Préparer son accouchement
Bien accueillir le petit être qui arrive, mais aussi soutenir la mère qui donne la vie, voilà autant de desseins à la portée des essences volatiles. La signature aromatique de cet instant s’impose pour soutenir le corps physique et accompagner la déferlante émotionnelle
Ce qui se passe au moment de la naissance est bien essentiel pour l’impulsion de vie qui sera donnée au bébé. Certains psychanalystes, comme le passionnant Stanislas Grof, évoquent l’implication puissante de ce passage initial sur la psyché et l’inconscient de l’individu. Favoriser l’ouverture, fluidifier le passage, optimiser le travail à chaque étape de l’accouchement, donner une intention d’amour et d’écoute à chacun de ses gestes, rassurer le bébé dès son premier souffle, sont autant d’actions possibles que favorisent les huiles essentielles. Celles-ci vont accompagner le passage vers la vie terrestre, en favorisant les contractions, en soulageant la douleur et en soutenant l’organisme maternel, mais aussi en œuvrant sur un plan subtil propice à l’ouverture et l’impulsion de vie initiale.
Lorsque l’embryon s’implante dans la matrice utérine, environ 7 jours après la fécondation, il entre alors en contact pour la première fois avec la matrice gorgée de sucre de l’organisme maternel, c’est la nidation. Le souvenir de cet utérus accueillant, chaud, vivant et sucré, va influer sur l’être en devenir qui sera, toute sa vie terrestre durant, en recherche de ce sucre originel, symbole de sécurité et de douceur affective, en écho avec la fusion maternelle.
Le paradis amniotique
Les saveurs aromatiques de cet univers aquatique provenant de l’organisme maternel, profondément sensuel et rassurant, sont perçues très tôt par le fœtus. Celles-ci participent dès l’état embryonnaire à l’éveil des sens ainsi qu’à la maturation cérébrale et nerveuse. L’alimentation de la maman doit donc être riche en saveurs aromatiques. Si l’on se réfère aux premiers temps de la vie sur Terre, cette matière végétale parfumée, apparue sur la planète Terre il y a plus de 300 millions d’années avec l’arrivée des conifères, est concomitante, au sein du règne végétal, à une nouvelle manière de se reproduire par une sexualité aérienne. L’apparition des molécules aromatiques et, avec elles, des prémices du sens de l’odorat semble donc être symboliquement associée à l’émergence des gamètes, de la fusion du masculin et du féminin. Résonances puissantes et symboliquement fortes, pour toujours rappeler à l’être humain qu’il fait partie de cette nature bienveillante et que les huiles essentielles sont infiniment porteuses de la vie.
La séparation des corps
Après les neuf mois de grossesse, le bébé se prépare à sa sortie et à son arrivée dans un univers aérien et microbien. Dès la rupture de la poche des eaux, il s’apprête à quitter l’univers aquatique protégé pour se mettre en contact avec l’univers microbien de sa mère (flore vaginale). Premiers instants d’éducation immunitaire et identitaire ; confrontation au « non-moi » et à la séparation d’avec cette fusion maternelle si douce. Le déroulement est progressif, commençant par une dilatation du col induite par les contractions rythmées et régulières (phase du travail), puis expulsion ou sortie du fœtus, puis enfin délivrance, c’est-à-dire sortie du placenta. L’utilisation d’actifs aromatiques adaptés peut favoriser le travail, soulageant ainsi l’organisme maternel, et épargner les souffrances du bébé en relation avec la puissance des forces d’expulsion qu’il subit. Eugenia (eu, qui signifie bon, et genia, la naissance), la patronne des sages-femmes, est aussi le nom d’une plante aromatique, le giroflier. La résonance de cette plante en faveur de la naissance est puissante puisque la quintessence aromatique du clou du giroflier n’est autre que celle tirée du bouton floral non encore épanoui. Cet organe en cours d’« accouchement », issu de la reproduction sexuée, ressemble d’après la théorie des signatures à un fœtus humain en train de sortir de la matrice. Les quatre sépales et les quatre pétales entourant la « tête » sont les deux couleurs symboles de vie : le rouge et le blanc (le sang et le lait). La distillation de cet organe offre une quintessence volatile particulièrement adaptée pour accompagner l’impulsion vitale de l’accouchement. Cette puissante poussée de yang (symbole du mouvement, du courage, de la chaleur… et du masculin) va enfin libérer le trop-plein de yin (matrice tendue à son maximum).
