Ménopause facile avec le trèfle
Le trèfle rouge, encore appelé trèfle des prés (Trifolium pratense) s'installe spontanément un peu partout dans les prairies où il fait figure de plante banale, si bien qu'on ne lui prête guère attention. C'est pourtant une excellente herbe fourragère, un engrais vert et une médicinale dont les propriétés continuent à être exploitées dans de nombreux pays.
Au jardin
Très rustique (il résiste jusqu'à - 40 °C !), le trèfle rouge est utile au jardin, car il aère et enrichit la terre en fixant l'azote. De fait, il sert volontiers d'engrais vert. On le sème alors après les cultures d'été. Parallèlement, il décourage les autres plantes envahissantes et il est très mellifère, attirant notamment les bourdons. Il peut aussi se cultiver en bac ou en pot sur le balcon. En revanche, bisannuel, il ne fleurit que la deuxième année.
Semis
Le semis s'effectue soit à l'automne de façon à couvrir le sol en hiver avant d'être fauché et enfoui dans le sol au printemps, soit entre mars et mai, pour être fauché à la fin de l'été. Après avoir préparé la zone destinée à le recevoir, semez à la volée en éparpillant bien les graines en tous sens. Tassez pour enfouir très légèrement les graines puis arrosez en pluie fine. Maintenez la terre humide jusqu'à la germination, qui est rapide (quelques jours).
Entretien
Préférez les expositions mi-ensoleillées, en terrain assez bien drainé. Le trèfle n'est pas sensible aux parasites et n'exige pour tout entretien qu'un arrosage régulier en cas de sécheresse. Mais attention aux limaces et escargots, qui en sont très friands ! Toutefois cette mise en garde concerne surtout la culture en pot.
Récolte
Les parties aériennes fleuries sont cueillies de préférence en début de floraison, de juin à septembre. Si vous prélevez la plante dans la nature, faites-le loin de toute source de pollution. Étalez en couche mince et faites sécher à l'ombre dans un endroit aéré ou en séchoir, à moins de 35 °C. Les capitules floraux seuls (sans les feuilles) peuvent également être récoltés dans les mêmes conditions. Ils serviront principalement pour les tisanes destinées à soigner les affections respiratoires (voir ci-contre). Conservez la plante séchée selon les recommandations habituelles, en sachet kraft.
Ce que dit la science...Stimuler les hormones féminines
Si les usages anciens traditionnels préconisaient le trèfle rouge dans les affections pulmonaires (bronchites, toux) et le traitement des dermatoses inflammatoires (eczéma, psoriasis, démangeaisons), on y a recours aujourd'hui pour ses...
propriétés « hormones-like ». En effet, il contient plusieurs types d'isoflavones aux propriétés œstrogéniques. Son emploi, validé par différentes études cliniques, est donc essentiellement axé sur le soulagement des troubles de la ménopause, tant sur le plan de la prévention cardiovasculaire et la réduction de la perte osseuse, qu'en curatif pour minimiser les bouffées de chaleur et troubles de l'humeur souvent associés à cette période. L'activité hormonale est directement liée au mode opératoire des isoflavones qui peuvent se fixer de manière compétitive sur les récepteurs aux œstrogènes de l'organisme et ainsi stimuler l'action œstrogénique des hormones présentes lorsque leur taux est physiologiquement faible (ce qui est le cas à la ménopause). De plus, les isoflavones auraient davantage d'affinité pour certains récepteurs impliqués dans l'effet antiprolifératif cellulaire. D'où l'action préventive du trèfle rouge vis-à-vis du risque cancéreux. Enfin, cette plante contient des minéraux, oligoéléments et vitamines dont certains jouent un rôle important dans la densité de l'os. Un bel exemple d'activité synergique de plusieurs principes actifs.
À l'atelier
Une teinture-mère contre les bouffées de chaleur
La fabrication d'une teinture-mère impose de déterminer la quantité d'eau présente dans la plante fraîche, ce qui est difficile à réaliser chez soi. La recette suivante n'en demeure pas moins efficace. Mais sa concentration en isoflavones étant plus approximative, il peut être nécessaire de prendre certaines précautions.
Ingrédients et matériel :
- 30 g de parties aériennes fleuries de trèfle rouge
- 200 ml d'alcool de fruit bio d'au moins 55°
- Paire de ciseaux
- Bocal avec couvercle
- Flacon compte-goutte opaque (choisissez la contenance selon la quantité d'alcool utilisée)
- Entonnoir
- Linge fin (ou presse)
- Papier filtre.
Mode opératoire :
- Dès que la cueillette est terminée, inspecter la récolte et éliminer toutes les parties abîmées. Ciseler finement le végétal et placer les morceaux dans le bocal.
- Verser l'alcool en veillant à ce qu'il recouvre complètement la plante. Si ce n'est pas le cas, ajouter de l'alcool. Fermer le bocal.
- Laisser macérer 2 à 3 semaines, de préférence dans l'obscurité, à température ambiante. Remuer la préparation quotidiennement.
- Filtrer d'abord en pressant à travers le linge (ou avec la presse) afin de récupérer le maximum de principes actifs restant dans le moût, puis à travers le papier-filtre sur l'entonnoir.
- Conditionner l'alcoolature dans le flacon compte-goutte sans oublier d'étiqueter votre préparation. Conservation : 5 ans.
Posologies indicatives :
À valider avec un thérapeute.
- Troubles avérés de la ménopause (bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, perte de densité osseuse) : 50 gouttes diluées dans ½ verre d'eau, 2 à 3 fois par jour, en cures de plusieurs semaines et jusqu'à 6 mois en cas de perte de masse osseuse.
- Prévention de la ménopause : 20 à 30 gouttes, 2 fois par jour.
Précautions d'emploi
Les propriétés œstrogéniques avérées du trèfle rouge invitent à la prudence. En effet, suivant la concentration en isoflavones, il est contre-indiqué en cas d'antécédent de cancer du sein, des ovaires ou de l'utérus et déconseillé durant la grossesse et l'allaitement. De plus, le trèfle rouge peut interférer avec un traitement hormonal substitutif et pourrait potentialiser les effets des anticoagulants oraux. Demandez l'avis d'un professionnel de santé pour un traitement au long cours.
Autres préparations
Infusion de trèfle rouge
En usage interne, il faut prévoir 1 bonne c. à soupe (plante fraîche) ou 1 c. à café bombée (plante séchée) par tasse d'eau bouillante. Laisser infuser 10 minutes. Filtrer et boire :
- Toux (quintes spasmodiques), bronchite, enrouement : 2 à 4 tasses par jour.
- Cure dépurative (eczéma, psoriasis, goutte) : 2 tasses par jour en cure de 3 semaines.
- Ménopause (bouffées de chaleur) : 2 tasses par jour, 5 jours sur 7, en cure de 3 mois, renouvelable.
En usage externe, il faut prévoir 3 c. à soupe (plante fraîche) ou 3 c. à café (plante séchée) pour environ 200 ml d'eau bouillante. Laisser infuser 15 minutes. Filtrer et laisser tiédir.
- Inflammations cutanées, démangeaisons (eczéma, psoriasis) : compresses imprégnées de l'infusion en application locale sur les zones concernées.
- Conjonctivite : laver les yeux à l'aide d'une compresse imbibée de tisane ou faire un bain oculaire.