La figue : un fruit gorgé de soleil !
L’été entame tout juste son dernier tiers et certains fruits estivaux commencent à disparaître des étals. Ne nous alarmons pas, il nous réserve encore de belles surprises, à la fois pour la santé et les papilles ! Laissez-moi vous présenter les figues, un fruit qui nous emmène sur les rives de la Méditerranée…
Véritable symbole du paysage méditerranéen, la figue est probablement l’un des fruits les plus anciennement cultivés car des traces datant de 11 400 ans ont été retrouvées dans la vallée du Jourdain. Son caractère prolifique a permis une culture facile et durable chez les Égyptiens, les Perses, les Grecs mais aussi les Romains. En France, les premières figues fraîches apparaissent sur les marchés de la capitale au XIVe siècle. D’abord confidentielle, elle jouit ensuite d’une grande renommée grâce à Louis XIV qui en raffolait : c’est ainsi que furent plantés plus de 700 figuiers dans le potager du roi, au château de Versailles.
Aujourd’hui, le Var fournit plus de la moitié de la production nationale, avec notamment la violette de Solliès variété qui bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée. À noter, la figue est un faux-fruit : il s’agit d’une infrutescence issue de la transformation du réceptacle floral qui devient charnu. Les véritables fruits sont en réalité les akènes qui craquent sous la dent et que nous prenons pour des petites graines.
Deux sortes de fibres
La saison des figues s’étale de juin à début novembre. La fructification dépend de la variété : certaines ne donnent des fruits qu’une fois par an, en automne ou en été. D’autres permettent deux récoltes à l’année. Classiquement, on distingue les figues blanches, qui ont une peau vert pâle à jaune et une pulpe plutôt rose, et les figues colorées, qui arborent une robe allant du rouge violet au brun noir, leur pulpe étant d’un rouge grenat plus ou moins foncé. La plus connue des blanches étant la figue de Marseille, à la saveur douce et mielleuse, que l’on récolte souvent en septembre, ou la blanche d’Argenteuil, qui arrive à maturité en juillet et en septembre. Les plus connues des colorées sont la violette de Solliès, un gros fruit très parfumé, la noire de Caromb, à maturité début juillet et fin août, la sultane, que l’on récolte début juillet et à l’automne, et la figue de Bordeaux.
Blanche ou colorée, c’est un véritable atout santé. En effet, la figue fraîche est un fruit moyennement calorique avec seulement 67 kcal au 100 g, (environ 25 kcal pour un fruit de taille moyenne). L’essentiel de sa valeur énergétique provient de sa teneur en glucides (13,4 g) car elle contient très peu de protéines (1,3 g) et de lipides (0,3 g). Il s’agit essentiellement de glucose et de fructose qui sont des sucres simples. Toutefois, le fructose a l’avantage d’être un sucre à assimilation lente car il a un index glycémique faible ce qui lui confère un impact très modéré sur la glycémie. En outre, sachez que le taux de glucides varie entre 9 et 18 g en fonction de la maturité mais surtout de l’ensoleillement dont a bénéficié le fruit. Un encas satisfaisant, d’autant plus qu’elle est riche en fibres alimentaires (2,3 g au 100 g) qui favorisent durablement la satiété. Mais c’est surtout au niveau de la répartition des types de fibres qu’elle est intéressante : on retrouve environ 30 % de fibres solubles qui interviennent dans l’absorption des glucides et participent à la stabilisation de la glycémie ; on évite donc le « coup de barre » de la fin de matinée. Les 70 % restant sont des fibres insolubles qui fixent l’eau et ont un pouvoir de gonflement important ce qui va stimuler le transit de façon douce et non agressive pour la muqueuse intestinale. C’est un excellent moyen de prévenir le cancer du côlon. Une bonne façon de démarrer la journée consiste à manger quelques figues