Symbiose : le coquelicot et l'abeille tapissière
S'il est évident que l'homme est loin d'être le seul animal à avoir un attrait pour les fleurs, il n'est pas non plus le seul à en faire de la décoration d'intérieur, comme nous le montre l'abeille tapissière avec le coquelicot !
Tandis que l’abeille domestique (Apis mellifera), qui nous procure les produits de la ruche, est connue de tous, en France environ 1 000 espèces d’abeilles sauvages passent inaperçues ! Même si ces dernières font de plus en plus parler d’elles, nous sommes encore loin d’imaginer à quel point elles sont stupéfiantes de diversité et indispensables, mais aussi en danger. Pourtant, ce sont ces abeilles solitaires qui contribuent le mieux à polliniser nos plantes sauvages ou cultivées. La plupart d’entre elles entretiennent une relation particulière avec leur compagne végétale. C’est le cas de la rare osmie du coquelicot (Hoplitis papaveris), l’abeille tapissière, fidèle à sa fleur préférée.
La plus jolie des fleurs des champs
Aux prémisses de l’été, la floraison écarlate du coquelicot (Papaver rhoeas) fait l’unanimité ! Cette belle messicole originaire du proche orient, s’est tellement bien intégrée dans notre paysage que...
nous n’imaginons pas une saison sans sa présence. Bien que ce soit de moins en moins fréquent, car on les observe autour des cultures exemptes de pesticides. La plante peut être repérée dès les débuts du printemps à sa rosette de feuilles velues, découpées en segments allongés à bords dentés. Petit à petit apparaissent les tiges, surmontées de caractéristiques bourgeons ovales, verts, garnis d’une toison de poils blancs. Enfin, ce n’est qu’à partir du mois de mai que s’épanouissent les fleurs, dont les pétales rouges égayent les prairies et les jardins jusqu’en juillet. Si nous les apprécions pour leur caractère ornemental, ils semblent plaire encore plus à notre petite osmie.
Transformée en nid douillet !
Dans le vaste royaume des abeilles sauvages, se distingue la famille des Mégachiles, dont les représentantes ont le chic pour utiliser toutes sortes de matériaux dans la construction de leur nid : tiges creuses, feuilles, résine, sable et même les coquilles vides d’escargot ! Ainsi, l’osmie du coquelicot, membre de cette grande famille, utilise les pétales de la fleur pour faire son nid. Après l’accouplement, la femelle creuse une galerie dans la terre meuble où elle transporte les pétales, roulés en boules, et en tapisse les parois (d’où le surnom « d’abeille tapissière »). Elle façonne ainsi une sorte de « soucoupe », qu’elle remplit d’un mélange de pollen et de nectar mastiqués, avant d’y pondre son unique œuf. Cette maman attentionnée nous prouve à quel point les relations entre plantes et insectes sont aussi diverses qu’insoupçonnées…
Un bilan inquiétant
L’unique liste rouge établie par la Commission européenne et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) concernant les abeilles d’Europe, rapportait déjà en 2014 plus de 9 % d’espèces menacées sur près de 2 000 recensées. À cela, il faut ajouter les 60 % d’espèces non étudiées pour cause de données manquantes, ce qui est considérable ! Un constat alarmant quand on sait à quel point les insectes pollinisateurs, en particulier les abeilles, sont garants de la richesse de nos denrées alimentaires.