Le sucre : il vous empoisonne en douceur
Ennemi public numéro un, le sucre a aujourd'hui très mauvaise réputation. Et pour cause, consommé sous sa forme raffiné, il est mortel.
Faut-il bannir le sucre ? Certes non. Les sucres (glucides) ont un rôle majeur dans notre métabolisme. Leur implication dans les processus vitaux est telle que la plupart des anomalies du métabolisme glucidique engendrent des maladies graves, dont certaines sont fatales et la plupart incurables. Outre le fait qu’ils sont dégradés en sucres simples pour fournir de l'énergie (sous forme de glucose), les sucres ont des vertus indéniables, notamment celle de combattre le diabète grâce à la présence de FTG (facteur de tolérance au glucose). Présents sur les membranes des cellules, ils interviennent dans les contacts qui déterminent les interactions et les déplacements cellulaires. Et peuvent aussi être combinés en des ensembles complexes qui se fixent sur d'autres molécules (protéines ou lipides), en modifient la fonction, en marquent l'identité et leur servent de panneau indicateur en les orientant vers leur destination. C’est seulement une fois raffiné que le sucre devient poison. Facteur de maladie, de vieillissement prématuré et de dégénérescence, le sucre raffiné est considéré par la plupart des professionnels de santé comme l’ennemi public numéro un. Et ça fait des siècles que cette « épice d’apothicaire » sévit sans rencontrer de véritable résistance.
Le sucre, facteur de dégénérescence
Adulé par les uns qui lui attribuaient toutes les vertus, honni par les autres qui le rendaient responsable de tous les maux, le sucre est, depuis son arrivée en Europe au XIème siècle, l'objet d'incessantes polémiques et controverses. Avant Henri IV, on ne le délivrait que chez les pharmaciens comme drogue. Du snobisme médicinal aux phobies puritaines qui ne voyaient en lui qu'un motif illégitime de plaisir, des convictions idéalistes des uns aux croyances pseudo-scientifiques des autres, ce sont toujours les intérêts économiques qui l'ont emporté. Depuis le premier quart du XXèmesiècle, le signal d'alarme n'a jamais cessé d'être tiré par toutes les professions de santé qui, chaque fois qu'elles en ont eu l'occasion, ont dénoncé avec véhémence les ravages du sucre raffiné et les dangers de la généralisation de sa consommation. Dans les années 1930, le docteur Weston A. Price, un dentiste, chercheur à l’Université de Cleveland (Ohio), après avoir parcouru le monde entier, concluait dans son étude « Nutrition et dégénérescence physique » que les peuples vivant dans des conditions primitives étaient en bonne santé et avaient une excellente dentition car ils mangeaient des produits naturels non raffinés. Et que la dégénérescence physique a débuté chez eux lorsque notre civilisation leur a apporté les aliments sucrés et raffinés. Dès les années 1940, le docteur Catherine Kousmine mettait en garde contre les méfaits du sucre : «Ce "carburant" privilégié des muscles peut être le meilleur comme le pire des aliments selon qu'il s'agit de sucre naturel ou de sucre raffiné…». Ce discours, inquiétant, qualifié d'alarmiste par les éternels optimistes, a sans cesse été habilement contré par le lobby des sucriers.
Une intoxication imposée par les lobbies industriels
Selon l'étude SuviMax (Supplémentation en vitamines minéraux et anti-oxydants), la consommation de sucre représente aujourd'hui 41 % de nos apports énergétiques. Et si les plus conscients de la nocivité du sucre s'efforcent d’en réduire leur consommation, ils n'y parviennent pas vraiment et en absorbent à leur insu de grandes quantités. Il convient en effet de distinguer la consommation directe maîtrisable qui correspond au sucre que l'on met dans son café ou dans son yaourt, avec celle qui se fait indirectement en ingurgitant des aliments industriels ou des médicaments. Hélas, la plus grande partie du sucre que nous consommons se présente sous une forme vicieuse. Elle est cachée dans les desserts, les pâtisseries, les biscuits, les glaces, les boissons mais aussi dans les desserts lactés, les conserves, les plats préparés… et les aliments ou boissons dits « allégés ». En 1979, la consommation directe de sucre était de 30 %, celle de sucre caché de 70 %. En 1991, les proportions étaient de 18 % pour la première et de 82 % pour la seconde.
Et la tendance n’est pas près de s’inverser. La pratique industrielle qui consiste à rajouter insidieusement une proportion toujours plus importante de sucre répond en effet à trois motivations : masquer l'amertume des produits ou en dissimuler l'acidité, en améliorer la conservation et surtout flatter le goût du client qui est d'autant plus facile à satisfaire que le produit est édulcoré. D'ailleurs, depuis vingt-cinq ans, l'évolution des ventes de produits à saveur sucrée (ou contenant du sucre caché) est en pleine expansion. En particulier aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne où la consommation de sucre atteint des sommets. Dans une récente étude, le Nasa Research Center, Hampton, Virginie (USA), a estimé à 150 000 par an le nombre de décès dus au sucre aux États-Unis.
