Améliorer sa digestion
Nous savons désormais que notre ventre est un peu notre deuxième cerveau. Pas étonnant qu’on ait parfois du mal à digérer certaines choses, au sens propre comme au sens figuré ! Il est peut être temps de tenir compte de nos émotions pour aborder nos troubles digestifs.
Notre appareil digestif n’est pas une simple tuyauterie ! Doté d’un réseau élaboré de deux cents millions de neurones, il recèle une sorte de « cerveau » qui transmet des informations au système nerveux central. Alors que les réunions festives de fin d’année mettent à rude épreuve notre organisme, on peut se demander quel message ce « cerveau du ventre » envoie à notre « cerveau de tête », où siège notre appareil psychique ! Le bon sens populaire utilise des expressions parlantes : mal digérer (une réflexion, une mauvaise nouvelle), avoir l’estomac noué (par le stress), être constipé (coincé ou timide)… Une belle illustration de ce lien étroit sur lequel se fondent depuis longtemps les médecines douces ancestrales (chinoise, ayurvédique…) ou plus récentes (homéopathie, naturopathie…). Ces métaphores nous invitent aussi à identifier les émotions perturbatrices, et cela peut nous guider vers des remèdes pertinents, notamment en florithérapie. Car avec les élixirs foraux, c’est la prise de conscience de notre état émotionnel qui induit un rétablissement sur le plan physique.
Êtes-vous intolérant ?
Une sensation d’inconfort touche votre estomac ? Regardez : cet organe se situe dans la région du coeur et les deux mots ont d’ailleurs été interchangeables à partir du xiiie siècle. On en a gros sur le coeur comme sur l’estomac. Un arbre originaire d’Amérique du Sud possède aussi cette tendance à stocker. Appelé palo borracho (bâton ivre) ou arbol botella (arbrebouteille) pour évoquer son tronc en forme d’amphore, le chorisier boit l’eau de la rosée durant la nuit et fabrique des épines pour éloigner les animaux tentés de le piller. L’élixir andin fabriqué à partir de sa fleur aux tons crème libère de ce réflexe de protection qui se traduit par une attitude fermée. Il apporte empathie envers soi et les autres, confiance et ouverture, invitant à ne plus bloquer dans sa panse tout ce qu’on a dû avaler.
Aigreur d’estomac, intolérance alimentaire… L’irritabilité, parfois, se manifeste par une tendance à tout critiquer que le frêne, autre arbre épineux, incarne bien. Certains hypersensibles se protègent de leur environnement en se montrant « allergiques à la bêtise », par exemple. En générant plus...
d’indulgence et de respect, cet élixir ôte un arrière-goût d’amertume qui peut nuire à leurs capacités relationnelles comme à leur digestion.
Le foie est l’organe qui stocke en prévision de l’avenir, selon la médecine traditionnelle chinoise. Il peut être perturbé durant les périodes où l’on se cherche un peu, et c’est cette quête de sens que l’élixir de frêne vient soutenir. Cet arbre craintif se retrouve nu lors des gelées tardives. Et ses fleurs se serrent les unes contre les autres. En florithérapie, elles aident à se détacher du passé pour mieux affronter l’avenir avec courage et compréhension.
Dissoudre les pensées toxiques
Mais cet organe se rapporte aussi à la colère. Explosive ou rentrée, cette émotion le vide de son énergie. Tout comme peut être épuisante une personne qui se sent diminuée par une autre et qui développe en retour une réaction opposée, cherchant alors à prendre le dessus. Justement, la fleur de ceibo ressemble à une crête de coq ! Les couples en crise connaissent ce genre de tensions, où une colère plus ou moins sourde bloque la communication. Cet élixir issu d’un arbre sud-américain la rétablit et donne le sens des limites. Relativiser, cela évite aussi de se faire de la bile. Les grands inquiets, eux, peuvent compter sur le marronnier blanc, fleur de Bach bien connue pour dissoudre les pensées toxiques.
Prendre soin de son microbiote, autrefois appelé flore intestinale, agit sur le stress et l’anxiété. Au sein d’un groupe tel que la famille, notre intériorité est souvent « parasitée » par des conflits. Quand le poids du passé remue les entrailles, l’élixir de bougainvillée vient restaurer l’harmonie dans le foyer. Cette petite fleur blanche semble se déguiser en se parant de bractées aux tons vifs, mais, lorsqu’elle s’ouvre, elle arrive à blesser quiconque s’approche d’elle. Or, la personne « intoxiquée » émotionnellement par un héritage trop lourd à porter peut parfois « vomir » ce qui lui reste en travers de la gorge en proférant des phrases assassines.
Cependant, les mufles qui s’expriment sans aucune retenue évoquent plutôt la fleur du muflier, aussi appelée gueule-de-loup. Son élixir aide à parler avec des mots plus justes et moins grossiers. Peut-être sont-ils sujets à la diarrhée, tandis que les personnes qui emmagasinent tout s’exposeraient davantage à la constipation et aux ballonnements ? Dans ce cas, l’élixir d’oignon favorisera en douceur l’évacuation des larmes et des ressentiments.
Attention : nos émotions ne sont pas toujours les seules responsables des troubles digestifs. Certaines affections peuvent être graves, et consulter son médecin est impératif.
La cannelle de Magellan
On l’utilise comme condiment, mais rien à voir avec l’épice que nous connaissons. Le canelo est un arbuste touffu de la famille des magnolias. On le trouve sous le nom de Drimys winteri, en hommage au capitaine William Winter, qui le découvrit en Patagonie. C’est une plante sacrée chez les Indiens Mapuches, un symbole de paix et de protection unissant terre et ciel. À l’image de ses fleurs hermaphrodites réunissant les opposés, mais aussi blanches, aromatisées, regroupées en ombelles. Pourvoyeur de confiance et d’énergie, son élixir purifie les organes tels que le foie (et la colère) ou la rate (liée aux ruminations et à la culpabilité). Idéal après les agapes de fin d’année !
Aux fourneaux !
Laisser s’exprimer colère, tristesse ou peurs en épluchant une pomme ou en coupant des carottes peut fluidifier la digestion ! Vous en faites toujours trop ? Vous ne prenez pas le temps de manger ni de cuisiner ? Vous préparez toujours les mêmes plats ou au contraire, aimez improviser ? On met beaucoup de soi lorsqu’on assemble et transforme les aliments : émotions, tempérament, culture, mais aussi le regard qu’on porte sur son existence. Forte de ce constat, Emmanuelle Turquet, art-thérapeute formée à diverses techniques de développement personnel, a créé la cuisine-thérapie. Tandis que la culinothérapie pratiquée dans les hôpitaux s’appuie sur l’aspect rituel pour stimuler la motricité, la mémoire, le sentiment d’être utile ou encore la communication, cette méthode originale s’appuie sur la cuisine sans recettes. Après un temps de relaxation pour décompresser, la thérapeute, au cours d’un atelier individuel ou de groupe, vous invite à exprimer vos ressentis… et votre créativité. Pas besoin d’être cordon bleu pour cuisiner autour d’expressions populaires comme « se mettre la rate au court-bouillon » ou autour de thèmes insolites : « la courgette voyageuse », « la poire se prend pour une star », « la tomate amoureuse »… Du choix des ingrédients et des épices à leur disposition dans l’assiette, l’improvisation culinaire favorise un cheminement intérieur qui libère, à coup sûr, tout ce qui vous restait sur l’estomac.