Troubles du goût
Les troubles du goût ne sont pas une affection bénigne car ils peuvent entraîner, particulièrement chez les personnes âgées, des carences graves et alourdir certaines pathologies (hypertension, diabète). De nombreux chercheurs se sont penchés sur la cause de ces troubles. Leurs conclusions sont convergentes et mettent en cause principalement les effets secondaires des médicaments.
L’altération de la vue ou de l’ouïe est considérée par tous comme un handicap qui perturbe profondément la qualité de vie. En revanche, lorsqu’il s’agit du goût (et de l’odorat qui ne peut en être dissocié car ces deux sens sont sollicités lors de l’alimentation), on a tendance à penser que les troubles sont bénins. Pourtant, la perte du goût peut amener des problèmes comme l’inappétence, avec comme conséquence la perte de poids et des carences nutritionnelles. Et dans les cas plus sévères d’altération du goût (dysgueusie), elle entraîne souvent une augmentation du stress, de l’anorexie ainsi que de la dépression. C’est pourquoi il ne faut pas négliger cette affection.
Comment perd-on le goût ?
Les principaux mécanismes mis en cause dans la perte de goût sont des processus qui agissent :
- soit sur l’environnement des cellules gustatives (la salive),
- soit sur le développement et la multiplication des cellules gustatives,
- soit sur la transmission de l’influx nerveux qui ne s’effectue pas dans de bonnes conditions.
Mais derrière ces trois grandes familles de causes possibles se cache une multitude de situations différentes.
Les traitements médicamenteux
Une étude japonaise récente évalue à 11 % le nombre de personnes âgées atteintes de troubles du goût liés à la prise de médicaments (dysgueusie iatrogénique). Ce sujet a d’ailleurs été abondamment traité par la littérature scientifique qui recense une liste immense de médicaments susceptibles de provoquer des perturbations du goût. La liste inclut les traitements des maladies cardio-vasculaires (anti-arythmiques, bêtabloquants), les anti-infectieux (notamment les pénicillines, tétracyclines), les antifongiques, les antiviraux, les hypoglycémiants, les antihistaminiques, les psychotropes, les antispasmodiques…
Comment tous ces médicaments peuvent-ils altérer le goût ?
Les hypothèses avancées sont multiples et complexes. La plus fréquente est une déficience en zinc. Soit par chélation via les médicaments, soit par altération du métabolisme du zinc (au niveau moléculaire) comme cofacteur essentiel de la gustine (la protéine des papilles gustatives qui maintient l’homéostasie et l’intégrité des récepteurs gustatifs).
Mais il peut y avoir aussi une excrétion du médicament par la salive, une inhibition de la régénération des cellules gustatives, un blocage du canal calcique des récepteurs gustatifs, une inhibition des récepteurs ioniques, une inhibition de la vitamine A ou du canal sodique, une stomatite…
La radiothérapie
Utilisée dans les cancers des voies aérodigestives supérieures, l’irradiation est généralement à l’origine de lésions directes des glandes salivaires sans épargner les cellules gustatives. La salive des patients devient rare et très visqueuse, entraînant à la fois une perte du pouvoir lubrifiant et du pouvoir solvant des substances sapides (qui portent le goût des aliments).
Les troubles du goût apparaissent après trois semaines de traitement environ et une irradiation prolongée peut entraîner une perte de goût permanente par fibrose des glandes salivaires.
Comment agir ?
