Garder son âme d’enfant
Comment conserver la fraîcheur de l’enfance ? La spontanéité des plus petits est une bouffée d’air pur qui n’a pas sa pareille pour relâcher les tensions. S’amuser, s’étonner, rêver et cultiver des parenthèses d’insouciance, c’est aussi un excellent moyen de renouveler son regard sur l’existence et d’envisager l’avenir avec joie.
Les bambins aiment jouer à être une grande personne. Mais quand les adultes s'amusent à faire l'enfant, cela paraît souvent puéril, presque irresponsable. Or garder son âme d'enfant ne signifie pas régresser. C'est bien de l'âme et non du comportement dont il s'agit. Autrement dit, une manière d'entrer en contact avec l'environnement, de le redécouvrir avec innocence et curiosité. Que nos premières années aient été heureuses ou non, nous avons été spontanés, animés par une viscérale quête d'amour et d'autonomie. Se reconnecter au goût d'explorer de nouveaux territoires sans trop se poser de question, mais également aux rires et aux rêves, modifie notre façon de concevoir l'existence. Pour renouer avec cette partie de nous-mêmes, il est bon de jouer souvent avec des gamins et, pourquoi pas, de faire une course en sac entre amis ou de patouiller en cuisinant. De leur côté, les élixirs floraux favorisent un lâcher-prise plus profond, à des fins réellement constructives.
Petits, nous vivions intensément l'instant présent, car un enfant garde les sens en éveil – ce à quoi contribue une plante odorante comme le romarin. Cet arbuste pérenne, toujours vert, invite à ne pas se préoccuper du temps qui passe. Il ancre le corps et le cœur dans l'instant et dans la matière. Dans certains pays d'Europe, il est d'ailleurs symbole de bonheur et de gaîté. Cet élixir profite également à ceux qui sont surmenés intellectuellement. Son message ? Savourer le moindre événement sans anticiper ni ressasser, sans préjugés ni arrière-pensées. Être là, juste là.
Exprimer sa vraie nature
Être qui l'on est, que cela plaise ou non, est aussi une belle leçon de l'enfance. C'est le muguet, cette jolie fleur à clochettes, qui vient réveiller notre candeur. Son élixir transmet son caractère, sa fraîcheur, sa fragilité ainsi que son parfum récréatif, qui peut devenir entêtant si l'on s'y attache trop. Il libère alors de tout ce qui freine l'expression de notre vraie nature.
Si les conventions sociales nous apprennent l'art nécessaire de se comporter avec discernement, nous en sommes parfois prisonniers. Dans ce cas, l'élixir de molène peut intervenir pour favoriser un meilleur libre arbitre et une fidélité à soi-même. On peut d'ailleurs voir dans la...
multitude de fleurs recouvrant sa tige une tentative de faire courber cette plante d'un côté. Or, celle-ci reste imperturbable et bien droite.
L'enfance est également synonyme d'une pureté du regard que l'adulte a bien souvent perdue. Redéveloppons notre curiosité et nos « pourquoi ? » dont nous usions avec insistance étant petits. Ainsi, pour sortir de l'indifférence et mettre du piment dans notre vie, on peut s'aider de l'élixir de cayenne. Cette fleur de poivrier bouscule l'attitude « je sais tout » qui nous fait ronronner. Elle pointe ses étamines en avant pour explorer l'espace et nous incite, ainsi, à regarder plus loin et à remettre en cause les évidences.
Cette fâcheuse tendance à être blasé nous empêche de nous étonner, d'admirer un papillon ou autre petite chose de la vie. En optant pour l'élixir de cerisier sauvage, nous pouvons renouer avec le sentiment du merveilleux et avec l'optimisme. Cette fleur qui va donner des fruits est pleine de promesses. L'arbre tout blanc deviendra rouge cerise. Plaisir des yeux, plaisir des papilles : laissons-nous surprendre par ce qui arrive dans la vie.
