Les baies vitaminées de l'argousier
Épineux et buissonnant, l'argousier (Hippophae rhamnoides) est un arbuste exceptionnel aux multiples talents. Grâce à son feuillage vert argenté et à ses baies automnales jaune orange, riches en nutriments essentiels, il est source de nombreuses préparations à la fois culinaires et médicinales. Si de plus, vous avez besoin d'une haie défensive ou protectrice contre le vent ou si votre terrain est pauvre, sableux ou en pente, alors, l'argousier est fait pour vous !
Au jardin
Rustique et résistant à la pollution, l'argousier s'adapte aux climats extrêmes (Sibérie, Tibet, dunes désertiques). Son système racinaire particulier (racines principales profondes et racines secondaires horizontales) stabilise et entrave l'érosion des sols (dunes, terrains en pente). Grâce à ses relations symbiotiques avec des champignons qui lui assurent l'absorption de l'azote de l'air et l'apport de nutriments, l'argousier, véritable arbre pionnier, colonise et enrichit les terres ingrates. D'autre part, ses feuilles caduques forment, année après année, un humus propice à la prolifération des autres espèces végétales. L'argousier, lui, se contente d'un sol pauvre drainé et tolère même une certaine salinité ! En revanche, le soleil et la lumière lui sont indispensables.
Semis
Le semis d'automne permet d'utiliser des graines fraîchement récoltées tandis que le semis de printemps (mars-avril) impose préalablement une stratification des graines à froid (-5 °C), pendant trois mois, en entreposant celles-ci dans le réfrigérateur, mélangées à du sable ou en les achetant déjà stratifiées. Avant de semer, trempez-les quarante-huit heures dans l'eau en éliminant celles qui flottent. Enfouissez les graines à 0,5 cm de profondeur dans le terreau des godets ; arrosez sans détremper. Au bout de trois à quatre semaines, repiquez dans un contenant plus grand, avant la mise en place définitive. La première floraison a lieu trois à cinq ans plus tard !
Plantation
L'argousier est en dioïque : il convient de planter des sujets mâles et femelles, au moins un pied de chaque sexe, sachant qu'un seul arbre mâle suffit pour cinq arbres femelles et que la pollinisation ne s'effectue que par le vent. Mais vous pouvez aussi opter pour l'une des variétés autofertiles proposées par les pépiniéristes.
Plantez de préférence à l'automne en arrosant au moment de l'installation. En revanche, si vous opérez au printemps, prévoyez quelques apports d'eau jusqu'à l'automne. Tenez compte de sa hauteur moyenne (1,5 à 5 m) et de son étalement (environ 2 m). L'argousier émet aussi de nombreux drageons pouvant coloniser l'espace. Il se bouture en été.
Entretien
L'argousier n'a besoin de rien ! Cependant, une taille légère à la fin d'hiver et...
uniquement sur les rameaux secondaires, permettra de conserver parfaitement l'architecture désirée.
Récolte
Les baies se récoltent en octobre. Munissez-vous de gants et d'un sécateur. En effet, ces faux fruits disposés en grappes sont bien attachés aux branches, ce qui rend leur cueillette difficile, avec le risque d'écrasement lorsque l'on les saisit trop fortement. La parade consiste à couper directement les branches en petits segments ! Vous pouvez aussi congeler les morceaux de branchage avec les baies.
