Dossier
Voyage au pays des épices qui soignent (1/7)
Un soupçon d’histoire, une pincée de botanique et une bonne dose de phytothérapie : on ne saurait parler des pouvoirs thérapeutiques des épices sans évoquer leur riche passé et sans s’émerveiller devant leurs formes végétales. Presque toutes sont dotées des propriétés digestives. Mais certaines se distinguent comme la cannelle, le curcuma, le clou de girofle et le safran, car leurs vertus les rendent indispensables aujourd’hui quand on veut se soigner par les plantes.
Les épices : Une médecine qui a du goût
Le mot épice n’est apparu qu’au XIIe siècle en France, dérivant du latin « species » (espèce) car ce type de denrées servait autrefois de monnaie d’échange. On payait « en épices » ! C’est dire la valeur que l’on prêtait à ces végétaux… Les épices se caractérisent par leur puissance aromatique : elles sont en effet des concentrés de saveurs et de parfums. Selon la plante, la partie utilisée peut être la feuille, le bouton floral, le fruit, la graine, la racine, le rhizome ou encore les « stigmates » (pistil) et le « liber » (partie interne de l’écorce)… Une bonne occasion pour réviser ses bases de botanique ! On qualifie aujourd’hui les épices de « super aliments » : dans la classification ORAC (Oxygen radical absorbance capacity), qui mesure le potentiel antioxydant des aliments, elles font figure de meilleurs élèves, avec en tête le clou de girofle suivi de la cannelle et du curcuma. Connues et utilisées de longue date, elles n’ont pas attendu ce classement pour constituer des aliments qui concentrent des substances protectrices de notre santé.
La cannelle est l’une des premières...
épices arrivées d’Asie. Elle est tellement présente dans notre cuisine, notamment en pâtisserie, qu’on en oublierait ses origines tropicales ! La cardamome, le gingembre et le curcuma étaient aussi connus depuis la haute Antiquité. On a très tôt su apprécier les vertus culinaires des épices, servant à la fois à apporter du goût à la nourriture et à la rendre plus digeste. Un grand nombre d’entre elles étaient aussi employées en médecine : l’ayurvéda puis la médecine traditionnelle chinoise ont toujours considéré les épices comme des remèdes. En Occident, les traditions médicinales autour des épices sont moins nombreuses, mais elles se développent depuis quelques années avec notamment le curcuma et le safran, qui font l’objet de nombreuses recherches.
Les épices sont amies du système digestif… et de notre microbiote
Les épices apportent une aide précieuse à notre système digestif. Cela commence en bouche, où ces ingrédients savoureux stimulent la sécrétion salivaire. En aval, elles stimulent le foie et la vésicule biliaire. La plupart des soucis digestifs sont à leur portée : aigreurs d’estomac, douleurs abdominales, ballonnements, aérophagie, diarrhée ou constipation. Elles régulent l’appétit, en l’ouvrant lorsqu’il est déficient, mais aussi en le comblant lorsqu’il est trop grand : si l’on veut utiliser moins de matières grasses, de sucre ou de sel, on peut compter sur les épices pour satisfaire sa gourmandise. Tous ces effets sont connus depuis l’Antiquité, d’où un usage traditionnel en cuisine. Ce qu’on a découvert il y a peu, ce sont les effets prébiotiques des épices : « Elles favorisent les bonnes bactéries de notre intestin, lactobacilles et bifidobactéries », explique le Dr Didier Chos. Elles sont en effet riches en polyphénols, une des cinq familles de substances désormais reconnues pour leurs effets positifs sur le microbiote. Pour profiter de leurs bienfaits, le médecin conseille d’employer au quotidien des mélanges, faisant ainsi écho aux traditions telles que le curry ou le « massala » en Inde, le « ras-el-hanout » en Afrique du Nord, etc.
Un antidépresseur naturel
Plusieurs études indiquent que la consommation de safran permet d’atténuer significativement les symptômes de la dépression. Ses principes actifs, le safranal et la crocine, inhibent la recapture de la dopamine et de la sérotonine, hormone de la bonne humeur. En pratique • Choisissez des compléments alimentaires apportant environ 30 mg par jour. • En teinture-mère, on conseille 50 gouttes matin et soir diluées dans une infusion de valériane ou de mélisse.