La livèche réveille notre corps
Si vous ne l'utilisez pas encore, la livèche (Levisticum officinale), encore nommée ache des montagnes ou céleri perpétuel, est une plante robuste et rustique, à découvrir tant sur le plan médicinal que culinaire. Son odeur balsamique pénétrante et sa saveur légèrement piquante en font un aromate original.
Au jardin
La livèche a besoin d’un sol riche, humifère et frais ainsi que d’une exposition ensoleillée ou mi-ombrée. Deux plants couvrent largement les besoins familiaux. Sachez qu’elle supporte la culture en pot (à condition de bien l’arroser !).
Semis
Il s’effectue facilement en godet ou en pleine terre dès le printemps. En godet, disposez 3 à 5 graines ensemble, à peine enfoncées dans le terreau de semis. Lorsque les plantules sortent, éclaircissez afin de ne garder qu’un sujet par godet. Vous mettrez en place lorsqu’il atteint au moins 10 à 15 cm de haut. En pleine terre, semez de façon identique après avoir ameubli la terre, en respectant une distance d’environ 50 cm entre les futurs plants. Arrosez convenablement.
Plantation et multiplication
Elle est tout aussi simple. Trempez la motte jusqu’à la disparition des bulles. Prévoyez un trou de plantation suffisant (environ 3 fois le volume de la motte) en ajoutant éventuellement au fond un peu de compost bien décomposé. Tassez la terre et arrosez. La livèche se ressème spontanément. Vous pouvez également, au début du printemps, diviser la touffe sur un sujet d’au moins 3 ans d’âge, en utilisant la procédure habituelle.
Entretien
Surveillez l’arrosage, surtout en été. Le paillage permettra de garder la fraîcheur, dont la plante est friande. Ensuite, rabattez-la au printemps au moment du redémarrage de la plante.
Récolte
Récoltez les feuilles sur l’un des deux plants, de préférence avant la floraison. C’est pourquoi mieux vaut couper les fleurs dès leur apparition. Vous pouvez récupérer les graines à maturité sur le 2e plant, d’août à octobre. Enfin, la racine se prélève en octobre ou mars. Après nettoyage, coupez-la en fragments. Toutes les parties de la plante se sèchent rapidement, en couche mince, à une température maximale de 35 °C afin de préserver leur arôme. Conservez impérativement la racine en récipient hermétique.
Ce que dit la science : elle stimule les sécrétions
Introduite en Europe par les moines bénédictins (an 800), la livèche a bénéficié d’une bonne réputation dès la Grèce antique, en particulier pour ses applications digestives...
dues principalement aux composés aromatiques présents dans toute la plante. Sa saveur prégnante et légèrement piquante provoque l’augmentation réflexe des sécrétions salivaires, gastriques et biliaires, contribuant à soulager les troubles digestifs. D’autre part, la fraction aromatique se distingue par la famille chimique des phtalides, apparentés aux coumarines. Ceux-ci stimulent le processus de détoxification de l’organisme, notamment au niveau hépatique, et activent parallèlement l’élimination rénale (eau, chlorures, urée), avec à la clé, un drainage efficace. Ce « nettoyage » se révèle précieux au moment de la convalescence, après un épisode infectieux, en prévention de calculs ou pour drainer la peau en cas de troubles cutanés récurrents (eczéma, psoriasis, etc.).
Moins connue, son activité œstrogénique périphérique a été évaluée en comparaison de celle du houblon dès 1958, in vivo chez le rat. Si cette activité est relativement faible (comparée à celle du houblon), elle est suffisante pour contribuer à la régulation du cycle féminin. Au XIIe siècle, sainte Hildegarde la recommandait contre la toux chez l’humain et chez le cheval, pour lequel elle préconisait l’inhalation des vapeurs d’une tisane de livèche avec un peu d’ortie ! Une pratique perpétuée dans la médecine populaire : les vapeurs chaudes de la tisane sont toujours utilisées en guise d’inhalation.
À l’atelier : Vinaigre et poudre aromatiques
Les feuilles et les jeunes tiges hachées agrémentent ou relèvent de nombreux plats. Ces deux préparations vous permettront de valoriser la livèche de façon variée au cours de vos repas en mettant à profit son arôme inimitable… que d’aucuns comparent à celui du Maggi liquide, beaucoup moins naturel !
Vinaigre aux feuilles fraîches
Ingrédients et matériel : 1 bocal en verre d’au moins 1 litre de contenance • 40 à 50 g de tiges feuillées fraîches de livèche • 20 g de coriandre • 10 g de romarin • 10 g de thym • 1 oignon • 1 gousse d’ail • 1 litre de vinaigre bio.
- Épluchez l’ail et l’oignon et fragmentez-les grossièrement. Rincez et essorez la livèche. Ciselez-la finement. Disposez l’ensemble dans le bocal.
- Chauffez le vinaigre jusqu’au frémissement puis versez-le dans le bocal. Fermez.
- Laissez macérer à température ambiante entre 6 semaines et 2 mois avant de filtrer dans la bouteille.
Ce vinaigre sera parfait pour assaisonner les salades, les sauces, les marinades ou les terrines. Vous pouvez ajouter d’autres aromatiques, nombreuses sont celles qui s’associent bien avec la livèche : basilic, estragon, menthe poivrée, mélisse, marjolaine, persil, cerfeuil ou encore céleri.
Poudre aromatique
La poudre aromatique de livèche s’utilise à la manière d’un sel de table pour relever vos plats. Vous pouvez aussi l’incorporer à du sel marin bio afin d’obtenir un sel aromatique. Par exemple : 20 % de poudre de livèche et 80 % de sel, ou à parts égales.Elle se prépare à partir des feuilles et des graines parfaitement séchées, chaque partie pouvant être utilisée seule ou en mélange à parts égales, comme ici.
- Dans un saladier, émiettez les feuilles séchées (elles doivent être bien cassantes) et poursuivez au pilon afin d’obtenir une texture poudre.
- Dans un mortier, triturez un volume identique de graines de livèche jusqu’à l’obtention d’une granulométrie quasi identique.
- Rassemblez les deux portions et mélangez soigneusement l’ensemble.
- Conservez dans un récipient hermétique.
Précautions d’emploi
La livèche plante ne présente pas d’effets indésirables ni secondaires aux doses préconisées (il en est autrement pour l’huile essentielle). En revanche, elle est déconseillée en cas d’insuffisance rénale, d’inflammation du rein, ou si l’œdème est lié à une insuffisance cardiaque. Si on dépasse la dose, une interaction avec les anticoagulants oraux est possible. Bien que faible, le risque allergique existe et la photosensibilisation n’est pas exclue en cas de traitement interne prolongé (ceci ne concerne pas l’emploi alimentaire).
Usages médicinaux
Infusion de feuilles, de graines
Pour stimuler l’appétit et la digestion, soulager les brûlures d’estomac et les ballonnements, réveiller le tonus intestinal et calmer les douleurs migraineuses, abdominales ou menstruelles.
Infusion de racines séchées finement coupées
Pour drainer les reins, calmer les inflammations urinaires, prévenir les calculs rénaux, lutter contre les œdèmes, décongestionner la vessie et le foie et détoxifier globalement l’organisme.
Mode d’emploi : Faites une infusion de 10 minutes avec 1 cuillerée à soupe de racines pour 500 ml d’eau bouillante. Buvez la quantité dans la journée, de préférence en dehors des repas. En cure de 3 semaines.
En tisanes
La livèche se prête bien aux tisanes, réalisées avec la plante fraîche ou séchée.