Reine-des-prés : antidouleur royal
Autrefois plante sacrée des druides, la reine-des-prés (Filipendula Ulmaria) tapisse nos campagnes, altière et aromatique. Antalgique et anti-inflammatoire, cette authentique aspirine végétale prend soin de vos articulations. Grande diurétique, elle aide à éliminer tout en douceur.
Avec son port élégant, couronné de blanc, et son odeur raffinée, la reine-des-prés est parfois surnommée « belle des prés » ou « fleur des abeilles ». Plante mellifère de la famille des rosacées, elle se plaît dans les prairies humides, au bord des chemins ou dans les fossés et fleurit de juin à septembre partout en France sauf dans le bassin méditerranéen, trop sec.
Au Moyen Âge déjà, on l’utilise pour ses vertus aromatiques et décoratives mais aussi tinctoriales. Elle parfume les recettes de bières et d’hydromels et donne une coloration jaune vif aux textiles. Censée porter bonheur, on la trouvera longtemps dans les bouquets des mariées.
C’est au milieu du XIXe que cette fleur sauvage commence à se faire connaître pour ses vertus santé, grâce aux travaux de l’abbé Obriat, qui révèle ses propriétés anti-inflammatoires. L’un des noms vernaculaires de la reine-des-prés, « spirée ulmaire », renvoie à ses grappes de fruits, enroulées en hélice. C’est cette forme spiralée qui a aussi donné son nom à l’aspirine. Et pour cause : la reine-des-prés contient de l’acide salicylique. Ce constituant, présent également dans le saule, est précurseur de l’acide acétylsalicylique, qui n’est autre que la substance active de l’aspirine, découverte en 1853 par le chimiste strasbourgeois Charles Frédéric Gerhardt. La reine-des-prés est toujours qualifiée à juste titre d’« aspirine végétale », alors que le médicament commercialisé à la fin du XIXe siècle l’a largement supplantée partout dans le monde.
Traitement de fond contre les rhumatismes
Antalgique naturel et légèrement sédative, la reine-des-prés permet de soulager la fièvre, les douleurs articulaires, musculaires ou dentaires, les rhumatismes, l’arthrose, les tendinites, la goutte ou encore les maux de tête. Associée au cassis, elle constituerait un traitement de fond solide pour lutter contre la maladie rhumatismale chronique. Elle remplace efficacement l’aspirine, permettant du même coup d’en éviter les effets secondaires comme les ulcères et les hémorragies du tube digestif.
Les sommités fleuries de la plante agissent également sur l’élimination. Dépurative et digestive, elle favorise la diurèse, c’est-à-dire le travail des reins et la production d’urine. En augmentant le volume urinaire, elle évacue les excès d’acide urique qui pourrait venir se loger dans les articulations. Son potentiel drainant aide à prévenir les calculs rénaux et les œdèmes. Contre la rétention d’eau et la cellulite, elle s’impose comme un bel allié minceur pour ne pas reprendre du poids à la rentrée. Jean Palaiseul nous dit que « c’est le médicament du tissu conjonctif et de l’adipose ».
Calme les brûlures d'estomac
Rafraîchissante, elle calme le feu de l’inflammation en dilatant les vaisseaux et en tonifiant le cœur tandis que ses tanins protègent le système cardiovasculaire et intestinal. Appréciable pour traiter les diarrhées ! Elle compensera aussi l’acidité du reflux gastrique et des brûlures d’estomac. La plante qui a donné naissance à l’aspirine réparerait donc les lésions provoquées... par une surconsommation d’aspirine. La reine-des-prés possède en outre des propriétés sudorifiques pour faire transpirer et antiseptiques pour traiter l’infection et chasser les bactéries.
La reine-des-prés est sans danger, mais contre-indiquée pour les personnes qui ne supportent pas l’aspirine. Par précaution, elle est déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux jeunes enfants. Nous conseillons de la consommer à distance de la prise de médicaments, car les tanins peuvent interférer avec leur absorption.
Efficace en infusion
En phytothérapie, on utilise les sommités fleuries et les feuilles de reine-des-prés. Elles sont récoltées lors de l’éclosion des fleurs au printemps, puis séchées durant une à deux semaines. Privilégiez une reine-des-prés française, de qualité biologique, idéalement récoltée à la main et séchée à l’air libre. Ou récoltez-la vous-même : sa période de floraison se prolonge souvent jusqu’à la fin août.
Pour la prendre en infusion, on veillera à utiliser une eau chaude, mais pas bouillante (maximum 85 degrés), afin de ne pas détruire les principes actifs fragiles. Très tannique, sa saveur florale laisse place à une âpreté en bouche. On n’hésitera donc pas à l’associer à d’autres plantes, comme la guimauve, parfaite pour les intestins hypersensibles. Il est conseillé d’en boire 3 tasses par jour pour les personnes atteintes de rhumatismes. En cure détox, les gélules ou ampoules de reine-des-prés sont intéressantes, souvent combinées à d’autres végétaux comme le bouleau.
Avec 10 à 15 % de tanins, la reine-des-prés est très astringente. En infusion, elle est le bain de bouche idéal pour les gingivites, les angines ou en hygiène buccale. Rayon cosmétique, on la trouve aussi sous forme de macérats huileux pour tonifier les peaux matures ou relâchées et les pores dilatés. En teinture-mère, la reine-des-prés s’applique directement sur l’articulation douloureuse ou sur un hématome.
En été, elle fait une boisson glacée délicieuse au goût vanillé. Les feuilles, boutons floraux, fruits et fleurs peuvent être utilisés en cuisine pour aromatiser les crèmes desserts et préparations sucrées.
Reconnue pour toutes ces propriétés médicinales, la reine-des-prés figure parmi les 148 plantes de la pharmacopée française en vente libre !