au petit-déjeuner. Côté vitamines, si la figue fournit peu de vitamine C (2 mg), elle est intéressante pour sa teneur en vitamines du groupe B. Riche en vitamine B1 (30 µg) et B3 (400 µg), la figue favorise le métabolisme énergétique puisque la B1 participe à la production d’énergie alors que la B3 en permet la libération selon les besoins de l’organisme. On trouve également une belle quantité de vitamine B5 (220 µg) qui participe à la santé de la peau et des cheveux mais aussi au bon fonctionnement du système nerveux. Fait intéressant, la figue est un cocktail antistress : la vitamine B6 (80 µg) permet la synthèse de la taurine, reconnue comme ayant une action calmante, et indispensable à la synthèse de la sérotonine, un neurotransmetteur qui régule le cycle veille-sommeil. Dernier point, elle facilite l’assimilation du magnésium que l’on retrouve également dans la figue fraîche à hauteur de 15 mg. Ce dernier étant considéré comme un antistress à part entière, il a en outre un rôle important dans la qualité du tissu osseux car il favorise l’absorption du calcium par l’os. Hasard ou non de la nature, la figue est riche en calcium (38 mg). Et on ne s’arrête pas là car la figue contient aussi une variété de minéraux et d’oligo-éléments : fer, cuivre, zinc, iode, manganèse, phosphore, mais surtout du potassium (200 mg) qui intervient dans la régulation de la pression artérielle et prévient les crampes et les courbatures.
Figue et autre barbarie
La Méditerranée accueille une autre figue, la figue de Barbarie. Ces fruits ne sont apparentés que par leur nom : il s’agit d’espèces botaniques différentes. Les Arabes nommaient le fruit du figuier de Barbarie « la figue du chrétien » car ce sont les Espagnols qui l’implantèrent dans la province d’Oran. Elle est en réalité originaire du Mexique et fut rapportée en Andalousie lors de la conquête espagnole : il s’agit du fruit de l’oponce (Opuntia ficus-indica), de la famille des Cactées, d’où son surnom de « poire cactus ». Son nom fait référence à l’ancienne ville grecque d’Oponte, qui viendrait du terme opos désignant un suc végétal (latex) et peut-être de Pline qui rapporte dans son « Historia naturalis » que l’oponce poussait à proximité de cette ville.
Vitamine B9 et iode
Hérissé de courtes épines dont il faut se méfier, le fruit renferme une pulpe savoureuse et rafraîchissante. Peu calorique (54,7 kcal au 100 g), elle contient beaucoup d’eau (83 g) et une bonne quantité de glucides (10,1 g). Sa teneur en fibres alimentaires est très intéressante (4,3 g) : on pourra donc la consommer lors d’une monodiète dans le cadre d’un drainage de l’émonctoire intestinal. On notera la présence de vitamine C (8 mg), de provitamine A (60 µg) et de vitamine B9 (8 µg) qui joue un rôle majeur dans la synthèse des globules rouges, de l’ADN et de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine. La figue de Barbarie nous offre de bonnes concentrations en oligo-éléments : de l’iode nécessaire à la fabrication des hormones thyroïdiennes mais aussi à la fonction cardiaque, du fer et du zinc (700 µg). Ce dernier participe au bon fonctionnement du système immunitaire, du système nerveux et intervient dans le processus de cicatrisation. Consommer quelques figues de Barbarie en cas de fatigue passagère ou lors d’une convalescence vous aidera à récupérer. Le zinc est en outre un excellent antioxydant. Côté minéraux, elle n’est pas en reste puisque l’on retrouve du magnésium (85 mg), du potassium (229 mg) et du phosphore (24,5 mg), qui forme un duo indissociable avec le calcium (43 mg), permettant ainsi la construction et la consolidation des os.
Fortes de cette richesse nutritionnelle, ces deux figues répondent aux besoins de tous : enfant comme adulte, sportif comme femme enceinte ou allaitante, tout en nous régalant de leur saveur douce et peu commune.