Dans les secrets d’un alambic
Sébastien Portal milite pour la reconnaissance et la protection des plantes locales d’Auvergne. Depuis 2009, il les cultive pour les transformer en huiles essentielles et en eaux orales grâce à un processus d’hydrodistillation douce.
Je suis très attaché à ma région. Le village où je vis et travaille est intégré au futur Parc naturel régional des sources et gorges du Haut-Allier. Je suis revenu m’installer sur le terrain de mes parents à 40 ans. Depuis janvier 2009, je cultive des plantes aromatiques et médicinales sur cinq hectares avec lesquelles je fabrique des huiles essentielles et des eaux florales. Et ce, avec le groupement de producteurs Biotope des montagnes, qui travaille avec le Syndicat des simples. Ce qui nous importe, c’est de produire des huiles de qualité.
Je ne travaille qu’avec des plantes locales. On ne se rend pas compte de la richesse que nous avons à notre disposition. L’épinette noire est à la mode en ce moment, mais le pin sylvestre est une bonne alternative. Nous avons même deux types de pins sylvestres qui...
, après études, possèdent de faibles taux d’allergènes, ce qui est très intéressant pour les huiles essentielles. Ici, en Auvergne, il y a beaucoup de menthes : la menthe poivrée, citronnée, sylvestre ou encore la menthe verte. Je cultive aussi de la lavande, du cassis, de la camomille, du chanvre, du thym, de l’agastache, de la cataire et bien d’autres encore.
Auparavant, j’étais ingénieur chimiste à Tourcoing. Un jour, l’usine a fermé. Je pratiquais déjà un peu l’apiculture, puis je me suis intéressé aux huiles essentielles. Je suis donc revenu à la terre. Bien que connaissant déjà un peu l’agronomie, j’ai obtenu un certificat spécialisé dans la production de plantes médicinales et aromatiques à usage artisanal ou industriel. Christian Nugier, du jardin des Nielles et des senteurs, m’a beaucoup appris et m’a donné les plans de son alambic. Il est connu comme le loup blanc dans le domaine.
Nous pratiquons une distillation à faible pression et température. Le procédé est lent, mais cela évite l’hydrolyse qui abîme les huiles obtenues. C’est un savoir-faire à transmettre comme d’autres. Les eaux orales, ou hydrolats, sont très intéressantes. Ce sont des produits à part entière qui peuvent s’utiliser en complément des huiles essentielles, en parallèle d’une application interne ou externe.
À essayer. Cataire citronnée et sauge afghane
Sébastien Portal n’hésite pas à distiller des plantes peu communes dont il aime à rappeler l’utilité. La cataire citronnée, par exemple, est anti-inflammatoire et quasi sédative. Contre un herpès, il faut tapoter le bouton avec une goutte ou deux sur l’index. Elle est aussi utile contre les calculs biliaires. La sauge afghane, parfois appelée lavande d’Afghanistan ou sauge de Russie, est une protectrice du foie aussi efficace que le romarin.