Sciatique : soulager la douleur avec les huiles essentielles

Vous ressentez une douleur qui part du bas du dos, descend le long de la fesse, de la cuisse et du mollet jusqu’au gros orteil ? Il s’agit sans doute d’une sciatique, qui est liée à la compression, l’inflammation voire la lésion du nerf qui parcourt ce trajet : le nerf sciatique. Ce dernier, qui assure la sensibilité de la jambe et du pied, ainsi que la flexion de la jambe et de la cheville, est le nerf le plus volumineux de l’organisme, dont les racines prennent naissance au niveau de la moelle épinière (les nerfs spinaux). Lorsque les fibres de ces nerfs localisées près des vertèbres lombaires L4 et L5 ou des vertèbres spinales S1 à S3 sont comprimées, une douleur est susceptible d’irradier tout le long du nerf sciatique.

Dans plus de neuf cas sur dix, la sciatique est due à une hernie discale (un disque intervertébral déplacé) qui comprime le nerf sciatique et provoque une inflammation dans le bas du dos. Mais elle peut aussi avoir d’autres origines. D’après Anthony Touboul, pharmacien au sein d’un laboratoire d’aromathérapie, formateur et coauteur du Guide Terre vivante des huiles essentielles, « l’arthrose lombaire, une lombalgie chronique, un mouvement brusque associé à une torsion du tronc ou un rétrécissement du canal lombaire lié à l’âge peuvent aussi provoquer cette douleur ». En fonction de la zone lombaire ou vertébrale touchée, la sciatique irradiera tout le long du trajet nerveux ou se localisera uniquement au niveau de la fesse ou de la cuisse. Parfois, elle s’exprimera par des fourmillements ou une faiblesse musculaire dans la jambe et le pied.

Certains facteurs favorisent la sciatique, tels que le port de charges lourdes, la grossesse et le surpoids qui impliquent des postures pouvant à la longue comprimer le canal dans lequel passe le nerf sciatique, une musculature du dos insuffisante, la position assise prolongée ou encore la sédentarité. La douleur étant accentuée par la position assise, on aura tendance à la soulager en partie en posture allongée ou en engageant la ceinture abdominale (voir encadré p. 34).

Si la douleur est supportable, il est quand même possible de poursuivre ses activités avec douceur. En revanche, si la sensation douloureuse est intense et « qu’elle s’accompagne de fièvre, de malaises, de brûlures lors de la miction ou d’une diminution de la sensibilité d’une partie de la jambe, il faut consulter un médecin en urgence car ce sont des critères de gravité », prévient le pharmacien.

En fonction de ses origines, la sciatique peut disparaître spontanément en quelques semaines (deux à quatre), mais elle a souvent tendance à réapparaître. Dans les cas les plus sévères (hernie discale, lombalgie chronique, etc.) « le recours à la chirurgie est parfois le seul moyen de la guérir ».

En allopathie, qu’elle soit légère ou sévère, le traitement de la sciatique est symptomatique, avec une prescription d’antalgiques à base de paracétamol (ou de molécules plus puissantes selon l’intensité de la douleur), d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et, si nécessaire, de myorelaxants en cas de contractures musculaires. Or, on le sait désormais grâce aux publications scientifiques sur le sujet, certaines huiles essentielles possèdent des molécules à effet antalgique, anti-inflammatoire ou myorelaxant efficaces. Pourquoi ne pas essayer de soulager la sciatique par le biais de l’aromathérapie et de limiter ainsi la prise médicamenteuse ?

Prise en charge de la douleur

Parmi les huiles essentielles antalgiques, il y a la bien connue gaulthérie couchée, de plus en plus présente dans les baumes relaxants ou antidouleur vendus sur le marché. « Si l’on ne devait en utiliser qu’une, ce serait celle-ci ! C’est l’huile essentielle centrale de la douleur, à conseiller lors d’une première manifestation de sciatique ».

À base de salicylate de méthyle, un ester à l’action antalgique, elle contribue à atténuer une douleur musculaire ou articulaire localisée et l’inflammation. « On ne peut pas agir directement sur le nerf sciatique avec les huiles essentielles, mais en détendant la contraction musculaire conséquente à la compression ou l’inflammation du nerf, on agit de façon globale sur la douleur », explique l’expert en aromathérapie. Seule ombre au tableau, cette HE présente de nombreuses contre-indications. Elle peut néanmoins être remplacée par une autre huile essentielle aux propriétés similaires avec peu de précautions d’emploi : celle d’eucalyptus citronné. Dans le cas d’une première sciatique ou d’une sciatique qui se réveille de temps en temps, Anthony Touboul recommande de masser localement la gaulthérie (ou l’eucalyptus citronné) avec deux autres HE antalgiques et anti-inflammatoires : celles de romarin à camphre (une molécule très antalgique) et de genévrier commun, toutes deux diluées dans une huile végétale afin d’éviter une irritation cutanée.

Relaxer le dos et le système nerveux

Mais bien souvent, une sciatique qui se manifeste de façon récidivante peut s’aggraver par une raideur dans le bas du dos. « La réaction naturelle du corps lors d’une sciatique qui se répète est de se pencher en avant pour immobiliser les muscles lombaires afin de ne pas créer de douleur supplémentaire », explique Anthony Touboul. Résultat, les muscles du dos se tendent, se contractent et l’on finit par perdre en mobilité. « En cas de dos bloqué lié à la sciatique, la prise de médicaments anti-inflammatoires devient souvent quotidienne et peut générer des effets secondaires délétères ». Pour diminuer ou éviter leur recours, le pharmacien vante les atouts d’un massage aromatique. Il cite pour ce faire l’HE d’ylang-ylang qui, de par sa teneur en esters et en sesquiterpènes, se montre antalgique localement tout en induisant un soulagement psychique par le biais de l’olfaction. « L’odeur suave et fleurie de cette HE détourne l’attention portée à la douleur, ce qui a tendance à réduire son intensité. C’est un parfum qu’on aime ou pas, mais qui a la capacité de nous faire lâcher prise ». Autre huile essentielle dotée de cette double action : l’HE de petit grain bigarade qui, grâce à ses esters, induit une détente autant psychique que physique. En synergie avec l’indispensable gaulthérie, cette formule est à tester lorsque la sciatique devient invalidante. Elle jouera aussi bien sur les muscles que sur le système nerveux.