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Abcès cutanés  : la bonne stratégie anti-infectieuse

Abcès cutanés  : la bonne stratégie anti-infectieuse

Les infections cutanées sont un motif de consultation très courant. Or, contre les panaris, folliculites ou furoncles, la puissance antibactérienne des huiles essentielles s'avère très efficace. Suivez nos conseils pour les détecter, puis agir vite et avec détermination dès les premiers symptômes.

Il suffit d’une piqûre d’insecte ou d’une écharde plantée sous la peau pour déclencher un petit abcès cutané. En fait, toute peau abîmée par une lésion, la présence d’un corps étranger (épine, écharde, fil chirurgical…) ou un frottement trop intense peut être source d’infection, car ces brèches sont des portes d’entrée à différentes bactéries, dont le staphylocoque doré et certains streptocoques. Selon la Société française de dermatologie, ces bactéries sont le plus souvent responsables des différents types d’infections cutanées.

Lorsque l’inflammation touche la racine du poil (le follicule pileux), suite notamment à un poil incarné qui pousse sous la peau, on parle de folliculite. Elle se manifeste sur divers endroits du corps (torse, dos, fesses, aine, visage…) par un petit bouton rouge, centré autour du poil et non douloureux. Si l’infection bactérienne devient plus aiguë, plus profonde et nécrose la racine du poil, la folliculite dégénère en furoncle. La douleur augmente alors, ainsi que la taille de la zone enflammée. Celle-ci devient chaude et dense au toucher avant de laisser poindre une tête blanc-jaune (bourbillon) par laquelle s’écoulera le pus. Si l’abcès se déclare au niveau du doigt ou de l’orteil (pourtour de l’ongle), il s’agit alors d’un panaris. L’inflammation produit une tuméfaction rouge, chaude et douloureuse. Non traité, le panaris tourne à l’abcès purulent.

Identifier les risques

Certains facteurs peuvent contribuer à l’apparition de telles infections cutanées. « Il y a des problématiques de frottements liés à la pratique sportive et au port de chaussures qui occasionnent des microlésions et des panaris », explique Alexia ­Blondel, spécialiste et formatrice en aromathérapie, auteure de Ma boîte à outils des huiles essentielles (éd. Dunod). De même, se raser ou s’épiler de manière intensive finit par traumatiser et fragiliser l’épiderme, engendrant un risque de furoncle. Tout comme une mauvaise hygiène corporelle ou vestimentaire peut générer une macération, propice à la prolifération des bactéries. En outre, s’arracher les petites peaux autour des ongles, les ronger ou au contraire négliger de les couper correctement favorise les panaris. De manière moins courante, les abcès peuvent aussi survenir à l’issue d’une opération chirurgicale, même longtemps après : « J’ai vu une patiente déclencher une inflammation sous-cutanée impressionnante un an après sa césarienne, à l’endroit de la cicatrice, car un bout de fil résorbable était resté en place et son organisme voulait faire sortir ce corps étranger », témoigne Alexia Blondel.

Contrer les bactéries avec les terpénols

Folliculites, furoncles, panaris, ces manifestations inflammatoires cutanées ont un point commun : elles signalent que le corps se défend contre une infection. C’est là où l’aromathérapie peut intervenir à bon escient en première intention : « On sait traiter depuis longtemps ces pathologies, dans leur forme bénigne, avec des huiles essentielles qui fonctionnent très bien en voie locale sur le côté infectieux », souligne Alexia Blondel. On va utiliser en application cutanée une synergie d’huiles essentielles (HE) riches en terpénols, « une famille biochimique efficace pour contrer les bactéries et très bien tolérée sur la peau ». Elles vont agir sur plusieurs axes : l’arbre à thé est particulièrement indiqué ici car sa teneur en terpinéol-4 lui confère...

de larges propriétés anti-infectieuses. On lui associera du géranium rosat, contenant des alcools monoterpéniques (citronellol, géraniol, linalol), qui a démontré scientifiquement sa capacité à inhiber le staphylocoque doré. Un choix pertinent face à cette bactérie, responsable de la plupart des infections cutanées, mais aussi résistante aux antibiotiques ! Enfin, on complète cette formule avec de l’HE de lavande aspic. Outre ses propriétés anti-infectieuses et cicatrisantes, « celle-ci a un effet antalgique important grâce à sa teneur en cétones (camphre) », précise Alexia Blondel. Toutefois, les cétones étant contre-indiquées aux enfants avant 7 ans, aux personnes épileptiques et aux femmes enceintes et allaitantes, l’experte la remplace dans ces cas-là par de la lavande vraie.

