Préserver son microbiote intestinal grâce aux huiles essentielles
S’il y a bien un sujet qui n’échappe pas aux huiles essentielles, c’est bien le domaine de l’infectiologie et de la lutte contre les microbes. L’utilisation des antibiotiques conventionnels est sous la surveillance rapprochée de l’OMS, qui a lancé une alerte sanitaire internationale quant à leur manque croissant d’efficacité. L’aromathérapie offre une solution.
Cette fois, l’OMS a lancé une alerte mondiale pour évoquer l’augmentation de la résistance aux antibiotiques de douze familles de super-bactéries. Ne cachant pas son inquiétude pour l’avenir, l’organisation encourage donc la recherche de solutions alternatives. Antibiotiques, mais aussi antiparasitaire et antifongiques sont de moins en moins efficaces. On constate ainsi de plus en plus de pathologies infectieuses, initialement anodines, devenues traînantes, voire incurables, ainsi que des infections nosocomiales sans traitement curatif. Fait étonnant, ces infections parfois mortelles sont dues bien souvent à des germes appartenant aux flores de protection, naturellement présentes chez l’être humain (dans les intestins, sur la peau). Par exemple, la bactérie intestinale commune, la Klebsiella pneumoniæ, peut provoquer des infections mortelles (pneumonies, septicémies) et sa résistance s’est propagée dans le monde entier.
État d’urgence
Escherichia coli, hébergée dans la lumière intestinale, entraîne des infections urinaires parfois récalcitrantes, le risque de complication en pyélonéphrite pouvant être fatal. Le Staphylococcus aureus est responsable de bon nombre d’infections nosocomiales. L’ensemble de la population l’héberge pourtant communément et sans avoir de symptôme. Alors, comment cet état d’urgence sanitaire a-t-il pu se mettre en place ?
Les bactéries ont précédé l’apparition de l’homme et lui ont permis sans aucun doute de s’épanouir en parfait équilibre avec son environnement. Elles siègent chez l’être humain au niveau de toutes les interfaces qui le séparent de son environnement, comme la peau, les intestins, la bouche, le vagin et même les parois des voies respiratoires. Elles créent un bouclier immunitaire, à l’image d’un système de « micro-vaccination » permanent. Au nombre de 1014, elles sont hautement hiérarchisées entre bactéries dominantes et minoritaires.
Il y a aussi un champignon, hôte habituel de la lumière intestinale, le Candida albicans, qui devient pathogène et prolifère lorsque l’écosystème perd son équilibre. C’est aussi le cas après l’utilisation, même ponctuelle, de médicaments antibiotiques. Ils ont pour effet secondaire systématique une baisse immunitaire associée à une altération du microbiote avec troubles du transit et de l’appétit, diarrhées et mycoses. On sait aujourd’hui que leur utilisation répétée nuit à l’état de santé du sujet et renforce les microbes pathogènes qui s’adaptent par mutations génétiques.
Tireurs d’élite
Ce microbiote est bien le socle de la santé. Fabrication d’anticorps, équilibre immunitaire et métabolique, sécrétion de neuromédiateurs impliqués dans l’équilibre psychique et nerveux, synthèse de vitamines : autant de fonctions nécessaires à l’homéostasie et qui incombent à cet écosystème bactérien intestinal. À la différence des médicaments antibiotiques (littéralement « contre la vie »), les huiles essentielles (HE) ont toutes des propriétés eubiotiques (« favorables à la vie »). Il faut savoir que l’essence que l’on prélève de la plante par la distillation a pour fonction de la protéger contre ses prédateurs et de lui permettre de s’auto-réparer. Ainsi, la distillation externalise en quelque sorte ce système immunitaire anti-infectieux tout en le concentrant pour le mettre au service de la santé humaine.
