La mandragore : toxique et maléfique
Plante toxique autrefois utilisée en anesthésie, la mandragore a inspiré de nombreuses légendes liées à la forme de ses racines. Ces dernières sont en effet dotées de courbes rappelant celles de l'humain.
[Mis à jour le 10/06/2018]
La mandragore ou mandragore officinale (Mandragora officinarum) est une plante toxique: son ingestion entraîne dilatation des pupilles, sécheresse de la bouche et de la gorge, somnolence, mydriase et narcose suivies dhallucinations, troubles des contractions cardiaques. La mort peut survenir par arrêt respiratoire.
La mandragore fait partie de l'histoire de l'anesthésie.Dans l'Antiquité, les médecins l'utilisaient pour supprimer la sensibilité et la douleur. De multiples vertus thérapeutiques lui sont attribuées. Par sa composition chimique, elle est sédative, antispasmodique, antiinflammatoire en cataplasme, hypnotique et hallucinogène. Mais, compte tenu de sa toxicité, son usage est pratiquement tombé en désuétude sauf comme remède homéopathique pour combattre les troubles digestifs, les courbatures, les crampes, la goutte, et les rhumatismes inflammatoires.
Légendes sur la mandragore
La mandragore a toujours eu un attrait sur les hommes, notamment en raison de la forme de ses racines qui évoquent un être humain. Une vieille croyance veut que l'humain soit apparu primitivement sur la terre sous des formes de mandragores monstrueuses animées dune vie instinctive et que le souffle d'en Haut évertua, transmuta, dégrossit, enfin déracina, pour en faire des êtres doués de pensée et de mouvement propre. Dans la traduction du Bestiaire d'Oxford manuscrit du Moyen-Âge, la mandragore serait l'arbre de la connaissance dont Adam et Eve mangèrent le fruit.
La mandragore fait l'objet, de l'Antiquité jusqu'à la Renaissance, d'un culte macabre, interdit par l'église. Celui qui arrachait la mandragore sans précaution, s'il ne devenait pas fou en entendant les hurlements de la plante, était poursuivi par sa malédiction... Les écrits du Moyen-Âge recommandaient d'ailleurs de se boucher les oreilles avec de la cire et de s'aider pour la déraciner d'un chien noir qui était sacrifié à la place de l'humain. On passait une corde autour de la racine et on attachait l'autre extrémité au cou du chien noir affamé que l'on excitait au son du cor. Puis on appelait le chien qui, en tirant sur la corde, arrachait la mandragore.