Les champignons : cueillette de santé
Les champignons sauvages concentrent des vertus médicinales méconnues. Ils stimulent les défenses immunitaires de l’organisme comme nul autre végétal. Ils sont également antiviraux, anticancérigènes et font baisser le cholestérol.
Considérés comme aliment de longue vie, de tonus général, de jeunesse prolongée ou même d’aphrodisiaque en Chine et au Japon, le champignon est une espèce végétale sous-estimée et sous-exploitée en Occident. Sur les 3 000 espèces sauvages qui poussent dans nos régions, les scientifiques et mycologues se sont penchés sur une soixantaine pour lesquels des propriétés médicinales ont été mises en évidence.
Des propriétés immunostimulantes
Rares sont les aliments capables de stimuler le système immunitaire. Or les champignons ont cette vertu, détrônant de loin l’échinacée, le lapacho et le ginseng. L’espèce fongique renferme une sorte de glucide (polysaccharides) ultra-performant, le bêta-glucane (ou lentinan chez le shiitake) qui stimule le système immunitaire. Ces polysaccharides agissent en activant les globules blancs (leucocytes) responsables de la défense contre les infections, les virus, les bactéries et les parasites.
Parmi ceux que l’on ramassera avec bonheur dans nos forêts, on trouve le doux bolet à pied rouge (Boletus erythropus) et plus rarement le reishi (Ganoderma lucidum) sous les chênes et les châtaigniers. On cueillera aussi la volvaire (Volvaria volcacea), appelée encore champignon de paille, dans les prés et sur les pelouses. Impossible aussi de rater le sparassis crépu (Sparassis crispa), sorte de grosse éponge, qui est excellent revenu à la poêle et que l’on trouve exclusivement aux pieds des résineux en moyenne montagne. Il est rarement employé en Occident mais les Asiatiques l’estiment fortement pour ses propriétés de tonique général, sexuel et immunitaire.
Les fameux polysaccharides sont si puissants qu’ils ont la faculté de s'attaquer aux cellules cancéreuses. En Chine, en Corée, au Japon, en Russie, aux USA et au Canada, la lutte contre les cancers s’orchestre déjà avec des champignons.
Les champions de cette lutte sont le shiitaké (Lentinus edodes) pour traiter le cancer de l'estomac mais il est introuvable dans nos forêts, le maïtaké (voir encadré page suivante), la boviste géante, la tramète versicolore ou karawataké (Coriolus versicolor) qui combat les cancers du tube digestif, du poumon et du sein. Très élastique, il est immangeable frais. Pour la cueillette, on privilégiera donc la petite schizophylle vulgaire (Schizophyllium commune) qui pousse sur les branches de feuillus tombées à terre, permettant de lutter contre le cancer de l'utérus. En la matière, le potentiel est énorme : selon une étude japonaise, il y aurait 700 champignons qui posséderaient des propriétés anticancéreuses.
Contre les maux de notre société
Les champignons n’ont pas qu’un rôle de tonique immunitaire. Les recherches asiatiques et américaines ont permis de découvrir leur utilité dans les cas d’hypercholestérolémie ou d’obésité, notamment avec l’oreille de Judas (Auricularia auricula-Judae), mais aussi dans les cas de diabète avec les pleurotes et l’agaric champêtre (ou rosé des prés, l’homologue sauvage de notre champignon de Paris, Agaricus bisporus).
Les champignons pourraient intervenir, au minimum, pour soigner une quarantaine d’affections ou de fonctions organiques. Certains révèlent des propriétés antiallergiques (le jus du champignon de Paris contre l’asthme et le rhume des foins), de toniques des fonctions cérébrales. L’hydne hérisson par exemple accroît la mémoire et permettrait de lutter contre les maladies neurologiques dégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Tandis que d’autres combattent l’asthénie nerveuse ou sexuelle, c’est le cas du cèpe bronzé (Boletus aereus) ; ou luttent contre les troubles uro-génitaux, cystites et urée, comme les lactaires : le délicieux (Lactarius deliciosus) qui colore les urines en rouge, le couleur de suie (L. lignyotus) ou encore le poivré (L. piperatus).
Les champignons sont aussi porteurs d’espoirs pour traiter les maladies cardiaques. Avec le reishi, efficace contre les palpitations, mais surtout le pleurote du panicaut (Pleurotus eryngii), qui est l'un des plus savoureux champignons sauvages, mais aussi le plus rare des pleurotes. Il est lié à une ombellifère, le chardon panicaut, qui n'existe que dans les vieilles prairies non traitées… un terrain en voie de disparition ! Cet excellent champignon, par sa richesse en fibres, en stérols végétaux, en protéines, en oligo-éléments, accompagne les régimes de prévention des maladies cardiovasculaires. Un apport de 4 g de pleurote en poudre sur deux mois ramène au dessous de 40 % le taux de « mauvais » cholestérol dans le sang, soit un résultat rivalisant avec les meilleurs médicaments disponibles. De plus, il renforce l'activité du système immunitaire.
Il n’existe donc pas une mais plusieurs raisons d’aller les ramasser en forêt et de profiter gracieusement de leurs vertus.