L’HE de clou de girofle possède des propriétés anesthésiantes qui soulagent la douleur des contractions, mais également des propriétés utérotoniques qui favoriseront l’expulsion. Moins de douleur, des mouvements plus efficaces, un accouchement plus rapide, un soutien de l’organisme maternel : les mains chaudes d’Eugenia n’ont pas d’égales pour accompagner et accueillir cette nouvelle vie. L’HE de palmarosa entre en synergie évidente avec le giroflier. Elle aussi possède des propriétés de tonification du muscle utérin. Des études très sérieuses, menées en Angleterre, au John Radcliffe Hospital de l’université d’Oxford Brookes, ont d’ailleurs montré des résultats très encourageants sur ces aspects de gestion de la douleur et de déclenchement d’accouchement.
Soutenir la matière est forcément utile pour un moment aussi puissant qu’un accouchement. Accompagner les émotions de la maman avec les huiles essentielles l’est tout autant, pour lui permettre de les vivre pleinement tout en écartant la peur de l’inconnu, en apaisant les angoisses qui peuvent émerger et en lui apportant courage et volonté pour maintenir l’effort jusqu’au bout.
Amour inconditionnel
La vibration du giroflier est aussi utile pour sa dimension subtile. Elle aide à atténuer l’anxiété de l’accouchement, stimule le mental pour donner vigueur et courage. Sur le plan du stress, lavande fine et encens sauront apaiser l’anxiété, diminuer les palpitations, l’hypertension artérielle, l’oppression thoracique, les tremblements… mais se compléteront magnifiquement aussi au niveau informationnel. L’une véhicule l’archétype de la maman et de l’amour inconditionnel et l’autre celui du divin, de la spiritualité. Lavandula vera (du latin lavare), lave, purifie et soigne le corps et le cœur avec une douceur et un dévouement à toute épreuve. Cette âme généreuse donne tout d’elle-même dans la justesse et l’équité, sans rien attendre en retour. Accoucher dans ces énergies d’amour inconditionnel permet d’exprimer pleinement ses intentions au bébé. Boswellia carterii amène une dimension aérienne, comme une volute tournée vers une dimension que le passage appelle forcément. Invocation ou simple porte ouverte vers un aspect spirituel que chacun pourra envisager à sa convenance. L’important est d’être serein, apaisé et en cohérence avec ses propres aspirations.
Ma formule aroma pour un accouchement harmonieux et facilité
Propriétés : Une synergie antalgique et même anesthésiante, utérotonique.
- HECT de palmarosa (Cymbopogon martinii) : 3 ml
- HECT de giroflier (Eugenia caryophyllata) 2 ml
- HV de noyau d’abricot QSP 15 ml
- HECT : huile essentielle chémotypée.
HV : huile végétale.
Préparation : Verser les huiles essentielles selon les quantités indiquées dans un flacon en verre teinté de 15 ml muni d’un compte-gouttes. Compléter le flacon avec l’huile végétale et agiter.
Indications : Favorise les contractions utérines efficaces et le travail, aide au déclenchement de l’accouchement, soulage les douleurs en cas d’absence d’anesthésie par injection péridurale.
Voie cutanée : Faire pénétrer 6 à 8 gouttes dans le bas du dos, au niveau du deuxième trou sacré, toutes les 20 minutes, pendant le travail.
Voie buccale : Prendre de plus 4 gouttes sous la langue toutes les heures jusqu’à la délivrance.
Contre-indication : Ne pas utiliser avant le terme de la grossesse.
Les règles de prudence
Pendant la grossesse, surtout le premier trimestre, tout recours aux huiles essentielles doit être validé par un aromathérapeute. Il faut bannir l’automédication du fait du risque abortif et neurotoxique des HE contenant des molécules appelées cétones monoterpéniques. Les traitements aromatiques par voie interne sont possibles mais toujours de courte durée et, bien sûr, avec les HE présentant la meilleure tolérance neurologique et hépatique. La voie cutanée reste à privilégier, il faudra cependant éviter d’appliquer les HE sur la ceinture abdominale. En tout état de cause, de nombreuses HE sont strictement contre-indiquées pendant toute la grossesse, notamment : achillée millefeuille, aneth, anis vert et anis étoilé, angélique, toutes les cannelles, carvi, cèdre de l’Atlas et de l’Himalaya, curcuma, cyprès, eucalyptus globulus, katrafay, toutes les menthes, romarin à camphre et à verbénone, sarriette des montagnes et officinale, thym à linalol, à thymol et à carvacrol.