Dossier
Un corps plus résistant face au froid (3/5)
L'hiver arrive et les températures sont en chute libre. Pour se protéger des coups de froid et prévenir tout refroidissement du corps, l'alimentation, la phytothérapie, les huiles essentielles et les soins tels que les bains et les bouillottes sont vos alliés. Suivez nos conseils d'experts pour vous maintenir bien au chaud cette saison.
L'énergie du chaud selon la médecine chinoise
Selon les principes de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), le yin est associé au froid, et au sang. Il est toujours là, c’est notre réserve d’énergie. Le yang, relié au chaud, doit protéger le yin et le dynamiser. Ces deux énergies sont indissociables dans le corps et plus ou moins fortes selon les saisons, la température et la lumière extérieure. « Il est nécessaire d’équilibrer yin et yang pour protéger le qi, ce capital d’énergie situé dans les reins que nous avons à la naissance », explique Ruosi Wu, pharmacien de l’herboristerie « à la calebasse verte », à Paris. En MTC, à chaque saison correspondent des organes particuliers. En hiver on se focalise sur les reins (qui gouvernent aussi le système osseux et le cerveau) et la vessie. Des organes majeurs qu’il faut restaurer et renforcer, car c’est là que siège notre énergie vitale.
Le yang disperse le froid
La médecine chinoise recommande en hiver de boire notre traditionnel « vin chaud ». étonnant ? Pas vraiment, car excepté l’alcool, à consommer avec modération, les épices de cette boisson (gingembre, cannelle, girofle et muscade) ont tout bon pour stimuler notre yang. On dit en MTC que la cannelle sauve le feu, fait circuler le sang et aide le yang à...
; disperser le froid. Le gingembre est plus actif sur le froid digestif. Pendant la saison hivernale, des infusions en alternance de cannelle (1 bâton par jour) et gingembre (5 grammes) seront bienvenues. Par ailleurs, notre corps dispose du « triple réchauffeur », qui permet de réguler notre température intérieure en aidant les reins et la vessie à s’adapter au froid par exemple. On y accède par le point d’acupuncture « 5-triple réchauffeur ». On le masse pendant une quinzaine de secondes dans le sens des aiguilles d’une montre.
En période hivernale, le corps peut vite se retrouver en vide de yang, c’est-à-dire en manque de chaleur : « Le corps est déjà très yin en hiver, car la lumière décroît. Le froid et l’humidité accroissent encore ce yin et empêchent le yang de s’exprimer, il faut donc l’aider à disperser ce froid et à réchauffer l’organisme », décrypte l’acupuncteur Denis Rio. Si on tire trop sur la corde, le yin (au sens de réserve vitale) peut se vider aussi, et là le moral baisse, on manque d’entrain, avec souvent une sensation de froid intérieur. Si on ne regonfle pas les batteries pendant l’hiver, on risque d’arriver au printemps déjà épuisé. Pour se recharger, le So Ouen (la bible de la MTC) recommande de s’exposer au maximum à la lumière du jour, de se coucher tôt et de se lever tard pour nourrir l’énergie des reins avec un sommeil de qualité. Ruosi Wu préconise aussi de boire beaucoup de tisanes à base de plantes réchauffantes comme la cannelle, le gingembre, le clou de girofle, le galanga ou la racine de liguste. Elles vont renforcer le yang et permettre le bon fonctionnement de la vessie qui protège les reins, particulièrement en hiver, d’où le besoin plus fréquent de faire pipi.
Attention aussi à ne pas trop transpirer pour garder nos sels minéraux ! On évitera donc des sports trop intenses tels le footing ou le tennis. Privilégiez des pratiques comme le taï-chi, ou le qi gong, qui harmonisent la circulation yin et yang.
« Dès qu’il fait froid et humide, l’arthrite se fait sentir dans mes articulations »
En médecine traditionnelle chinoise, on ne dit pas « J’ai de l’arthrite », mais « vent humide qui arrive sur les genoux ». Une façon très parlante de relier les douleurs articulaires à la météo. Le froid et l’humidité étant des énergies yin, elles vont augmenter encore le yin interne du corps, déjà très présent en hiver, et limiter les mouvements qui ont besoin, eux, de yang. Il faut donc assécher l’humidité intérieure et soulager les douleurs. Pour cela, l’herboriste Ruosi Wu recommande le gingembre séché (gan jiang), la racine de pivoine (bai shao) ou la griffe de chat (gou teng). On peut aussi stimuler un point précis d’acupuncture : le « 34-vésicule biliaire », situé sur la face externe du genou, juste sous la tête du péroné. Le mieux étant de chauffer ce point avec un moxa (cône d’armoise) ou une lampe à infrarouge, conseille l’acupuncteur Denis Rio.