L'oranger apaise les tensions
Même si vous n'habitez pas dans une région chaude, il est néanmoins possible de profiter d’un bel oranger bigaradier (Citrus aurantium) ! Encore appelé oranger amer, cet arbre est en effet facile à cultiver en pot, à l’extérieur ou sous la véranda. La variété amara (amère) est celle retenue pour l’usage médicinal. Vous apprécierez de pouvoir utiliser toutes les parties de l'arbre : fleurs blanches (à odeur exquise) et feuilles pour un usage médicinal et cosmétique tandis que les fruits pourront servir à la fabrication de la célèbre marmelade d'orange amère.
Au jardin
L’oranger a besoin de soleil. L’installation en pleine terre s’effectuera uniquement en région méditerranéenne ou en zone protégée à condition d’avoir un sol sec. Ailleurs, optez pour la culture en pot ou en bac. Pendant la belle saison, l’arbre en pot bénéficiera au maximum du soleil. Vous le rentrerez ensuite pour l’hivernage à partir d’octobre, dans une pièce claire (véranda, serre) à température minimale, comprise entre 0° et 5 °C.
Les espèces cultivées atteignent généralement 2 à 5 mètres de hauteur. L’arbre est pourvu d’épines longues et acérées tandis que les feuilles, coriaces et brillantes se reconnaissent à leur pétiole ailé, articulé au niveau de l’insertion du limbe.
Semis
Il se réalise à partir de graines prélevées sur des fruits mûrs de l’arbre. Nettoyez-les, puis laissez-les sécher quelques jours avant de les enfoncer à environ 1 centimètre de profondeur dans un terreau à agrumes. Arrosez ce qu’il faut pour que le substrat ne se dessèche pas. Ensuite, armez-vous de patience : bien que la germination apparaisse au bout de quinze à vingt jours, la croissance du plant est très lente.
Plantation
En pleine terre, prévoyez un emplacement suffisant, car l’étalement peut atteindre trois mètres. Plantez de préférence à l’automne. L’oranger n’est pas exigeant sur la qualité du sol (tolère le calcaire). En revanche, il supporte mal l’humidité stagnante. Il faudra y faire attention lors de la culture en pot. Choisissez d’autre part un grand conteneur car les racines n’aiment pas être comprimées et remplissez-le de terre à agrumes avec, dans le fond, un lit de drainage caillouteux.
Entretien
C’est principalement l’arrosage qu’il faut surveiller ! Les racines ne doivent jamais tremper dans l’eau. Pendant la belle saison, arrosez les pots placés en extérieur environ une fois par semaine tandis qu’en pleine terre, intervenez lorsque la terre est sèche sur trois centimètres de profondeur. Pendant l’hiver, limitez davantage l’arrosage. L’oranger appréciera aussi un rempotage régulier (tous les deux ou trois ans) et le renouvellement du substrat (terreau d’agrumes). La taille...
ne s’avère pas nécessaire. En revanche, supprimez les rameaux morts et coupez ceux qui se croisent trop au centre afin d’aérer l’arbre.
Récolte
La cueillette est possible à tout moment avec une préférence entre juin à août. Séchez-les rapidement à l’ombre, dans une pièce aérée, en les étalant sur un grillage en couche mince. Les fleurs (autofertiles) sont récoltées, de mai à juin, en boutons, c’est-à-dire avant qu’elles ne s’épanouissent et en début de matinée. Leur séchage est plus délicat. Le parfum suave s’atténue par la dessiccation. Mais pour les tisanes, c’est parfait !
Ce que dit la science
Originaire d’Asie orientale (Chine et Inde), l’oranger bigaradier aurait été introduit en Europe par les Arabes, dès le IIe siècle pour certains auteurs, seulement au XIIIe siècle pour d’autres… Quoi qu’il en soit, son usage médicinal est attesté par Ibn al Baytar (1197-1248), médecin arabo-andalou qui a collecté différentes indications : une huile de fleurs pour évacuer les gaz digestifs et l’écorce des fruits pour soulager les coliques. L’amertume du fruit sert dans des préparations apéritives et digestives.
