Le ciste soigne les blessures
Appréciant les garrigues méditerranéennes, le ciste ladanifère (Cistus ladaniferus) est un arbuste adapté au climat aride, capable de faire renaître à la vie des terrains dévastés ou dégradés grâce à la performance de ses graines, qui résistent au feu ! Assez rustique, il peut vivre sous des climats moins propices. C'est à son feuillage recouvert d'un exsudat aromatique qu'il doit ses propriétés.
Au jardin
Avec une floraison qui s’étale d’avril à juin, le ciste fait toujours son effet. Installez-le en zone ensoleillée, dans un sol pauvre (sablonneux ou siliceux) bien drainé et vous verrez qu’il supportera les températures négatives de -10 °C à -15 °C.
Il n’est pas le meilleur choix pour un résultat rapide. En effet, les graines récoltées en automne auront besoin de subir une exposition prolongée au froid pour pouvoir germer. Ensuite, trois ans sont généralement nécessaires pour bénéficier de la première floraison.
Il est un bon moyen de multiplication de l’arbuste. La bouture peut être prélevée au printemps ou en août, avec un outil bien tranchant et propre (stérilisé à l’alcool). Mettez la bouture dans un mélange sable-terreau, à parts égales. En août, placez le container à l’intérieur, dans un endroit lumineux, en maintenant le substrat très légèrement humide. Au printemps, vous pourrez accélérer la venue des racines en pratiquant le bouturage à l’étouffée : mettez la bouture sous une cloche ou sous une demi-bouteille en plastique. Installez l’ensemble à la lumière (mais pas en plein soleil). Aérez aussi souvent que nécessaire pour éviter la condensation.
Facile, elle s’effectue en dehors des périodes de gel, en avril-mai sous climat tempéré et à l’automne sous climat méditerranéen. Espacez les plants d’environ 1 mètre afin de préserver leur étalement. Surveillez l’arrosage la première année, sans toutefois trop arroser ; ensuite, l’arbuste se débrouille tout seul !
Le ciste ne demande aucun soin particulier et résiste admirablement aux maladies. Toutefois, attention à la combinaison gel-humidité. Les rameaux feuillés, qui constituent la partie médicinale, se récoltent de juillet à octobre.
Un baume « premiers secours »
La préparation d’un baume est très simple à faire soi-même. Il suffit de mélanger de l’huile végétale avec de la cire d’abeille ou du beurre de karité afin d’obtenir la texture désirée. Pour le baume médicinal à base de ciste, on remplace l’huile végétale par un macérat huileux de ciste qui permet d’extraire une partie des actifs aromatiques. Ce baume sera très utile contre toutes les blessures bénignes du quotidien : coupures, plaies, blessures, crevasses, gerçures, saignements, etc.
Ingrédients
- 25 g de cire d’abeille (ou mélange de cire et de beurre de karité)
- 80 ml de macérât huileux de ciste
- 25 gouttes d’huile essentielle de géranium rosat
- 30 gouttes d’huile essentielle de lavande officinale
- 40 gouttes d’huile essentielle d’arbre à thé
La première étape consiste à fabriquer le macérat huileux de ciste.
- Après la récolte, triez directement les rameaux feuillés, sans les laver, en éliminant les parties abîmées. Coupez en petits morceaux.
- Remplissez aux trois quarts un bocal en verre (transparent) avec les parties médicinales et tassez-les légèrement. Versez de l’huile végétale bio (tournesol ou olive) jusqu’à ce que celle-ci recouvre la plante. Fermez le récipient et exposez-le à la lumière du soleil trois semaines, en remuant régulièrement la préparation. Afin de ne pas perturber la solarisation, rentrez le récipient la veille, le jour et le lendemain de la pleine lune.
- Pressez les morceaux de plantes à travers un linge fin (gaze), puis filtrez le macérat.