Ce que dit la science
Recharger l'organisme
L'argousier est connu depuis l'Antiquité et utilisé par la majorité des médecines traditionnelles. Les baies appelées argouses sont devenues l'élément médicinal majeur. Riches en vitamine C (de 400 mg à 2 500 mg pour 100 g), elles contiennent d'autres nutriments tout aussi importants : bêta-carotène, vitamines (A, B1, B2, B3, B9, B12, E, K, P), lycopènes, flavonoïdes, minéraux (calcium, fer, magnésium, zinc, cuivre) ainsi que des acides gras essentiels. L'huile, extraite de la pulpe et (ou) des graines contient en effet des séries d'oméga-3, 6, 9 et un oméga-7, rare, l'acide palmitoléique. Cette composition exemplaire conditionne les deux axes majeurs d'utilisation de l'argousier. Les baies rechargent l'organisme fatigué ou convalescent et lui permettent de gagner en résistance et de mieux traverser les épidémies virales (syndromes grippaux, refroidissements) ou les périodes stressantes. En tant qu'antioxydant et anti-inflammatoire, l'argousier agit préventivement comme aliment anticancéreux, protecteur du système cardio-vasculaire et anti-âge. L'huile d'argousier est, quant à elle, destinée à corriger les signes de dessèchement cutané extrême ou des muqueuses : syndrome sec de Gougerot-Sjögren, sécheresse oculaire ou vaginale, suite de radiothérapie ou de laserthérapie.
Indications et posologies
- Affections respiratoires (toux, syndromes grippaux, refroidissements) : trois cuillères à soupe de jus ou de sirop, réparties dans la journée (la dernière prise avant 17 heures), jusqu'à amélioration.
- Convalescence, surmenage, stimulation préventive de l'immunité, fatigue générale, fatigue scolaire, prévention du vieillissement, préparation aux examens (étudiants), grossesse : 1 à 2 cuillères à soupe par jour, de préférence en matinée ou début d'après-midi, en cure de trois à six semaines.
À l'atelier
Jus ou sirop, un condensé d'énergie !
Afin de préserver les qualités nutritives des baies, l'idéal est de les consommer crues. Mais les fruits s'abîment rapidement par oxydation. il faut les transformer assez vite après la cueillette ou bien les mettre au congélateur. De plus, de par leur goût acidulé prononcé, on les appréciera mieux en jus ou pour les palais sucrés en sirop. Voici deux recettes réalisées sans cuisson à partir de baies fraîches ou congelées. Le risque de fermentation étant plus important, mieux vaut en préparer de petites quantités à la fois.
Recette du jus
- Rincez les baies fraîches ou décongelées et mesurez le volume (et non pas le poids) avec un verre mesureur.
- Passez les baies au presse-purée ou au moulin à légumes avec une grille suffisamment fine afin d'éliminer le maximum de peau et de graines, en ajoutant au fur et à mesure un peu d'eau (ou de jus de pomme bio) dans les proportions suivantes : 100 ml d'eau pour un volume de 200 ml de baies. Vous obtenez à ce stade une purée d'argousier liquide. Mélangez bien et passez au chinois. Votre jus est prêt. Vous pouvez vous en servir comme vinaigre.
- Recette du sirop à froid
- Réduisez les baies au moulin à légumes (ou au blender), sans ajouter de liquide.Pesez le jus obtenu, puis préparez à froid le même poids de sirop, en faisant dissoudre du sucre dans de l'eau (on compte 450 g de sucre pour 250 g d'eau). Mélanger énergiquement l'ensemble.
- Ajouter le sirop au jus de fruits. Pour moins d'acidité, on peut aller jusqu'à deux fois plus de sirop que de jus de fruits.
- Conditionnez en flacon opaque et conservez au réfrigérateur en vue d'une consommation rapide.
Remarque : Il est également possible de mélanger directement la purée brute de baies d'argousier avec son poids en sucre. Dans ce cas, il faut mélanger au moins quarante-cinq minutes pour finaliser le sirop.
Autres préparations
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Confiture : Les baies d'argousier se prêtent bien à la réalisation de confitures ou de gelées, avec, certes, une perte de nutriments, mais une longue conservation.
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Huile de macération : En faisant infuser des baies d'argousier dans de l'huile de jojoba, vous obtenez une huile pour la peau. Cette préparation n'aura pas l'efficacité de l'huile d'argousier obtenue par pression à froid, mais elle sera intéressante pour préserver la peau du vieillissement cutané ou pour traiter les irritations locales. Pour cela, utilisez des baies mûres concassées à faire chauffer avec l'huile de jojoba au bain-marie environ une heure. Attention, l'huile ne doit pas entrer en ébullition, ni même frémir. Filtrez-la à la fin de l'opération.