Les plantes de la sensualité
Les plantes nous accompagnent jusque dans l’intimité amoureuse. Ylang-ylang, santal, rose, sarriette, angélique chinoise, baies de schizandra, berce… Sous forme d’huiles essentielles ou utilisées en phytothérapie, elles nous invitent, au-delà de leurs vertus décontractantes ou stimulantes, à prendre soin de notre sexualité.
Les huiles essentielles nous aident à « débrancher » mentalement et à lâcher prise, nous mettant ainsi en condition, nous rendant ainsi disponibles pour des moments d’intimité. Elles ont un effet sur le psychisme et nos émotions, et peuvent nous aider à nous détendre dans un premier temps. Rappelons que les stimulations olfactives provoquées par les essences aromatiques passent directement dans notre cortex cérébral sans être filtrées ni analysées par le thalamus. Parmi les essences invitant à la sensualité figure en tête de liste l’exotique l’ylang-ylang (Cananga odorata). Ses vertus apaisantes et équilibrantes, dues à la présence de linalol et d’esters, servent à combattre l’insomnie, mais aussi à favoriser un état d’abandon langoureux... En Indonésie, la coutume est de répandre des fleurs d’ylang-ylang sur le lit des jeunes mariés pour leur nuit de noces.
Huiles essentielles orientales
Autre plante majeure des contrées asiatiques, le patchouli (Pogostemon cablin) éveille la libido, lutte contre la fatigue sexuelle et combat le manque de confiance en soi. Elle est à la fois neurotonique du fait de la présence de patchoulol, et relaxante par sa composition riche en différents sesquiterpènes comme le gaiène. Encore faut-il se laisser séduire par sa note terreuse et amère, laquelle, adorée ou détestée, ne laisse personne indifférent... Associée à la méditation et aux pratiques spirituelles, l’huile essentielle de santal est aussi éminemment intime. Endocrinomodulante, elle a un effet régulateur sur les glandes sexuelles et les hormones du stress. Elle est aussi dotée d’une remarquable action phéromonale : son parfum imite l’odeur des parties génitales et de la transpiration…
Plus fine et subtile est l’action de l’huile essentielle de rose (Rosa damascena), dont la fragrance précieuse et complexe – près de 400 molécules différentes – est source d’harmonie intérieure et d’apaisement. On dit d’elle qu’elle a la capacité d’ouvrir les cœurs, de favoriser le sentiment amoureux au plus haut niveau, tout en éveillant le plaisir des corps… Reine des huiles essentielles de par sa rareté et son prix, elle s’utilise seule, en massage sensuel en guise de préliminaires, quelques gouttes diluées dans une huile végétale neutre comme l’huile de pépins de raisins suffisant à exhaler sa fragrance intense.
Ylang-ylang, santal et patchouli s’utilisent de la même manière, à raison d’une vingtaine de gouttes en mélange de son choix dans l’équivalent de deux généreuses cuillères à soupe d’huile végétale pour un modelage sensuel en duo. On peut aussi y associer librement de l’huile essentielle de bergamote, d’orange, de petit grain bigaradier ou de géranium, toute ayant des vertus calmantes et déstressantes. Ces mêmes huiles essentielles peuvent aussi créer une ambiance olfactive sensuelle en diffusion prompte à stimuler les sens…
Baies et racines pour la libido
Côté phytothérapie, bon nombre de végétaux prétendent au rang d’aphrodisiaque, dont les fameuses racines de gingembre, de ginseng et de maca. De manière générale, ces plantes agissent sur notre tonus et notre forme, nous donnant l’allant nécessaire aux ébats intimes. De plus en plus plébiscité, la schizandra (Schisandra chinensis), plante adaptogène, réharmonisante et tonifiante générale, aurait un impact positif sur la libido. Ses petites baies rouges, connues depuis des millénaires par la pharmacopée chinoise, sont ainsi surnommées « fruits de l’amour ». Une action peut-être due à sa richesse en lignanes, des substances végétales stimulant le système hormonal. Quoi qu’il en soit, appelée aussi « baie des cinq sens », le schizandra était – comme l’ylang-ylang – utilisé durant la nuit de noces des jeunes couples de Chinois. Réputées exalter les sens au niveau du système nerveux central, ses baies aiguiseraient le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue et surtout le toucher… Les cinq sens stimulés, le plaisir serait ainsi plus intense ! Encore peu répandue, on la trouve en magasins naturels sous forme de gélules.
Toujours dans les contrées chinoises, le dong quai, ou angélique de Chine (Angelica sinensis) se présente comme « la plante de la femme », permettant de vivre sereinement sa féminité tout au long de sa vie. Indiquées pour soulager les troubles de la ménopause, les cycles irréguliers ou l’absence de règles, ses racines sont aussi un aphrodisiaque féminin par excellence… Plante œstrogénique grâce à l’acide férulique présente dans ses racines, elle tonifierait l’utérus, stimulerait certains de ses récepteurs en intensifiant les sensations de plaisir durant les rapports intimes. À noter que sa cousine bien de chez nous, l’angélique officinale (Angelica archangelica), est plébiscitée par certains phytothérapeutes comme l’américain Matthew Wood pour les mêmes vertus. Les deux se consomment sous forme de décoction de racines.
Rebooster le désir avec la berce
Commune des jardins et des prés, la berce (Heracleum sphondylium) présenterait des propriétés très intéressantes, entre autres pour la sphère intime. Henri Leclerc la compare même à l’échinacée pour son effet tonique et stimulant du système immunitaire grâce à l’un de ses principes actifs, l’octanol. La plante fut longtemps utilisée comme aphrodisiaque, prompt à booster un désir en panne… Propriété dont ce grand nom de la phytothérapie moderne, médecin militaire durant la Première Guerre mondiale, vérifia l’authenticité auprès de patients atteints d’asthénie sexuelle, et dont on peut profiter en consommant régulièrement des infusions de ses feuilles.
Stimulant sexuel par excellence, la sarriette (Satureja montana) était quant à elle très prisée par les Grecs de l’Antiquité, qui lui prêtaient les plus irrésistibles vertus aphrodisiaques. La plante tire ainsi son nom des satyres de la mythologie, créatures lubriques séduisant les nymphes en jouant de la flûte et qui tenaient leur ardeur de cette aromatique dont ils consommaient les feuilles. Cette « herbe de l’amour » doit son effet érotisant à l’ériodictyol, un flavonoïde aux effets relaxants et vasodilatateurs. Propriétés dont on peut profiter sous forme d’infusion de ses feuilles, ou via quelques gouttes de son huile essentielle diluée dans une grande cuillère à soupe d’huile végétale. Un massage appliqué le long de la colonne vertébrale avec ce mélange suffirait, dit-on, à faire tourner la tête aux amoureuses et amoureux un peu coincés… Finalement, pas besoin d’aller nécessairement chercher à l’autre bout du monde pour animer sa vie intime !