Tout l’intérêt de la formule antibactérienne détaillée ci-dessus est d’agir sur différents types d’abcès cutanés : « Sa puissance d’action permet habituellement de juguler sous deux à trois jours les infections et de soigner les formes classiques de furoncles et de panaris », constate la spécialiste. À condition de commencer le traitement dès les premiers signaux d’inflammation, ce qui nécessite de « s’inspecter régulièrement, même dans les endroits moins accessibles comme le dos, et de surveiller de près l’apparition de poils ou d’ongles incarnés car ils peuvent vite s’infecter ». Face à un début d’abcès, avec la peau plus rouge, chaude et un peu douloureuse, il faut d’abord nettoyer la zone à l’eau et au savon afin d’éliminer un maximum de bactéries, puis désinfecter. Ensuite, on se lave les mains avant d’appliquer avec un doigt 2 à 3 gouttes de la formule aromatique sur l’endroit concerné. Pour que ce soit efficace, Alexia Blondel recommande de renouveler cette application 4 à 6 fois par jour si l’abcès reste à l’air libre, ou bien 2 fois dans la journée s’il est recouvert d’un pansement. Auquel cas, on verse les gouttes sur une compresse stérile que l’on pose sur l’endroit infecté, avant de placer le pansement par-dessus. Une méthode pertinente, car « la compresse imbibée diffuse en continu l’action des huiles essentielles tandis qu’elles sont plus volatiles à l’air libre, ce qui oblige à en remettre plus souvent ».

Ma formule anti-infections cutanées

Par Alexia Blondel, formatrice en aromathérapie clinique

Propriétés : Anti-infectieuse, antalgique, cicatrisante

Indications : Abcès cutané, folliculite, furoncle, panaris

Voie locale

  • HE de lavande aspic Lavandula latifolia 25 gouttes
  • HE d’arbre à thé Melaleuca alternifolia 25 gouttes
  • HE de géranium rosat Pelargonium x asperum 25 gouttes
  • Macérat huileux de calendula QSP 30ml

Précautions d’emploi : Du fait de la présence de lavande aspic, la synergie ci-dessus est contre-indiquée pour les enfants de moins de 7 ans, les personnes épileptiques, les femmes enceintes et allaitantes.

Fabrication : pour les adultes et les enfants de plus de 7 ans  Dans un flacon en verre teinté de 30 ml, verser les HE puis compléter avec le macérat huileux. Mélanger après avoir refermé le flacon.

Pour les enfants de plus de 3 ans et adultes épileptiques : Remplacer l’huile essentielle de lavande aspic par de la lavande vraie, qui ne contient pas de camphre.

Posologie : Dès les premiers signes d’inflammation, appliquer 1 à 3 gouttes (selon la taille de la zone) directement sur l’endroit concerné s’il est à l’air libre, et masser doucement pour faire pénétrer. Si la zone est couverte par un pansement, verser 1 à 3 gouttes du mélange sur une compresse stérile, la placer sur l’endroit enflammé et poser le pansement par-dessus. Faire 4 applications par jour si la zone est à l’air libre, ou 2 applications par jour en présence d’un pansement. À effectuer 3 jours de suite, puis espacer les applications selon amélioration.

