Vivre au rythme maîtrisé des hormones
Les femmes font preuve d'une extraordinaire capacité d'adaptation. Au cours de leur vie, elles subissent des changements hormonaux d'une grande intensité et qui ont un impact sur leur état émotionnel. Voici nos conseils pour se faire accompagner, lorsque le besoin s'en fait ressentir, par les huiles essentielles.
Le système hormonal tient une place particulière dans l’organisme féminin. D’une extrême complexité, il est formé de différentes glandes endocrines qui synthétisent et sécrètent des hormones. Elles atteignent les organes cibles via la circulation sanguine afin d’induire une activité physiologique. Il existe plusieurs glandes comme l’hypophyse, la thyroïde, les ovaires et donc différentes hormones comme les hormones hypophysaires, thyroïdiennes ou sexuelles. La production d’hormones sexuelles commence à l’adolescence engendrant de grands bouleversements physiques et psychologiques et entérinant l’aptitude à se reproduire.
À partir de ce moment-là, la vie de la femme sera rythmée par ses cycles hormonaux mensuels. Tous les mois, des œstrogènes, puis de la progestérone sont sécrétés à différents taux entraînant l’ovulation vers le quatorzième jour du cycle, puis l’apparition des règles, s’il n’y a pas eu fécondation, vers le vingt-huitième jour. Trois à sept jours avant les règles, certaines jeunes femmes ressentent un véritable mal-être, accompagné de plusieurs symptômes comme la fatigue, les maux de tête et l’irritabilité, désigné par le terme de syndrome prémenstruel (SPM). Chez d’autres, le flux menstruel qui correspond à un détachement, puis à une évacuation de la muqueuse utérine peut s’avérer très douloureux. La grossesse et l’allaitement sont autant de tsunamis hormonaux que les femmes accueillent avec beaucoup d’humilité et d’abnégation. De nos jours, on sait qu’il existe un lien étroit entre le système nerveux, le système immunitaire et le système endocrinien ce qui signifie qu’un changement hormonal, aussi minime soit-il, a un impact sur l’organisme et l’état psychoémotionnel de la personne qui le subit.
Puis, vers l’âge de 52 ans, la sécrétion d’œstrogènes et de progestérone diminue jusqu’à disparaître. Ces étapes de la vie des femmes sont appelées la périménopause et la ménopause, caractérisée par une absence totale d’ovulation et de règles. Les femmes ne sont plus en état de procréer. Comme lors de l’adolescence, le corps et le mental changent. Mais il n’est pas toujours facile d’accepter ces changements physiologiques importants. D’autant que de nombreux désagréments, comme des bouffées de chaleur, une sécheresse vaginale, un état dépressif léger, peuvent apparaître. Leur fréquence et leur intensité ont un impact non négligeable sur la qualité de vie de ces femmes. Ils peuvent perturber leur sommeil, leur vie sexuelle, leur vitalité et donc, plus généralement, leur vie sociale. Pour pallier ces ennuis, un traitement hormonal substitutif (THS) peut être prescrit par un gynécologue, mais il ne s’agit pas d’un traitement naturel.
Des plantes hormone-like
Or en phytothérapie comme en aromathérapie, des plantes et des huiles essentielles sont dites hormone-like ce qui signifie qu’elles miment l’activité des hormones en se fixant sur les mêmes récepteurs. Il existe, donc, des huiles essentielles cortisone-like, œstrogene-like et progestérone-like. En tête de file des huiles essentielles...
œstrogene-like, les sauges officinale et sclarée ! Cependant, l’huile essentielle de sauge officinale (Salvia officinalis), contenant de la thuyone, une cétone neurotoxique, sera avantageusement remplacée par celle de sauge sclarée (Salvia sclarea). Les huiles essentielles au goût anisé, comme celles d’anis vert (Pimpinella anisum), d’anis étoilé (Illicium verum) et de fenouil (Foeniculum vulgare), ont aussi cette activité œstrogénique légère. Tandis que les principales huiles essentielles progestérone-like sont celles d’achillée millefeuille (Achillea millefolium) et de gattilier (Vitex agnus castus) connue, plus particulièrement, pour son effet anti-œstrogène. Il est important de noter que toutes ces huiles essentielles sont déconseillées aux femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancers hormonodépendants. En cas de troubles hormonaux, il est aussi primordial d’agir sur les symptômes pour les soulager. La douleur qui peut être due à des spasmes involontaires des muscles lisses de l’utérus ou à une inflammation doit rapidement être atténuée. Le système nerveux central doit aussi être pris en compte, notamment, en cas de sautes d’humeur, d’irritabilité ou d’anxiété. Il sera apaisé grâce à des huiles essentielles d’une grande efficacité.
