Cystite et calculs : comment fluidifier la sphère urinaire
Les reins jouent un rôle essentiel dans le filtrage et l’élimination des déchets en les dirigeant, via les uretères, vers la vessie. Ce système urinaire peut être touché par une cystite ou des calculs. Des pathologies qui empoisonnent la vie car elles sont souvent récidivantes. Les prévenir implique l’adoption d’une bonne hygiène de vie, et cela commence par l’alimentation.
Communément appelée « infection urinaire », la cystite est une inflammation de la vessie liée à la présence de bactéries provenant en majorité du tube digestif. C’est une affection qui touche principalement la femme et qui se manifeste par des brûlures et des douleurs lors de la miction associées à une envie fréquente d’uriner. La prévention passe d’abord par une hygiène stricte et une bonne hydratation (boire 2 litres d’eau par jour), mais il ne faut pas négliger l’alimentation, qui joue un rôle très important. Les légumes, par exemple en soupe, ont ainsi l’avantage de vous apporter des fibres bénéfiques pour le transit. Que vient faire ici cette problématique, me direz-vous ? La constipation est un facteur de risque démontré d’infection urinaire : la stagnation des matières dans le rectum favorise le passage des bactéries vers l’appareil urinaire, ce qui explique d’ailleurs que la bactérie la plus fréquemment rencontrée dans les cystites est Escherichia coli, commensale du côlon.
Ainsi, il est important de veiller à un apport en fibres suffisant en consommant des légumes (concombre, radis, laitue, aubergine, courgette, haricots verts), mais aussi des légumineuses, qui sont particulièrement riches en fibres insolubles (cellulose, hémicellulose, lignine). Elles optimisent en effet le bon fonctionnement intestinal. Faites donc une place aux lentilles, pois chiches, haricots noirs ou rouges. N’oubliez pas l’étape du trempage des légumineuses, qui permet d’en faciliter la digestion. Il est recommandé de consommer 25 à 30 g de fibres par jour, mais si vous n’en avez pas l’habitude, augmentez vos apports de façon progressive pour en optimiser la bonne tolérance.
Équilibrer sa flore
Dans le même ordre d’idées, il faut prendre soin de sa flore intestinale en ingérant des probiotiques afin de l’équilibrer. C’est d’ailleurs démontré dans la littérature scientifique : une diminution du taux d’infection urinaire est corrélée à la prise de probiotiques. Pour en bénéficier, faites une place aux aliments lactofermentés comme les légumes et les jus que l’on trouve facilement dans les boutiques de produits biologiques. En outre, ajoutez du pollen de ciste frais dans vos soupes froides et vos smoothies : il participe à la prévention des infections urinaires et apporte des probiotiques. Cette alimentation riche en légumes, à compléter avec des fruits (fraises, mangue, kiwi, papaye) permet une alcalinisation des urines par modification du pH : cette piste est envisagée par certains spécialistes pour prévenir les infections urinaires.
N’oubliez pas non plus d’éviter...
les glucides à index glycémique élevé (confiseries, dattes, corn flakes industriels) : les bactéries raffolent du sucre, inutile de leur faciliter la tâche !
Le plein de fruits
Les lithiases ou calculs touchent 5 à 10 % de la population, principalement l’homme jeune ou moins jeune. Les calculs se forment par agrégation de petits cristaux. Ils exposent à des douleurs, mais aussi au risque d’obstruction des voies urinaires et même à des infections. Il existe différents types de calculs classés en fonction de leur composition chimique. Le plus fréquemment, ils sont à base d’oxalate de calcium ou d’acide urique. Certes, les végétariens sont peu exposés à un taux élevé d’acide urique, car il provient essentiellement des produits animaux (viandes, crustacés). Mais quoi qu’il en soit, il importe de faire le plein de fruits et de légumes tout en s’hydratant beaucoup. Il est ainsi recommandé de boire 2 litres d’eau par jour au minimum, voire plus en cas d’activité physique ou de forte chaleur Mieux vaut aussi privilégier une eau riche en bicarbonates (Saint Yorre, Hépar, Vittel). En plus de boire de l’eau, n’oubliez pas ces autres excellentes sources d’hydratation que sont les bouillons ou des soupes légères de légumes. Si vous avez souffert de calculs d’oxalate de calcium, réduisez les apports en aliments qui en contiennent. Hélas, nombre d’aliments en contiennent (chocolat, épinards, oseille, asperges, betteraves, rhubarbe, noix de cajou, café...), et leur suppression risque de vous exposer à plus d’effets délétères que positifs. Privilégiez ceux dont le ratio oxalate/ calcium est bas, comme le thé, le persil et les graines d’amarante. La présence de calcium diminue en effet l’excrétion d’oxalates dans les urines, et donc le risque de calcul. En outre, le trempage, la fermentation et la germination réduisent le taux d’oxalates dans un aliment. Pensez au citrate, acide organique qui inhibe la formation et l’agrégation des cristaux d’oxalate de calcium. On le trouve en quantité importante dans l’orange et le citron.