1 ml = 25 gouttes HE = huile essentielle HV = huile végétale QSP = quantité suffisante pour

Attention à la surinfection

Au bout de deux à trois jours de traitement, on doit constater une évolution de l’abcès. Un furoncle ou un panaris peut gonfler un peu plus au début, sans que ce soit mauvais signe. Selon l’experte, on le soulagera avec un cataplasme de pâte d’argile verte, en couche épaisse, par-dessus la formule aromatique. Mais rapidement, l’état inflammatoire doit se résorber avec moins de douleur, de tension et de rougeur sur le panaris. Quant au furoncle, il va mûrir jusqu’à évacuer naturellement sa poche de pus avant de s’assécher. Il ne faut surtout pas le percer soi-même, car on risque une surinfection et des cicatrices irréversibles. Si le furoncle a du mal à percer, Alexia Blondel conseille cette astuce confiée par des infirmières qu’elle a formées en aromathérapie : « On place sur l’abcès un lis blanc auparavant macéré dans l’alcool pour hâter la maturation du furoncle. » Ce remède permet également de faire remonter à la surface une écharde ou un corps étranger. Une fois l’infection maîtrisée, elle propose de poursuivre durant dix jours les applications de ces huiles essentielles en les espaçant car « leurs propriétés cicatrisantes vont aider à resserrer les tissus et limiter les marques visibles ».

Faire maturer les abcès

Le lis blanc possède des propriétés anti-inflammatoires grâce à sa teneur en stéroïdes et glycosides stéroïdiens. Ses pétales, macérés dans l’alcool, sont souvent utilisés en cataplasme pour hâter la maturation d’un abcès, d’un furoncle ou faire remonter un corps étranger sous-cutané (écharde, épine, fil chirurgical).

Ingrédients : Une bonne poignée de pétales de lis blancs frais (non flétris et sans pesticides), alcool à 70 degrés (en pharmacies).

  1. Déposer les pétales frais entiers dans un bocal de verre à fermeture hermétique.
  2. Ajouter l’alcool à 70 degrés jusqu’en haut du récipient, en recouvrant généreusement tous les pétales. Fermer et laisser agir au minimum 2 mois. Conserver à l’abri de la lumière.
  3. Lorsque les pétales deviennent translucides, c’est le signe que la préparation est prête à l’emploi. Entreposer le bocal dans votre armoire à pharmacie afin de l’avoir sous la main.

Mode d’emploi : Sortir un pétale de lis du bocal en l’égouttant et le déposer directement sur l’abcès ou le furoncle. On peut l’appliquer seul ou après avoir enduit la zone d’une synergie d’huiles essentielles anti-infectieuses. Maintenir en place jusqu’au lendemain à l’aide d’un pansement. Ce remède pique un peu, mais donne des résultats probants.

En revanche, en cas de fièvre, de gonflement durable ou de douleur plus intense, il est impératif de consulter rapidement un médecin. En effet, si les complications sont rares, elles peuvent s’avérer graves. Une surinfection d’abcès non traitée peut ainsi s’étendre, via la circulation sanguine, à tout l’organisme jusqu’à provoquer une septicémie. De même, Alexia Blondel alerte sur les furoncles et panaris qui récidivent trop souvent : « Il faut pousser l’investigation plus loin avec des spécialistes car ces symptômes peuvent être des signes de pathologies plus graves. » De fait, selon la Société française de dermatologie, les personnes sujettes au diabète, à l’obésité ou présentant des déficits immunitaires sont plus susceptibles de déclencher ce type d’infections bactériennes cutanées. Dans le cas d’abcès à répétition, les recommandations officielles préconisent une prise en charge médicale et la prescription d’une antibiothérapie ciblée.

Prévenir les risques

  • Nettoyer à l’eau et au savon les plaies, même légères.
  • En cas de plaie, éviter de porter des vêtements synthétiques.
  • Bien hydrater la peau, car les tiraillements peuvent causer des microlésions.
  • Après le rasage ou l’épilation, désinfecter la peau car cette irritation peut générer des furoncles au niveau de la barbe, du pubis ou des aisselles.
  • Couper ses ongles régulièrement et pas trop court.
  • Les furoncles sont contagieux : se nettoyer les mains régulièrement et laver le linge en contact direct à plus de 60 °C.
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