À savoir : vous pouvez également obtenir rapidement un macérat huileux de ciste en mélangeant simplement 20 gouttes d’huile essentielle de ciste ladanifère dans 80 ml d’huile végétale.
La deuxième étape consiste à élaborer le baume proprement dit.
- Dans un grand mortier, mettez de l’eau bien chaude et l’y laisser le temps des opérations suivantes avec le pilon à l’intérieur.
- Faites fondre dans une capsule, au bain-marie, la cire d’abeille (ou un mélange cire beurre de karité) avec 80 ml de macérat huileux de ciste.
- Videz le mortier ; essuyez-le soigneusement, puis versez le mélange huileux fondu. Battez énergiquement avec le pilon jusqu’au complet refroidissement, en rabattant régulièrement la masse du mélange vers le centre du mortier afin d’obtenir l’homogénéisation de la préparation.
- Terminez en ajoutant les huiles essentielles ; mélangez l’ensemble soigneusement avant de mettre en pot (préalablement désinfecté à l’alcool ou stérilisé à l’eau bouillante). Étiquetez votre préparation. Avant ouverture, le baume se conserve au moins quatre mois. Après ouverture, placez-le dans le réfrigérateur.
Utilisation Après avoir lavé la blessure à l’eau et au savon, appliquez un peu de baume sur la zone atteinte, trois à quatre fois par jour.
Variantes
Pour renforcer l’activité réparatrice et cicatrisante du baume vous pouvez remplacer les 80 ml de macérat huileux de ciste par l’association de 40 ml de macérat de ciste et 40 ml de macérat huileux de calendula (fabriqué suivant la même méthode).
Autre option : commencez l’étape numéro 2 au point 4, en incorporant petit à petit, sans cesser de remuer, 1 cuillère à soupe d’hydrolat de ciste ou de tisane de plante, au choix :
- Calendula (fleur) : Pour ses propriétés antiseptiques et réparatrices : infusion de 10 minutes avec 2 cuillères à soupe de pétales pour 150 ml d’eau bouillante.
- Achillée-millefeuille : (partie aérienne fleurie)Pour son pouvoir hémostatique et cicatrisant : infusion de quinze minutes avec 2 cuillères à soupe pour 150 ml d’eau bouillante.
Secret de ladanum
Les rameaux feuillés sont recouverts de poils qui sécrètent une résine. Avant, les moines de l’île de Crête récupéraient ce « ladanum » à l’aide de martinets à lanières de cuir, qu’ils passaient, en pleine chaleur, dans les buissons de ciste. On le recueille aussi par macération ou par ébullition des rameaux dans l’eau : la résine écumée est séchée pour servir d’encens.
Ce que dit la science
Régénérer la peau
Peu détudes ont été réalisées sur le ciste ladanifère. Au Maroc, les usages traditionnels, sous forme de tisanes, visent plusieurs affections : diabète, diarrhées, inflammations intestinales et affections dermatologiques. Une étude a aussi mis en évidence des propriétés antihypertensives, tandis qu’une autre a validé l’action antalgique intestinale sans notification d’une quelconque toxicité (sauf à très hautes doses). Actuellement, l’intérêt se porte davantage sur l’huile essentielle dont certains composants seraient dotés d’activités anti-infectieuses vis-à-vis de germes multirésistants. D’autres études seront bien évidemment nécessaires pour étayer ces résultats. Certains praticiens la trouvent intéressante par voie interne contre des maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, rectocolite hémorragique). Mais cet usage demande un suivi médical. Le ciste peut d’ailleurs interférer avec un traitement anticoagulant. L’huile essentielle, est d’ores et déjà réputée en usage externe pour sa remarquable action hémostatique, cicatrisante et régénérante cutanée, mise à profit contre les saignements, les blessures, les crevasses, les gerçures, les hémorroïdes et autres plaies, ainsi qu’en usage cosmétique contre le vieillissement cutané. L’hydrolat de ciste, plus léger, est souvent une alternative efficace pour les soins de peau.