Démission de Nicolas Hulot : retenons le positif
L’aventure politique de Nicolas Hulot au sein du gouvernement s’achève après quinze mois, durant lesquels cet homme de convictions aura, autant que possible, essayé de faire reconnaître sa vision sociale et mondiale de la crise environnementale.
Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a annoncé le 27 août 2018 sa démission du gouvernement, affirmant « ne plus vouloir s’accommoder de petits pas ». L’ancien militant, qui a toujours flirté avec la politique, s’est estimé trop « seul à la manœuvre ». Il a également déploré le fait que les actions de l’éxécutif n’aient pas assez vite conduit à réduire les émissions de gaz effet de serre, à diminuer l’usage des pesticides ni à enrayer l’érosion de la biodiversité.
Le sénateur Joël Labbé, rapporteur de la mission Herboristerie, a exprimé sa tristesse sur les réseaux sociaux : « Dans les actions que je mène, je perds mon unique relais au sein du gouvernement. » Quant à vous, chers lecteurs, vous nous avez fait part de votre inquiétude sur l’avenir de la question environnementale sur notre page Facebook. À l’heure du bilan, voici, listés ci-dessous, ce que Plantes & Santé choisit de retenir de l’action de Nicolas Hulot.
Huit points positifs pour l’environnement
Malgré l’étendue des problématiques qui restent à régler, l’ex-animateur télévisé, qui a créé en 1990 la Fondation pour la nature et l’homme, peut se féliciter d’avoir fait avancer plusieurs dossiers durant son passage au gouvernement :
- Le vote, en décembre 2017, de la loi mettant fin à la recherche ainsi qu’à l’exploitation des hydrocarbures (à l’horizon 2040) et portant diverses dispositions relatives à l’énergie et à l’environnement ;
- L’abandon, en janvier 2018, du projet de construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, auquel il s’était toujours opposé ;
- L’annonce d’un plan quinquennal de rénovation énergétique des bâtiments visant à en isoler 500 000 par an ;
- L’engagement à sortir du glyphosate d’ici 2021 ;
- L’annonce d’un plan de sauvegarde de la biodiversité, qui prévoit la fin de l’utilisation de certains objets en plastique non biodégradable à usage unique, comme les pailles et touillettes à café ;
- Le projet de loi, annoncé en juillet dernier, visant à favoriser les alternatives à la voiture traditionnelle ;
- Le feu vert des députés pour inscrire la « préservation de l’environnement » et la « lutte contre le changement climatique » à l’article 1er de la Constitution (même si l’examen de la révision constitutionnelle est encore suspendu) ;
- L’inscription, dans la loi Agriculture et Alimentation – que les parlementaires doivent continuer à examiner en septembre –, de l’obligation d’intégrer au moins 20 % de produits biologiques dans les menus des restaurants collectifs d’ici 2022.
En boudant la clôture des États généraux de l’Alimentation, en décembre dernier, Nicolas Hulot avait déjà montré qu’il n’était pas un homme de demi-mesures. Le 27 août, lui qui s’était donné un an pour juger de son utilité au gouvernement en a eu assez de faire des concessions aux lobbys – lobbys qu’il a d’ailleurs désignés comme des contraintes majeures à l’action politique.
En un an, Nicolas Hulot a lancé des projets dans tous les domaines de l’écologie. Sans doute continuera-t-il de se battre avec la même passion et la même honnêteté pour défendre la Terre dans les années à venir. En attendant, espérons que François de Rugy, nommé le 4 septembre 2018, soit aussi ambitieux et exigeant que son prédécesseur au sein du gouvernement.