Les élixirs floraux de la tolérance
Garder son calme quand son voisin met la musique à fond, tolérer un manque de savoir-vivre à table ou affronter le manque d'engagement citoyen, ce n'est jamais simple. Où se situe le curseur entre ce qui nous semble supportable et intolérable ? La florithérapie peut nous aider à adopter une attitude plus juste.
Quand notre organisme se confronte à un corps étranger (nutriment, médicament, cosmétique…), sa réaction plus ou moins fâcheuse signale clairement s’il le « tolère » ou pas. Mais lorsque c’est notre esprit qui se frotte à la différence d’opinions, d’éducation ou d’apparence d’autrui, la réponse est souvent plus ambiguë. L’apprentissage de la tolérance débute vers 1 ou 2 ans, âge où l’on commence à opérer une distinction entre soi et les personnes ou les objets de son entourage. En prenant conscience de cette altérité, on comprend qu’il est nécessaire de coexister sur cette planète. Et il est compliqué de s’affirmer tout en respectant l’autre, même s’il s’agit seulement de trouver un coin de serviette sur une plage ! Selon les circonstances ou les tempéraments, on « laisse faire » en associant la tolérance à la gentillesse, l’indifférence ou le fatalisme. Ou bien on ne transige pas, entrant alors en conflit sur des problématiques qui souvent font écho à notre vécu ou à une part de soi non identifiée. En agissant sur nos émotions, certains élixirs floraux aident à surfer sur cette délicate ligne de crête.
Moins d’impulsivité
Ainsi, celui de Gymea Lily (lys javelot) donne de l’humilité à ceux qui s’acharnent à imposer « leur vérité ». Du haut de ses 3 à 7 mètres, cette plante australienne paraît intouchable et fait de l’ombre aux végétaux qui poussent à ses pieds. Destiné aux humains qui cherchent à dominer, à être reconnus sans laisser l’autre s’exprimer, cet élixir peut modérer leur réactivité quand la discussion s’enflamme.
La tolérance met à l’épreuve nos valeurs et nos modes de fonctionnement. Face aux arguments qui leur sont opposés, certains se montrent cassants ou moqueurs. Doté de dents à l’extrémité de ses pétales veloutés, l’élixir de calendula invite à désarmer cette agressivité qui n’est, au fond, qu’une tactique de défense. Appelé aussi « souci officinal », il possède des vertus cicatrisantes et améliore réceptivité et douceur dans la communication avec autrui. Se retrancher dans sa coquille, dans le mépris ou la...
haine silencieuse, clôt le débat. Mais cela témoigne d’une perception négative des autres, que l’on tient à distance sur le mode « qui s’y frotte s’y pique », incarné par l’épine-vinette. Son élixir originaire de Californie, nommé Oregon grape, gomme cette hostilité et cette méfiance source de malentendus.
Éviter de juger
L’intolérance est souvent guidée par des préjugés liés à la peur de ce qui nous est étranger. L’élixir de tremble, arbre dont les feuilles et les fleurs frémissent pour un rien, sécurise et favorise l’acceptation de l’inconnu. Celui de hêtre, arbre majestueux et vulnérable, grand solitaire qui ne tolère pas qu’une autre espèce pousse à l’abri de son épais feuillage, est le remède anti-jugement. Il développe l’indulgence et le respect d’autrui chez ceux qui ont des a priori et la critique facile. Combiner ces deux fleurs de Bach donne confiance en soi et ouverture à d’autres valeurs sans perdre les siennes.
S’affirmer et cultiver l’empathie
Lorsqu’on est soi-même victime du jugement des autres, on est tenté de répondre à l’intolérance par l’intolérance. Le Dr Bach préconisait l’élixir de houx à ceux qui se sentent attaqués, afin de les protéger « contre tout ce qui n’est pas l’Amour universel ». Ce remède désamorce le désir de vengeance à la faveur d’une compréhension de l’autre. Mais attention à ne pas être hypocrite ou complaisant. Si l’on a tendance à théoriser en se disant « il faut être tolérant », on peut s’imprégner du message de l’eau de roche, fluide qui ne se cogne pas aux obstacles mais les contourne ou les recouvre. Son élixir permet de s’affirmer tout en restant souple.
Par ailleurs, ce qui nous rend peu indulgents prend souvent sa source dans un rapport conflictuel à l’autorité, symboliquement incarnée par le père. Un élixir australien travaille sur cette problématique qui se manifeste par un manque de considération pour autrui : Red helmet orchid. Cette drôle d’orchidée sombre se hisse au-dessus d’une feuille en forme de cœur, tandis que sa tête qui s’incline présente des pétales translucides et une sorte de casque (helmet). Cette plante invite à mettre à jour le côté obscur de ses forces et à accepter sa sensibilité.
L’empathie est l’un des meilleurs remèdes contre l’intransigeance. La curiosité également. Car l’intolérance naît aussi de l’ignorance, qu’elle soit volontaire (« ça ne m’intéresse pas ») ou non (« je n’y ai jamais été confronté »). Une petite fleur alpine dont le centre évoque l’iris d’un œil développe l’attention pour autrui : l’euphraise, surnommée « casse-lunettes ». Considérer le monde dans toute sa diversité aide à inscrire son propre point de vue parmi d’autres. Sans supporter avec condescendance – ou pire, indifférence – ce qui relève vraiment de l’inacceptable.
Le noyer, fleur de l’acceptation
Ses feuilles émettent de la juglone, une substance chimique herbicide, comme si cet arbre voulait trier sur le volet les individus fréquentables ! Si on ne le taille pas, sa frondaison le recouvre de la cime au sol, le mettant sous cloche, à l’abri d’une éventuelle influence extérieure. On retrouve ici la signature de cette fleur de Bach qui s’adresse aux personnes vulnérables. Son élixir aide à trouver la bonne distance, à savoir ce qui est tolérable ou non. Il est fabriqué à partir des fleurs femelles évoquant un ourson en peluche. Une notion de protection présente sous une forme plus rigide dans son écorce et sa coque. Quant à la noix, elle montre deux cerneaux semblables à des hémisphères cérébraux séparés d’une fine membrane. Le fruit d’une réflexion basée sur l’entre-deux !
À la place de l’autre
L’empathie signifie que l’on est capable de comprendre l’autre en adoptant son point de vue ; en se positionnant à sa place, le changement de perspective va nous aider à établir une communication harmonieuse et fluide. Mais cela nécessite de la pratique. Ainsi, des spécialistes en développement personnel nous proposent des livres d’exercices pour améliorer cette capacité et reléguer aux oubliettes notre habitude à nous montrer plutôt « anti » ou « miso » (misogyne, misanthrope…).
Le théâtre, basé sur des interactions humaines dans la vraie vie et des sensations physiques (le toucher, l’odorat…), favorise autrement la découverte et, potentiellement, l’acceptation de la différence.
D’autres techniques ont ce même objectif : jeux de rôles en séminaires d’entreprise, atelier suivant les constellations familiales… Elles permettent de faire évoluer le scénario en fonction du ressenti des participants sous la conduite d’un animateur. Un effet miroir, qui est aussi un révélateur de nos intolérances.