Quand l'aroma s'invite en réanimation

Avec ses seize lits destinés à des patients qui sortent d’une chirurgie, une détresse respiratoire suite à un choc infectieux ou un choc septique, le service réanimation de l’hôpital de Saintes prend en charge les adultes présentant une pathologie grave menaçant les fonctions vitales. Depuis cinq ans, les huiles essentielles (HE) servent à apaiser psychologiquement et réduire les nausées, les troubles du sommeil et l’inconfort sensoriel lié aux odeurs des patients qui y séjournent. « Le mot “réanimation” est inquiétant, beaucoup de patients qui entrent dans ce service sont dans l’appréhension. C’est un environnement anxiogène car il peut y avoir beaucoup de soignants qui agissent dans l’urgence autour de soi, on voit des seringues, un respirateur s’il y a besoin d’assistance… », expose l’infirmière Corinne Sourzat, qui travaille depuis vingt-deux ans dans cet hôpital.

Dans un tel contexte, la soignante juge opportun de proposer le recours à l’aromathérapie afin de rendre le séjour des patients plus confortable, « d’autant que les anxiolytiques sont peu utilisés en réanimation ». Inspirées par le service de réanimation de l’hôpital de La Rochelle qui proposait déjà des protocoles aromatiques, Corinne Sourzat et Laurie Marché présentent en 2019 un projet accompagné de preuves scientifiques sur les bienfaits de l’aromathérapie. Ouverte à ce type d’expérience, la hiérarchie donne son accord pour des protocoles olfactifs, tout comme les médecins réanimateurs. « Associer les huiles essentielles au bien-être et non au médical a facilité la validation des médecins et de l’établissement », se rappelle Corinne Sourzat. Si bien qu’un an plus tard, après une formation du personnel dispensée par Alexia Blondel, spécialiste des HE en milieu hospitalier, l’aroma est lancée à Saintes. « On voulait être formés pour prodiguer des soins de qualité en toute sécurité ». Une trentaine de soignants en ont bénéficié et une formation annuelle est désormais proposée. Quant au matériel et aux HE, l’hôpital se charge de les financer.

Concrètement, un chariot contenant les huiles essentielles rangées par objectif thérapeutique, des fiches récapitulatives des protocoles, des sticks inhalateurs, des diffuseurs et des lunettes olfactives, est mis à disposition des équipes soignantes. « On diffuse l’HE de citron, de lavande ou de bergamote aux vertus positives et relaxantes avant l’arrivée du patient dans la chambre, sauf pour les personnes intubées qui n’ont pas d’odorat. Pour un patient stressé avant un scanner ou une IRM, on propose un stick olfactif à base d’HE de citron (10 à 15 gouttes) ou des lunettes olfactives qu’il peut garder dans le scanner ». Rien n’est imposé, mais il est rare de voir refuser ce soutien olfactif. Grâce aux fiches de suivi, « on observe souvent que le patient gagne en apaisement », se réjouit Corinne Sourzat, ravie de porter ce projet malgré la charge de travail qu’il représente. Gageons que de tels protocoles inciteront d’autres services de réanimation à sauter le pas.