Attention au sel !
Pour tous les calculs, limitez les apports en sel : maximum 6 g par jour. Lisez bien les étiquettes, car les plats préparés en contiennent presque tous. Par exemple, du jus de légumes industriel acheté dans le commerce peut renfermer plus de 5 g de sel par litre… Pas de restriction en revanche pour les apports en calcium : ne vous privez pas des brocolis, des panais, des navets, des citrons.
Ces conseils réduisent le risque de récidive et permettent de limiter le retentissement sur le fonctionnement du rein, un organe à préserver au quotidien.
J’ai longtemps souffert de cystites récidivantes. À l’époque, je voyageais beaucoup pour mon travail et vivais avec l’appréhension de la prochaine crise. Nonobstant de bonnes habitudes alimentaires et mictionnelles, et même parfois des antibiotiques, je n’arrivais pas à me débarrasser de ce problème douloureux et gênant. Ce n’est qu’après avoir déménagé au Canada, il y a 25 ans, que j’ai pu dire adieu aux cystites, grâce à la fabuleuse canneberge, jadis utilisée par les sorciers guérisseurs amérindiens. Depuis lors, je bois chaque matin un verre de jus de canneberge biologique, sans sucre ajouté, avec un double plaisir.
Cinzia Cuneo cofondatrice de SOSCuisine.com
La canneberge : oui, si elle est de qualité
La canneberge (Vaccinium macrocarpon), a été identifiée pour lutter contre les infections urinaires, car sa richesse en proanthocyanidines (flavonoïdes) permet d’inhiber l’adhérence d’Escherichia coli sur les parois des voies urinaires. Or, certaines études ont remis en question cet effet chez l’être humain. En dehors des lacunes méthodologiques qu’elles présentent, elles n’ont pas pris en compte la qualité des jus. Or, la plupart sont dilués, contiennent des sucres ajoutés et sont donc pauvres en proanthocyanidines. Pour obtenir toute son efficacité, optez pour des baies congelées, séchées ou des jus de qualité, sachant qu’en cas d’infection avérée il existe des compléments alimentaires bien dosés.
L’ortie au menu ?
L’ortie (Urtica dioica) est une plante de la famille des urticacées. Ses nombreuses propriétés devraient éloigner définitivement son image de mauvaise herbe. C’est aussi une amie de la sphère urinaire. L’ESCOP (European Scientific Cooperative On Phytotherapy) en reconnaît d’ailleurs l’utilité pour les atteintes de la sphère urinaire, en cas d’inflammation des voies urinaires et en prévention des calculs grâce à son effet diurétique. Quelques idées : ajoutez son jus frais (obtenu à l’extracteur) dans vos smoothies, cuisinez ses jeunes pousses à la poêle ou préparez-les en soupe. Pas d’inquiétude, ces procédés lui font perdre son caractère urticant. En outre, c’est gratuit : ramassez-la toutefois dans des lieux non pollués et rincez votre cueillette à l’eau vinaigrée.
S’hydrater sans danger
Qu’il s’agisse de prévenir la cystite ou les calculs, une bonne hydratation est indispensable. Mais attention, toutes les boissons ne se valent pas !
• Quand on fait une petite pause dans la journée, on aime bien l’accompagner d’une boisson chaude ou fraîche en fonction de la saison et des habitudes de chacun. Si vous êtes sujet à la cystite, privilégiez plutôt une boisson pauvre en sucres ou un peu de jus de pommes dans un verre d’eau pour un effet « sirop ». Évitez temporairement thé et café et surtout bannissez l’alcool qui irrite la vessie.
• Si vous présentez plutôt un risque de calculs urinaires, optez pour un thé, un jus d’orange ou une tisane (pissenlit ou verge d’or). Les sodas sont à bannir de façon définitive : ils sont souvent très sucrés et contiennent de l’acide phosphorique, un acidifiant pouvant entraîner des modifications dans la composition de l’urine et favoriser de ce fait la formation des calculs. Une raison de plus de s’en passer !