Le sucre épuise nos réserves de minéraux et vitamines
Le sucre blanc ou saccharose (sucre de table) fait partie des substances riches en calories vides, mais complètement dénuées de vitamines, minéraux et oligo-éléments. Le saccharose consomme des minéraux pour son métabolisme, sans en apporter, d'où son effet déminéralisant. Plus grave, le métabolisme épuise notre réserve en vitamine B1 et entraîne une carence en magnésium qui va engendrer du stress et de la fatigue. Car contrairement aux idées reçues, le sucre blanc excite dans un premier temps pour ensuite déboucher sur une grosse fatigue. Les glandes surrénales sont constamment sollicitées pour obliger le foie à convertir ses réserves de sucres en glucose. Cette perpétuelle sollicitation finit par dérégler le mécanisme, engendrant une chute du taux de sucre sanguin à certaines périodes de la journée et conduisant à une hypoglycémie réactionnelle. Le cerveau, grand demandeur de glucose, se trouve alors en manque et il s'en suit un état de nervosité et de fatigue aux frontières de l'évanouissement. Les effets des sucres blancs sur la santé des enfants sont encore plus insidieux. Ces sucres « morts », dépourvus de vitamines, d'enzymes et d'oligo-éléments mettent en danger l'intégrité même de leurs structures osseuse, nerveuse, cardio-circulatoire, respiratoire et métabolique.
Le sucre est immunodépresseur
La mieux connue et la plus prévalente des maladies du métabolisme du sucre est le diabète. Dès 1923, le canadien Frédéric Banting, prix Nobel de médecine pour la découverte de l’insuline, a noté que chez les planteurs de canne à sucre qui consommaient beaucoup de sucre raffiné, le diabète était chose courante alors qu’il n’affectait pas les ouvriers qui ne mâchaient que de la canne à sucre brute. Aujourd’hui, cette maladie touche près de cent millions de personnes dans le monde. Elle est causée par des anomalies dans la production d'une hormone, l'insuline, qui contrôle l'utilisation du glucose, ou dans la réponse des cellules à celle-ci.
Les autres maladies et troubles de la santé liés à la consommation de sucre sont aussi en constante augmentation : hypoglycémie, désordres hormonaux dus à l'épuisement des glandes, y compris les surrénales et la thyroïde, diminution de l'efficacité des globules blancs (leucocytes) et du système immunitaire en général, troubles mentaux (aux États-Unis, des travaux ont montré la diminution de l'agressivité et des rixes dans les prisons où l'on avait supprimé le sucre blanc), consommation de médicaments psychotropes, ostéoporose, déminéralisation, obésité, cholestérol, athérosclérose et vieillissement prématuré. La tendance catarrhale (inflammation des muqueuses) s'en trouve accentuée. Rhumes, bronchites, troubles pulmonaires et digestifs, développement de maladies microbiennes (y compris les méningites) doivent beaucoup aux sucres apparents et cachés dans les conserves et les boissons industrielles. Des études sérieuses ont démontré que le risque de cancer du côlon est aggravé par la prise régulière d'aliments très sucrés et que, chez les femmes, les maladies cardio-vasculaires sont souvent engendrées ou aggravées par le sucre.
Le sucre est une drogue dure
Consommer du sucre donne souvent une sensation d'euphorie. On retrouve-là la notion bien connue de dépendance. Combler ce manque devient la principale préoccupation de la personne dépendante. À ce titre, les sucres industriels raffinés sont tout aussi dangereux que l'alcool et le tabac, voire que les drogues dites « dures ». En effet, le sucre crée une dépendance aussi forte que la morphine ou la cocaïne. La toxicomanie au sucre est devenue l'une des affections les plus répandues et les plus meurtrières de notre temps. Nous ne savons pas si c'est le « sucrisme » qui entraîne une dépendance ou un état de dépendance qui entraîne une « sucromanie », laquelle est susceptible de se déplacer vers d'autres dépendances (tabacomanie, toxicomanies, alcoolomanie...). Cette dépendance peut être psychologique mais aussi physique.
Pour finir de vous convaincre, des études récentes réalisées aux États-Unis, ont démontré qu’un adolescent nourri avec des produits exempts de sucres raffinés risque beaucoup moins de s'adonner aux drogues que celui qui s'alimente avec du « Junk Food » (ce mot américain veut dire littéralement « nourriture-poubelle »). Alors, si vous voulez ne pas intoxiquer votre enfant et risquer d’en faire un consommateur en puissance de drogues dures, supprimez le sucre blanc et remplacez-le éventuellement par du sucre de canne complet, du miel biologique non chauffé ou du sirop d'érable.
Seule, une correction alimentaire permet de sortir de « l'enfer du sucre ». Mais, il est difficile d'éliminer totalement de son alimentation le sucre. Fort heureusement, notre corps est doté de mécanismes de dépollution très puissants qui fonctionnent fort bien tant que nous leur apportons les substances et les nutriments dont ils ont besoin. Nous devons l’aider en consommant le plus possible d'aliments naturels complets qui vont lui fournir les vitamines et les enzymes dont il a besoin pour métaboliser et éliminer les substances indésirables. D’autant plus que nous ne sommes pas tous égaux face au sucre et que certains facteurs peuvent être aggravants : l'hérédité, les troubles du comportement alimentaire, le stress et l'absence d'activité physique.
N’oubliez pas que notre organisme n’a aucun besoin de sucre (ou saccharose) car son véritable carburant, le glucose, lui est fourni par la consommation de glucides complexes à base d'amidon qui, d'ailleurs, n'ont aucune saveur sucrée. La première des choses est de bannir et de traquer les sucres raffinés. Consommez du pain complet bio au levain, du germe de blé et de la farine de blé complète. L'enveloppe des grains concentre en effet une grande quantité de chrome favorable à une bonne glycémie (FTG). Vous rejoindrez alors les rangs des consommateurs avisés qui ne laissent plus les industries alimentaires, au nom du profit économique, ruiner leur santé. Un bon conseil toutefois. S’il vous est impossible de vous passer de vos sucreries quotidiennes, prenez-les à la fin des repas, plutôt qu'à jeun.