleurs jaunes s’épanouissent en une floraison simple mais prolongée, de mai à septembre.

Plantation

En automne ou en mai, la plantation s’effectue sans difficulté à partir d’un plant acheté ou prélevé dans la nature, ou encore à partir de la division d’une touffe. Humidifiez bien la motte avant de l’introduire dans le trou de plantation (d’une grosseur d’au moins deux fois la taille de la motte), au fond duquel vous pourrez ajouter un peu de fumure ou de compost de feuilles avant de recombler avec la terre. Tassez légèrement et arrosez. Espacez chaque plant d’au moins 30 cm et veillez à garder l’espace bien dégagé pour son épanouissement.

Semis

Le semis est également possible au printemps en pépinière, à l’abri, sous châssis ou sous tunnel protecteur, en veillant à enfoncer les graines à moins de 1 cm de profondeur. Tassez puis arrosez en pluie. Repiquez environ un mois plus tard et plantez à l’endroit définitif à l’automne, en suivant les recommandations ci-dessus.

Entretien

La benoîte n’exige aucun entretien particulier. En revanche, bien que vivace, sa durée de vie n’est pas très longue. Le mieux est de la rajeunir par division de touffe tous les trois ans, à l’automne.

Récolte

Les racines se récoltent en octobre-novembre ou en mars. Très fines et chevelues, de couleur violette à l’intérieur, elles se prélèvent facilement avec une petite pelle ou une fourche-bêche. Débarrassez-les de la terre puis rincez-les soigneusement en brossant délicatement toutes les parties. Faites sécher en couche mince à une température maximale de 35 °C, le temps nécessaire pour obtenir une texture friable. En séchant, les racines deviennent entièrement brunes.

Ce que dit la science : un quinquina local

La benoîte, dont le nom fait référence à saint Benoît de Nursie, fut, dès le VIe siècle, auréolée de nombreuses vertus. Hildegarde de Bingen les reprend au XIIe siècle, en décrivant notamment les propriétés stimulantes de la plante, préconisée pour redonner de la force au corps affaibli. Parallèlement, la benoîte a longtemps été employée comme un succédané du quinquina pour faire baisser la fièvre. La présence de cette plante commune un peu partout en France a largement contribué au développement de ses usages...

médicinaux traditionnels. Ce sont surtout les racines qui concentrent les principes actifs à l’origine de la majorité des propriétés : principalement des tannins, des substances amères et un composé aromatique (eugénol). Les tannins sont des agents astringents capables de « resserrer » et de protéger efficacement les muqueuses enflammées et la paroi des petits vaisseaux. Ainsi, la benoîte s’avère très intéressante dans le traitement des diarrhées ou pour soulager les jambes lourdes et les hémorroïdes. En usage local, ces mêmes propriétés sont mises à profit pour réparer et cicatriser les tissus, en particulier dans les inflammations buccales. D’autre part, l’ensemble des principes actifs concourent aux propriétés digestives et toniques de la plante, très utile chez les convalescents ou les personnes âgées. Malgré le peu de travaux scientifiques effectués sur la benoîte, quelques études récentes ont montré un potentiel anti-infectieux (vis-à-vis du virus de l’herpès HSV-1 et de bactéries comme le staphylocoque doré ou le germe de l’acné, Cutibacterium acnes) et des effets antidiabétiques prometteurs qui devront être approfondis.

À l’atelier : un chaï latte réconfortant

Lorsqu’on gratte légèrement les racines fraîches de benoîte, il se dégage une odeur aromatique originale de clou de girofle, mêlée de fumée et de réglisse. Cette saveur (moins forte lorsque les racines sont séchées) est à l’origine d’une boisson chaude autrefois prisée par les Amérindiens. La recette se prépare avec du lait de vache ou du lait végétal. Un breuvage digestif, tonique et réchauffant qui plaît aux adultes comme aux enfants. Il procure un bon moment de réconfort stimulant !

Ingrédients et matériel : 60 g de racines fraîches de benoîte (ou 30 g de racines séchées), ½ litre de lait au choix (lait de vache, lait d’amande, lait d’avoine…), casserole, filtre ou passoire fine.