Feuilles et fleurs sont par la suite traditionnellement conseillées avec succès pour calmer l’anxiété, apaiser les tensions nerveuses et améliorer les troubles du sommeil. La détente s’exerce en partie par l’action antispasmodique de ses composants (flavonoïdes, huile essentielle). Ce qui explique l’effet positif enregistré contre les quintes de toux et les palpitations. Si, actuellement, la part belle est faite aux huiles essentielles de petit grain bigaradier (issue des feuilles) ou de néroli (issue des fleurs), il convient de ne pas minimiser des préparations comme les tisanes ou l’hydrolat de fleur d’oranger, appréciées par toute la famille. Enfin, les écorces du fruit (zeste) participent à l’amélioration des troubles veineux et des capillaires.
Des tisanes relaxantes
La tisane est une forme galénique puissante. Dans l’eau, les principes actifs se dissolvent et deviennent rapidement disponibles dans l’organisme. Ces petits points, que vous apercevez par transparence à travers les feuilles ou les fleurs, correspondent en effet à des poches remplies de composés aromatiques qui vont se libérer dans l’eau chaude. Voici plusieurs recettes d’infusions à préparer par toute la famille (y compris pendant la grossesse).
Tisanes simples
Feuilles séchées : Versez un quart de litre d’eau bouillante sur 2 cuillères à soupe bombée de feuilles concassées ; couvrez et laissez infuser dix à quinze minutes. Filtrez.
Boutons ou pétales séchés : Faites infuser à couvert, pendant dix à quinze minutes, 1 cuillère à soupe de boutons floraux (ou de pétales) dans un quart de litre d’eau bouillante ; filtrez.
Posologie adulte
- 1 tasse avant le dîner et dix minutes avant le coucher, lors de troubles du sommeil.
- 2 à 3 tasses à répartir dans la journée en cas de stress ou de l’anxiété.
Posologie enfant
- Moins de 2 ans : 1 cuillère à soupe de tisane diluée dans le biberon, 1 à 3 fois par jour.
- Entre 2 et 3 ans : 2 à 3 cuillères à soupe de tisane, 1 à 3 fois par jour.
- Moins de 6 ans : un tiers de tasse, 2 à 3 fois par jour.
- Après 6 ans : un demi à trois quarts, 2 à 3 fois par jour.
Tisane composée
En associant à l’oranger d’autres plantes, on accentue l’effet détente dans la journée et facilite un sommeil réparateur lorsque la tisane est bue le soir. Préparez ou faites préparer le mélange suivant :
Ingrédients : Oranger (feuilles) 20 g • Oranger (boutons ou pétales) 20 g • Coquelicot (pétales) 15 g • Lavande (fleurs) 10 g • Marjolaine (feuilles ou sommités fleuries) 15 g • Tilleul (bractées) 20 g.
Mode d’emploi : Une cuillère à soupe bombée du mélange, infuser six minutes dans un demi-litre d’eau bouillante (même posologie que ci-contre).
Un hydrolat embellissant et apaisant
Parmi les formes actives de l’oranger amer, l’hydrolat (véritable) de fleur d’oranger, subtil et délicat est utilisable à tout âge, en cas de stress ou de nervosité. Il peut même calmer les nausées. En interne, prenez-le, suivant l’âge, à la dose d’une cuillère à café jusqu’à une cuillère à soupe par tasse d’eau chaude. En application cutanée, il embellit les peaux ternes ou délicates. Ajouté à l’eau du bain (trois cuillères à soupe), il apaise les bébés agités.
Une macération cosmétique
Vous pouvez préparer une huile corporelle cosmétique dont l’application en massage dans le dos vous procurera du bien-être : mettez les fleurs fraîchement cueillies dans un pot en verre teinté et recouvrez avec de l’huile de noyaux d’abricot bio. Fermez et laissez macérer environ trois semaines en agitant régulièrement. Filtrez, c’est prêt ! Cette préparation à la fragrance suave, utilisable pour petits et grands, se conservera facilement un an.