Les bonnes vibrations du vivant
Dans les années 1930, la phytothérapie faisait bon ménage avec la radiesthésie. Le pharmacien Gabriel Lesourd a marqué cette approche en formulant plusieurs spécialités au sein de son laboratoire. Deux d'entre elles, l'Antinerveux et le Bolcitol, retrouvent aujourd'hui les rayons des pharmacies… presque comme autrefois.
C'est dans les années 1920 que Gabriel Lesourd (1890-1976), après avoir été pharmacien en province, prend les rênes d'une officine dans le 18e arrondissement de Paris. À cette époque, des médecins et pharmaciens commencent à s'intéresser à ce qu'ils revendiquent comme une nouvelle « science » : la radiesthésie médicale. Cette approche, selon laquelle les êtres vivants seraient sensibles à certaines radiations qu'émettraient différents corps tels que les plantes, séduit particulièrement Gabriel Lesourd. En effet, au cours d'une soirée où chacun s'exerce avec une montre au bout d'une chaîne, « au bout des doigts de G. Lesourd, le pendule réagissait avec vigueur », peut-on lire dans la Revue d'histoire de la pharmacie. Le pharmacien passionné se lance alors dans l'écriture de plusieurs livres sur la radiesthésie, entre au conseil d'administration de la jeune Association des amis de la radiesthésie (AAR) qui, en 1929, attire de nombreux scientifiques, et en devient une personnalité marquante.
Dans l'un de ses ouvrages, Gabriel Lesourd affirme que « tout, dans la nature, émet des radiations ». Il développe au sein des laboratoires Lesourd des analyses permettant de déterminer, au moyen...
des oscillations de son pendule, les organes atteints chez un malade, et de sélectionner, par le même biais, les remèdes susceptibles d'être efficaces.
Champ magnétique des plantes
En 1937, Gabriel Lesourd affirme ainsi que « de l'union de la phytothérapie et de la radiesthésie sont sortis quelques mélanges de plantes susceptibles de rétablir l'équilibre vibratoire et de ramener la santé. » Dans les publicités, les produits Lesourd portent la mention « champ » suivie de chiffres, censée indiquer le champ magnétique émis par le mélange de plantes. Divers remèdes de phytothérapie voient le jour tels que le baume Agruse, l'Arthritisane, mais aussi le Bolcitol et l'Antinerveux. Plusieurs d'entre eux seront considérés comme des médicaments traditionnels jusque dans les années 1990. Entre-temps, Gabriel Lesourd, retraité en 1953, a cédé son laboratoire à Marie-Paule Vellutini, elle aussi passionnée par les vertus des plantes.
Aujourd'hui, le nouveau gérant des laboratoires Lesourd, Laurent Berlie, entend donner une nouvelle jeunesse au Bolcitol et à l'Antinerveux. S'il n'est plus aujourd'hui question de radiesthésie, la nouvelle équipe est convaincue que cet art de la formulation bien particulier est d'une grande cohérence. L'Antinerveux associe des macérats hydroalcooliques de fleurs de lotier corniculé et de mélilot, connues pour relaxer et faciliter l'endormissement. Le Bolcitol est composé d'extraits fluides de fumeterre, de boldo, de sauge et de teinture de fenouil. Des végétaux aujourd'hui reconnus pour leur action sur la sphère digestive, biliaire et rénale, mais aussi pour stimuler les fonctions d'élimination de l'organisme. Bref, une bonne détox… Il y a un siècle, Gabriel Lesourd préférait évoquer un mélange contre les « maladies du foie, des reins et du sang ».
S'inspirer des formules historiques
Le Bolcitol et l'Antinerveux gardent-ils la même composition qu'au début du siècle dernier ? La réponse est « presque ». « Nous avons augmenté la teneur en mélilot de l'Antinerveux afin de renforcer son effet sur le sommeil. En revanche, nous n'avons pas touché à la formule du Bolcitol, mais simplement précisé son indication : il s'agit avant tout d'un draineur », explique Laurent Berlie, nouveau dirigeant des laboratoires Lesourd et fondateur des laboratoires Eona, spécialisés dans les huiles essentielles. Le catalogue des laboratoires Lesourd étant très riche, d'autres projets sont en cours avec l'idée de « s'inspirer de la tradition et des formules historiques en faisant appel à des connaissances plus modernes ». L'autre spécialité de Gabriel Lesourd, les tisanes comme celle du Curé de Deuil, devrait aussi être prochainement de retour.