Les aiguilles, ça se recycle
© ALPIGRAPHIE
Dans le petit village de Sainte-Hélène-sur-Isère, en Savoie, Thierry Minois distille des aiguilles de sapins et d'épicéas pour en faire des huiles essentielles. D'informaticien à homme des bois, il nous raconte comment il a transformé son quotidien.
Petit, près de Vierzon, je passais mon temps à courir dans les prés, où j'accompagnais mon grand-père qui travaillait la terre. Je me sentais proche des chênes et des sapins. Si bien qu'à l'adolescence, je me suis offert un livre de botanique pour pratiquer la cueillette sauvage et réaliser mes tisanes. Puis, au fil du temps, je me suis éloigné de la nature en passant mon DU d'informatique. Plusieurs années devant un écran d'ordinateur m'ont fait réaliser que ma place était ailleurs. En 2000, j'ai déménagé dans les Alpes pour me rapprocher de la montagne et des forêts, puis j'ai fait un bilan de compétences. J'ai songé à ouvrir une microbrasserie, une savonnerie, mais c'est lors de ma rencontre avec un distillateur d'huiles essentielles de sapin dans le Jura (Aromacomtois) que j'ai eu un déclic. Le contact avec les arbres, le fait d'exploiter ces branches délaissées issues de coupes de résineux pour en faire un produit naturel thérapeutique, ça m'a parlé. Je découvre également les vertus des huiles essentielles de sapin et...
d'épicéa sur l'immunité, l'inflammation ou encore la sphère respiratoire grâce à leur teneur en terpènes. C'est une activité que je peux exercer en Savoie, 60 % des résineux étant des épicéas (Picea excelsa) et les sapins pectinés (Abies alba) étant très présents.
En 2019, après un an de travail et une formation en aromathérapie, naît Les Sens des Alpes. J'ai installé un alambic horizontal au rez-de-chaussée de l'ancienne école du village de Sainte-Hélène-sur-Isère, et mes journées n'ont plus rien à voir avec celles d'un informaticien ! Je suis en lien avec des exploitants forestiers et des gardes ONF de Savoie et Haute-Savoie pour trouver des sites de coupe de sapins où je peux récupérer gratuitement les branches. Armé de mon 4 x 4 et de ma benne basculante, je pars en forêt les récolter, la plupart du temps en hiver et en été, périodes où les aiguilles sont les plus remplies en huile essentielle. C'est physique et fatigant. Parfois, je suis aidé par Isabelle Kassenian, la salariée que j'ai embauchée en juin dernier. Ensuite commence la distillation des huiles essentielles et des hydrolats aux odeurs de forêt. La pièce d'à côté est dédiée à la création des baumes, sirops, huiles de massage… Toute la gamme est certifiée Nature et Progrès, labellisée AB. S'il m'arrive de travailler sept jours sur sept, je suis très attentif au burn-out et m'accorde toujours le temps d'aller marcher en forêt.
À essayer
Une huile pour récupérer
En cas de douleurs après le sport ou pour faciliter la récupération musculaire, cette huile de massage composée d'huile végétale de tournesol et d'huile essentielle de sapin pectiné (Abies alba) exerce un effet anti- inflammatoire et myorelaxant sur les zones douloureuses. 10 € le flacon de 50 ml.