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- Traiter la carence en zinc
De nombreuses études démontrent le lien étroit entre un taux suffisant de zinc et son rôle dans le goût. L’organisme a besoin de très peu de zinc (l’équivalent d’environ 2 g en tout et pour tout), mais cet apport est essentiel. Dans nos sociétés modernes, la carence légère est courante, d’autant que les techniques agricoles modernes, qui ont pour effet d’appauvrir les sols en zinc, et le raffinage des céréales n’aident pas à atteindre les apports quotidiens minimums. Par ailleurs, les alcooliques, les diabétiques, les personnes souffrant de troubles rénaux ou de malabsorption digestive (maladie de Crohn par exemple) courent par ailleurs davantage de risques de souffrir d’une carence en zinc. Le Dr Hentkin, directeur de The Taste and Smell Clinic, à Washington, est considéré comme un spécialiste du goût aux USA. Il a étudié le rôle de la gustine (l’anhydrase carbonique VI), une enzyme dépendante du zinc et sécrétée par les glandes salivaires. Cette enzyme joue un rôle-clé dans la fonction gustative et son activité est étroitement liée à la présence en suffisance de zinc. Il estime que la déficience en zinc n’est pas toujours liée à un manque d’apport mais aussi à une mauvaise assimilation de celui-ci. Différentes études du Dr Hentkin montrent l’efficacité du zinc dans son action de stimulation de la gustine et dans la capacité à régénérer le bourgeon du goût. Cette récupération du goût et de l’odorat est associée à une élévation du taux de zinc dans la salive, les urines et le plasma.
Cela dit, la mise en évidence d’une déficience en zinc n’est pas facile car un taux anormal de zinc dans le plasma n’est pas synonyme de carence. Le taux plasmatique détecte uniquement les carences sévères et non les subcarences. Les chercheurs américains recommandent de doser le taux de zinc dans les lymphocytes afin d’avoir un test plus sensible. Mais ces dosages ne sont réalisables que dans quelques laboratoires et sont souvent coûteux. Le zinc est facilement assimilable en tant qu’oligoélément. Sa prescription habituelle est sous forme de gluconate de zinc.
Le zinc nutritionnel sera prescrit sous une forme aminochélatée pour permettre une assimilation optimale : prendre ZincAmin à raison de deux comprimés par jour.
- Renforcer l’apport de vitamine A
La vitamine A semble plus impliquée dans les troubles olfactifs ; cependant, il a été démontré que les médicaments contenant de la pravastatine ont été mis en cause dans des cas de dysgueusie par diminution du taux de vitamine A. L’apparition du trouble se révèle entre deux et six semaines de traitement, à une dose comprise entre 10 et 20 mg par jour, et disparaît en une à quatre semaines après l’arrêt.
- Surveiller et rétablir l'équilibre en vitamines B
La carence en vitamine B12 peut être à l’origine de troubles du goût, puisque cette vitamine est impliquée dans la régénération du bourgeon gustatif et de l’épithélium lingual.
et selon que...
- des troubles olfactifs sont présents
Une étude japonaise effectuée par une équipe d’ORL a mis en évidence la relation entre déficience de l’activité de la SOD (superoxyde dismutase) dans le sérum et la salive chez les patients présentant des troubles d’odorat provoqués par une sinusite chronique ou une grippe banale.
Pour les patients dont les troubles de l’odorat sont clairement associés aux troubles du goût, on recommandera d’accompagner le traitement par SOD forte, à raison d’une capsule par jour, pour relancer la fonction antiradicalaire et protéger la régulation du métabolisme protéique tissulaire à tout niveau.
- l'on ressent un goût métallique ou lors de présence de métaux dentaires ou en cas de radiothérapie
La présence d’un goût métallique est souvent le premier symptôme d’une intoxication aux métaux dentaires. La présence de plusieurs métaux de compositions différentes provoque par ailleurs souvent des phénomènes d’électro-galvanisme avec diffusion d’ions métalliques dans la salive.
Lorsque les bilans d’intolérance et/ou d’intoxication aux métaux dentaires sont positifs, associés à des courants galvaniques intrabuccaux importants, la dépose des métaux sera associée au protocole de traitement avec TMD Toxic Metal Detox, une gélule deux fois par jour aux repas.
De nombreux témoignages concernant les troubles du goût apportent la preuve que cet effet indésirable est non seulement très fréquent, mais aussi, dans l’immense majorité des cas, intimement lié aux traitements médicamenteux. En effet, si, dans la plupart des cas, le trouble du goût apparaît à certaines doses et disparaît à l’arrêt du traitement plus ou moins rapidement, cette dimension est pourtant totalement négligée par les laboratoires qui produisent ces traitements et les médecins qui les prescrivent. Il faudra pourtant bien admettre un jour qu’un trouble du goût, surtout s’il est durable, peut avoir une répercussion sur la qualité de vie des patients qui en souffrent.
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