Protéger la biodiversité atténue les changements climatiques
Docteur ès sciences, Anne-Hélène Prieur-Richard a été directrice par interim de Diversitas, une mission internationale de recherche sur la biodiversité, et a étudié les relations entre biodiversité et changement climatique.
P.&S. En quoi la disparition de la biodiversité influence-t-elle le changement climatique?
Anne-Hélène Prieur-Richard Le changement climatique contribue à la perte de biodiversité qui, en retour, aggrave les conséquences de ce dernier. Ainsi, l’augmentation des températures et la déforestation en Amazonie entraîneraient un changement de la composition végétale de la région qui évoluerait vers un écosystème de savane. On aboutirait à une plus forte augmentation de la température car il y aurait moins d’arbres et d’évapotranspiration dans l’air, mais aussi au niveau mondial, car le carbone qui était stocké dans les arbres serait relâché. En protégeant la biodiversité, on peut ainsi atténuer les changements climatiques.
P.&S. Lutter contre la déforestation,c’est donc à la fois protéger la nature et le climat ?
A.-H. P.-R. Oui. Une monoculture de palmiers à huile ne peut pas remplacer une forêt primaire: elle abrite moins de biodiversité et va rejeter du carbone au bout de quelques années, car ces arbres à forte croissance sont destinés à être utilisés rapidement. La déforestation peut aussi avoir des effets sur la santé en favorisant la propagation de maladies infectieuses. À Bornéo, par exemple, elle a entraîné la migration de chauves-souris porteuses du virus NIPAH vers la Malaisie où elles ont trouvé un habitat favorable dans de grands champs de mangues destinées à l’alimentation d’élevages intensifs de porcs. Le virus a contaminé ces animaux avant de passer à l’homme. Le changement de couverture végétale risque aussi de favoriser l’expansion d’espèces envahissantes, comme chez nous l’ambroisie, à fort potentiel allergène.
P.&S. La sécurité alimentaire peut-elle être aussi affectée par le changement climatique?
A.-H. P.-R. Le risque est là car on trouve un peu partout dans le monde les mêmes variétés de maïs, de riz, de blé, qui ne seront pas forcément adaptées aux conditions climatiques de demain. Il faut réintroduire des variétés locales et s’inspirer de la nature. Les champs avec différentes espèces et variétés de plantes sont moins vulnérables aux sécheresses, au froid...
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Recours aux pesticides : après une année de baisse en 2012, l’utilisation des pesticides a augmenté de 9,2 % en 2013, en contradiction avec les objectifs de réduction des pesticides du plan Ecophyto. Bonne nouvelle toutefois, on constate une baisse de 8 % dans les zones non agricoles.