Il existe ainsi un large panel de molécules aromatiques anti-infectieuses. Mais seulement un petit nombre sont considérées comme des « tireurs d’élite » : le thymol (dans l’HE thym ct thymol et ajowan), le carvacrol (dans l’HE origan compact et sarriette des montagnes), eugénol (HE clou de giroflier, cannelle Ceylan feuilles) et cinnamaldéhyde (HE cannelle Chine rameaux feuillés, et cannelle Ceylan écorce). Ces quatre molécules aromatiques, (appartenant aux phénols et aux aldéhydes aromatiques), sont à la fois antibactériennes (sur les bactéries pathogènes), antivirales, antifongiques et antiparasitaires. Au moins deux de ces HE devront être présentes dans la synergie destinée à traiter l’infection. Autre avantage des HE, elles n’ont jamais porté préjudice à un bouclier de santé aussi important que le microbiote intestinal, même celles qui sont les plus puissantes. Bien au contraire, elles le réordonnancent, le débarrassent des pathogènes et le réharmonisent.
Précautions à prendre
Lorsque l’organisme est sous l’emprise d’un microbe pathogène, quelle que soit sa nature, il est important de toujours garder à l’esprit que ce germe peut se renforcer lorsqu’il est attaqué, même au contact des HE. Il y aura donc toujours plusieurs précautions à prendre.
Tout d’abord, respecter la durée des protocoles : au moins 6 jours et pas plus de 10 jours lorsqu’ils contiennent des phénols. On cherche aussi à optimiser le spectre antimicrobien en multipliant le nombre d’HE dans la synergie. Ainsi, des HE riches en phénols seront associées à des HE riches en géraniol, terpinène 1-ol 4, linalol ou encore thujanol, permettant de travailler de façon complémentaire sur le germe, le terrain immunitaire, le système nerveux et le foie. Quant à l’HE de tea tree, reconnue pour ses propriétés anti-infectieuses tant sur le plan bactérien que viral ou fongique ou même parasitaire, est incontournable. On l’utilisa dès 1922, bien avant l’arrivé es premiers antibiotiques de synthèse. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fait partie de la trousse à pharmacie de l’armée australienne.
Une autre, un peu plus dans l’ombre, est celle de Palmarosa, magnifique immunitaire, la plus riche en géraniol et la plus antifongique. L’origan kaliteri, riche en thujanol, est protecteur du foie, comme un garde-fou par son soutien pour cet organe maître, en pleine lutte infectieuse. Le thym ct thymol a la réputation de tous les thyms, celle d’être immunostimulant et anti-infectieux. Le choix d’au moins trois de ces HE précédemment citées est donc vivement conseillé.
Après une infection traitée par les HE, le sujet se donne donc toutes les chances de combattre le germe, il gagne une meilleure immunité pour sa convalescence, et éradique le Candida albicans. En résumé, cet épisode infectieux a été constructif et rééquilibrant.
Formule antibiotique
Par Aude Maillard, aromathérapeute
Il est vivement conseillé d’associer à chaque traitement antibiotique prescrit un protocole aromatique à large spectre, comme celui proposé . Cela permet d’élargir le champ d’activité de l’antibiotique en ciblant de manière plus pertinente la bactérie pathogène, mais aussi de minimiser les risques de complication par la baisse immunitaire et la dysbiose intestinale, en contenant le Candida albicans et autres mycoses.
Propriétés : bactéricide, virucide, fongicide, immunostimulant et tonique général.
Indications : tous types d’infection bactérienne virale ou fongique nécessitant un traitement anti-infectieux (en complément des médicaments antibiotiques ou antifongiques) : baisse d’immunité, fatigue générale, perturbation de la flore digestive (dysbiose intestinale) ou troubles de la digestion.