Plus d'ouverture et moins d'orgueil
Il n'est pas non plus interdit de rêver. L'élixir de lotus, fleur qui surnage comme par magie en s'élevant parfois au-delà de la surface de l'eau, permet de prendre de la hauteur par rapport à des valeurs trop terre-à-terre. Son action s'inscrit dans la tradition spirituelle orientale, combattant l'orgueil et la fatuité au profit de l'amour, la liberté et l'ouverture de la conscience. L'iris aussi aide à reprendre contact avec la beauté du monde. Cette fleur grandit en conservant les proportions parfaites du nombre d'or. À travers son élixir, elle redonne de l'inspiration et de la créativité quand celle-ci semble étouffée par les contrariétés, l'ennui ou la frustration. On a le droit d'avoir des idées folles !
Bien sûr, renouer avec cette liberté nécessite d'oublier tout regard réprobateur sur soi. L'élixir de pin peut faire taire ce juge intérieur qui musèle notre âme d'enfant. Il vient rassurer ceux qui culpabiliseraient d'être naïfs, pas sérieux ou trop innocents, en leur montrant symboliquement que nous avons aussi des aiguilles piquantes, une écorce rugueuse et des blessures suintant comme de la résine, nous empêchant de vivre heureux. Il invite à aborder la vie comme un terrain de jeux, sans aucune honte.
Cette liberté a évidemment des frontières, afin de ne pas être immature. La clématite s'adresse aux tempéraments rêveurs qui peinent à se raccrocher au monde réel. Sans leur ôter la force de puiser leurs ressources en laissant leur esprit s'échapper ailleurs, elle permet de ne pas sombrer dans une quête permanente de plaisir immédiat, signe d'infantilité. Enfin, garder son âme d'enfant n'est pas l'apanage des poètes ou des artistes. À l'image de certains scientifiques qui ont su la préserver, même les plus cartésiens peuvent y parvenir pour, qui sait, faire de grandes découvertes sur le monde, et sur eux-mêmes.
Sous la couche épaisse de nos actes, notre âme d'enfant demeure inchangée ; l'âme échappe au temps.
François Mauriac
Le zinnia, clown des jardins
Cette fleur, arrivée du Mexique en 1613, égaye nos jardins de ses couleurs vives et bigarrées. Souvent, on la touche pour vérifier qu'elle n'est pas en plastique, car elle fait penser aux fleurs utilisées par les clowns dans leur numéro. Son port rigide alimente aussi la confusion. Ce côté déguisement carnavalesque confère à l'élixir issu de cette astéracée le pouvoir de nous reconnecter à notre enfant intérieur. Il apporte un peu de gaîté et de frivolité à ce monde parfois trop sérieux, où chacun se focalise sur ses obligations. Il travaille notre capacité à nous émerveiller et à jouer avec nos masques. Bref, le zinnia déclenche le rire spontané et nous redonne le goût de l'amusement.
Pratiquer le yoga du rire
Le rire forcé vous agace ? Révisez votre jugement. Notre corps ne le différencie pas de celui déclenché par une bonne blague, d'après les scientifiques et les adeptes du yoga du rire. Cette discipline, lancée en Inde en 1995 sous l'impulsion du docteur Madan Kataria, médecin de Bombay, s'est répandue partout dans le monde, notamment en France où se sont multipliés des clubs de yoga du rire ou de rigologie.
La pratique s'appuie sur le rire contagieux : une séance (environ une heure) débute par des respirations profondes, puis de plus en plus saccadées. Tout en continuant à respirer amplement, chacun scande des « hohoho », « hahaha », « héhéhé », « hihihi », « houhouhou » tout en tapant des mains comme un enfant, les doigts écartés. Cet exercice se cale entre de petits jeux pratiqués tantôt à plusieurs, comme se tirer la langue ou se faire des guili-guili sans se toucher, tantôt en solo, comme rire bouche fermée ou en imitant Tarzan. Pour finir, les participants soufflent un bon coup, s'étirent et s'accordent quelques minutes de relaxation.
Si ce retour en enfance peut sembler étrange, activer ses zygomatiques est une véritable gymnastique sollicitant une douzaine de muscles. C'est aussi une thérapie, puisque cela oxygène l'organisme et le cerveau, générant la sécrétion de substances relaxantes et antidouleurs. Des recherches cliniques ont mis en évidence les vertus de ce type de pratique sur le sommeil, la dépression, le burn-out et les maladies chroniques.