Ingrédients facultatifs : sucre ou miel, 1 petite cuillerée à café de cannelle, ½ gousse de vanille ou autre aromate (gingembre, cardamome…).

Mode opératoire

  1. Après avoir soigneusement brossé et rincé les racines de benoîte, les ciseler grossièrement afin de libérer l’arôme et placer la moitié de la quantité dans la casserole.
  2. Réaliser une décoction : ajouter le lait et porter l’ensemble à ébullition. Couvrir et maintenir le frémissement pendant 10 minutes.
  3. Ôter du feu. Ajouter aussitôt la quantité restante des racines et faire infuser le tout encore 10 minutes, à couvert. C’est à ce moment que vous pouvez ajouter les ingrédients facultatifs, selon votre goût et votre fantaisie : cannelle, vanille, etc.
  4. Filtrer puis verser la boisson chaude dans les tasses pour la dégustation, en ajoutant si besoin un peu de miel.

Variante : Une alternative consiste à diluer la boisson lactée avec de l’eau. Ici, les racines seront préalablement bouillies pendant 10 minutes dans ¼ litre d’eau avant d’ajouter, hors du feu, la même quantité (¼ litre) de lait chaud. Filtrer de façon identique et boire.

Usage : Préparez un chaï latte à la benoîte quand vous ressentez de la fatigue. Cette boisson met à profit les vertus digestives et tonifiantes de la plante.

Autres préparations à la benoîte

Vin fortifiant

Préparation : Faire macérer 30 g de racines de benoîte soigneusement séchées et grossièrement hachées dans une bouteille de vin rouge bio. Filtrer au bout de 8 à 10 jours.

Usages

  • Manque d’appétit : 1 petit verre à porto avant le repas.
  • Estomac paresseux, digestion lente : 1 tout petit verre à porto après les repas.
  • Fatigue, convalescence, fièvre : 3 à 4 c. à soupe par jour.
  • Appliqué en compresse sur la peau, ce vin était autrefois considéré comme vulnéraire après un coup ou une chute.

Tisanes

La tisane de benoîte est préparée le plus souvent en infusion pour l’usage interne et en décoction pour les usages externes. Les quantités préconisées ci-dessous correspondent à la racine séchée. En cas de racine fraîche, doublez la dose.

Infusion : Faire infuser 1 c. à café de racines séchées coupées menues par tasse d’eau bouillante (environ 200 ml) durant 10 minutes. Filtrer.

Usages

  • Diarrhées : 1 tasse toutes les 2 ou 3 heures, à espacer dès l’amélioration. Variante : ajouter 1 c. à café de myrtilles séchées dans votre infusion afin d’améliorer le goût de la tisane et en diminur l’amertume.
  • Maux d’estomac, maux de ventre, côlon irrité : une petite tasse après les repas principaux.
  • Mal de tête : 1 tasse au moment des douleurs.
  • Jambes lourdes, hémorroïdes : 1 à 2 tasses par jour entre les repas, en cure de 9 jours.

Décoction : Mettre 1 c. à café bombée dans 200 ml d’eau froide. Porter à l’ébullition et maintenir le frémissement 5 minutes. Ôter du feu, couvrir et laisser infuser 10 minutes. Filtrer.

Usages

  • Maux de gorge, pharyngites, inflammations gingivales, saignement des gencives, déchaussement des dents (prévention), haleine forte : utiliser le décocté de benoîte tiédi en gargarisme ou en bain de bouche, 1 à 3 fois par jour.
  • Hémorroïdes : soins locaux avec des compresses imbibées de la tisane à laisser poser environ 15 minutes, à renouveler selon le besoin.
  • Plaies : nettoyer à l’aide d’une compresse imbibée de tisane de benoîte.

Cataplasme de feuilles fraîches

Préparation : Froisser énergiquement ou couper et triturer dans un mortier quelques feuilles de benoîte fraîchement cueillies et les appliquer en cataplasme sur une compresse fine.

Usages

  • Conjonctivites, plaies, engelures : maintenir le cataplasme sur les paupières enflammées ou sur la zone cutanée concernée pendant 10 à 20 minutes.

Précautions d’emploi

Aucun effet indésirable n’est à déplorer aux doses usuelles recommandées.

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