Le curcuma, miracle ou mirage ?
Anti-inflammatoire, mais aussi antioxydant, hépato-protecteur et anti-cancer, on attribue de nombreuses propriétés au curcuma. Mais une synthèse d’études parue le 11 janvier dernier dans le Journal of Medicinal Chemistry met en avant l’inefficacité in vivo de la curcumine, molécule active du rhizome. Les auteurs en appellent même à l’arrêt des recherches sur le curcuma. Que faut il en penser ?
Une étude américaine parue dans le Journal of Medicinal Chemistry vient de jeter le trouble quant à l’efficacité du curcuma. Elle pointe, plus exactement, la très faible biodisponibilité de son principe actif : la curcumine. Et conclut que, si les tests in vitro de la curcumine sont satisfaisants, cette molécule est mal absorbée par l’intestin et n’atteint pas le sang en doses suffisantes pour être efficace dans le corps humain.
Pipérine et curcumine
En fait, la problématique est déjà connue. « D’autres études avant celle-ci avaient déjà montré que l’efficacité de la curcumine en laboratoire ne se retrouvait pas dans
les essais cliniques », rappelle Danielle Roux, pharmacienne et rédactrice en chef de la revue La Phytothérapie européenne. C’est pourquoi les recherches se sont d’abord orientées vers le poivre noir, dont un des composants, la pipérine, augmente l’absorption de la curcumine en favorisant la perméabilité intestinale. De nombreux compléments alimentaires l’associent d’ailleurs au curcuma. Mais il semble que les quantités de poivre nécessaires pour que cette synergie soit optimale puissent se traduire par des intolérances alimentaires, des allergies, voire des maladies auto-immunes, en diminuant l’étanchéité de l’intestin.
Curcuma et phospholipides
Une autre solution, facile à mettre en pratique dans sa cuisine, consiste à associer un extrait de curcuma à des phospholipides (molécules de graisse végétale). Le procédé Meriva, qui allie la curcumine à la lécithine de soja, permet ainsi, selon le laboratoire Indena, de multiplier par 29 l’absorption du curcuma.
Enfin, Danielle Roux évoque aussi l’association de la curcumine à des nanoparticules alimentaires. Ainsi, le procédé breveté Novasol est, aux dires du laboratoire, 185 fois plus efficace que la poudre de curcuma seule. C’est pour l’instant la solution la plus efficace pour profiter des bienfaits de la golden spice. Mais elle pose le problème de l’innocuité des nanoparticules...
En tout cas, la remise en cause du curcuma par cette dernière étude américaine doit être relativisée. N’oublions pas les nombreuses études épidémiologiques qui montrent que le curcuma a fait ses preuves, notamment dans le traitement des inflammations et de la maladie d’Alzheimer.