Invincible ginkgo
Connu et étudié pour ses propriétés médicinales, le Ginkgo biloba est aussi doté d’une résistance hors-norme aux agressions. Insectes, champignons, maladies, pollution : il semble invulnérable.
Le Ginkgo biloba a survécu aux nombreuses catastrophes qui ont émaillé l’histoire de la Terre. Plus vieil arbre du monde, il a connu la naissance et la disparition des dinosaures. Cette
catastrophe a failli le faire disparaître lui aussi, mais une population s’est maintenue dans une région montagneuse du sud de la Chine. Puis les hommes l’ont cultivé et l'arbre a travers même la bombe atomique de Hiroshima n'a pas éteint son appétit pour la vie. On a ainsi vu bourgeonner les branches calcinées du vieux ginkgo qui gardait un temple de la ville. Ce végétal détient des pouvoirs que d'autres n'ont pas.
Terreur des insectes
D’une manière inégalée, il tient les insectes à distance. Le ginkgo subit bien quelques attaques de chenilles, mais aucune n’a su devenir son hôte spécialisée. Des substances insecticides contenues dans ses feuilles l’immunisent contre les ravageurs et ils sont peu nombreux à tenter de les grignoter. Ces...
dernières contiennent en effet de la bilobalide, un puissant insecticide désormais utilisé comme traitement des symptômes de certaines démences séniles. Une étude faite au Japon a ainsi montré que plus de trois cents espèces d’insectes assaillent quarante espèces d’arbres dans le pays, mais seulement six d’entre elles s’en prennent au ginkgo. Certains scarabées se laissent même mourir de faim plutôt que de s’en nourrir. Ainsi, ses feuilles étaient traditionnellement utilisées au pays du Soleil-Levant pour protéger les livres.
Indicateur de pollution
On fait aussi appel au ginkgo afin de combattre l’un des fléaux de notre temps : la pollution de l’air. Dans une étude menée récemment à Tokyo, les chercheurs ont découvert que l’arbre est celui qui retient dans ses feuilles le taux le plus élevé de certaines particules fines. Non seulement il résiste mieux que d’autres à ces pollutions, mais il constitue également un bio-indicateur de la qualité de l’air. Comme les concentrations de polluants diminuent en fonction de l’éloignement des arbres par rapport à la route, cela donne une indication aux chercheurs sur la façon dont les particules se dispersent. Le ginkgo garde aussi la mémoire de la pollution subie au cours du temps, ce qui a permis d’évaluer l’efficacité des mesures mise en place par la ville en vue de réduire les émissions des moteurs diesel. Les scientifiques ont observé que la quantité de certaines parti- cules avait diminué dans les feuilles de ginkgo, mais que d’autres, notamment les plus cancérogènes, montraient des taux identiques. Les précieuses leçons d’un arbre si doué pour la survie n’ont pas fini de nous apprendre à mieux vivre.
Un incroyable voyage
En 1727, le premier plant de ginkgo fait le voyage depuis l’Asie et est planté dans le Jardin botanique d’Utrecht, en Hollande. L’arbre arrive dix ans plus tard en Angleterre. Un Parisien achète cinq pieds à Londres pour 40 écus, d’où le surnom du ginkgo, aussi appelé « l’arbre aux 40 écus ». Presque tous les ginkgos de France proviennent donc de ces cinq arbres, eux-mêmes issus de l’unique plan asiatique qui avait fait le voyage jusqu’à nous.