Ingrédients :
- HE tea tree (Melaleuca alternifolia) : 3 ml
- HE thym vulgaire à Thymol (Thymus vulgaris CT thymol) : 3 ml
- HE origan kaliteri (Origanum vulgare kaliteri) : 3 ml
- HE cannelle de Chine (Cinnamomum cassia rf) : 3 ml
- HE palmarosa (Cymbopogon martinii) : 3 ml
- HV nigelle : QSP 50 ml
Préparation : prendre un flacon vide en verre teinté de 50 ml muni d’un compte-gouttes capillaire, y verser les huiles essentielles selon les quantités indiquées, compléter jusqu’en haut du flacon avec l’HV de nigelle, refermer et agiter.
Voie orale : acheter (sur internet ou en pharmacie) des gélules vides (gélatine végétale type pullulane) taille 0 (adulte) ou taille 2 (enfant de plus de 7 ans), et préparer les gélules pour la journée. Prendre 1 gélule 8 fois par jour le premier jour et le deuxième. Diminuer à 6 fois par jour le troisième jour, à 5 fois le quatrième, à 4 fois le cinquième et finir à une gélule à chaque repas pour faire 10 jours de protocole. S’il est impossible de se procurer des gélules on peut à la rigueur déposer 1 goutte de la synergie antibiotique sur un peu de mie de pain, bien la compacter et l’avaler rapidement avec un peu d’eau fraîche.
Contre-indications : enfants de moins 7 ans, femmes enceintes et allaitantes, insuffisance hépatique.
Précautions d’emploi : respecter les posologies, les recommandations d’utilisation (en gélule) et la durée de protocole (minimum 6 jours et maximum 10 jours).
L’aromatogramme pour sortir de l’impasse
Lorsque les traitements antibiotiques médicamenteux échouent face à des problèmes infectieux dus à des germes opportunistes, bien souvent, ce ne sont pas les HE anti-infectieuses les plus puissantes qui sont efficaces mais plutôt des HE dites de terrain. En effet, ces infections sont en général une réponse à une baisse immunitaire qui laisse s’exprimer des germes saprophytes, normalement inoffensifs. Leur maîtrise échappe aux commandes classiques du système immunitaire et le sujet exprime alors une infection. Par exemple, le staphylocoque doré se traduit par une folliculite. Dans ces cas particuliers, il est vivement recommandé, pour ne pas perdre de temps, de procéder à un aromatogramme. Cet examen permet de mettre en culture le germe en question et de tester sa sensibilité sur plusieurs HE. Parfois, les résultats sont surprenants : l’aromatogramme, peut conclure à la recommandation de l’HE de petit grain bigaradier, de cyprès de Provence, ou de basilic tropical. L’aromatogramme permet donc d’établir le protocole le plus adapté pour sortir de l’impasse, de personnaliser le traitement et aussi de faire connaissance avec les HE les plus rééquilibrantes et restauratrices de l’état de santé pour le sujet malade.
Recommandations d’usage des HE anti-infectieuses majeures
L’utilisation des HE contenant des molécules antibiotiques doit respecter certaines règles.
Les réserver à des circonstances exceptionnelles de symptomatologie et/ou de risque vital. En effet, on constate que les HE les plus puissantes antibiotiques à base d’eugénol, carvacrol, thymol ou aldéhydes aromatiques (citées dans l’article) sont aussi les plus irritantes pour la bouche et la peau, et les plus compliquées à métaboliser par le foie.
Ne pas les mettre en bouche (même avec de l’huile végétale ou du miel) c’est-à-dire que la voie sublinguale est contre-indiquée. Ces HE ne s’utilisent pas non plus sur la peau, elles sont dermocaustiques.
La voie d’administration la plus sécurisante est la forme gélule à avaler, c’est-à-dire la voie orale (qu’il ne faut surtout pas confondre avec la voie sublinguale). Pour se prémunir contre leur hépatotoxicité, la durée de protocole ne devra pas dépasser une dizaine de jours. Leurs doses sont dégressives (comme indiqué dans la formule) et le protocole peut être complété par la prise d’une HE hépato-protectrice comme celle de citron jaune (zeste) : trois gouttes trois fois par jour à mettre en bouche pendant la durée du traitement.