Rétablir la paix intérieure
La synergie proposée pour vivre au mieux le syndrome prémenstruel (SPM) a donc été pensée pour pallier la cause qui serait, éventuellement, un taux trop important d’œstrogènes dans la seconde partie du cycle normalement sous l’influence de la progestérone mais aussi pour améliorer la qualité de vie des patientes. Comme dit précédemment, l’huile essentielle de gattilier diminue la concentration d’œstrogènes dans le sang. L’huile essentielle de basilic exotique (Ocimum basilicum), particulièrement destinée aux femmes, est antispasmodique grâce à la présence d’estragol, un éther, ce qui signifie qu’elle atténue les contractions involontaires des muscles lisses, notamment ceux de l’utérus. Elle est aussi antalgique. L’huile essentielle d’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora), riche en aldéhydes terpéniques, est anti-inflammatoire et antalgique. Tandis que celle d’ylang-ylang (Cananga odorata), la fleur des fleurs, essentiellement féminine, calme les maux les plus « sourds » et les plus profonds. Ce mélange aromatique diminuera donc fortement la douleur et aura un impact non négligeable sur l’état psychoémotionnel de la jeune femme qu’il pacifiera. Car les huiles essentielles de basilic exotique, d’eucalyptus citronné et d’ylang-ylang sont aussi apaisantes, relaxantes, par voie locale, lors du massage, mais aussi grâce à leur fragrance, en olfactothérapie. C’est dans cet esprit qu’il est conseillé de respirer profondément lors de leur application sur le bas-ventre.
À savoir enfin, en cas de troubles hormonaux persistants, un dosage sanguin prescrit par un médecin permet de connaître l’environnement hormonal de la patiente afin de cibler avec plus de précisions les huiles essentielles qui conviennent.
Ma formule pour soulager le syndrome prémenstruel
Par Pascale Gélis-Imbert, docteur en pharmacie
Propriétés : Progestérone-like, antispasmodique, anti‑inflammatoire, antalgique et apaisante.
Indications : Maux de tête, fatigue, seins douloureux dus aux règles.
Voie locale
- HE de gattilier (Vitex Agnus castus) 0,5 ml
- HE de basilic exotique (Ocimum basilicum) 0,5 ml
- HE d’eucalyptus citronné (Corymbia citriodora) 0,5 ml
- HE d’ylang-ylang (Cananga odorata) 5 gouttes
- HV de noyaux d’abricot QSP 10 ml
Mode d’emploi : Mettez les quantités d’HE correspondante dans un flacon en verre brun de 10 ml, préalablement nettoyé. Mélangez, puis remplissez‑le avec l’huile végétale de noyaux d’abricot. Fermez-le, mélangez et mettez une étiquette décrivant son contenu et sa date de fabrication.
Posologie : Prenez trois à quatre gouttes du mélange dans le creux de votre main et massez le bas-ventre de manière circulaire, dans le sens des aiguilles d’une montre, en respirant profondément, dès le seizième jour du cycle, matin et soir, jusqu’au deuxième ou troisième jour des règles, selon le ressenti. Renouvelez le traitement, tous les mois, pendant six mois.
Précautions d’emploi : Cette formule est déconseillée aux femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancers hormonodépendants et aux femmes enceintes ou allaitantes.
Diminuer la douleur de l’endométriose
L’endométriose se caractérise par la formation d’endomètre dans la cavité abdominale. L’endomètre est la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus en vue d’accueillir un embryon après fécondation. Il s’épaissit pendant la durée du cycle. Puis il est évacué, le vingt-huitième jour, s’il n’y a pas eu fécondation ; ce sont les règles. En cas d’endométriose, cette muqueuse, située hors de l’utérus, se forme, puis se délite chaque mois. Cependant, le sang et les cellules endométriales restent dans l’abdomen et deviennent irritants. Il en résulte des douleurs dans le bas-ventre qui s’accentuent lors de l’ovulation, pendant les règles, les rapports sexuels et au moment d’uriner.
À savoir
L’application d’huiles essentielles ne permettra pas de soigner l’endométriose, mais diminuera les symptômes, notamment la douleur. Les huiles essentielles d’achillée millefeuille (Achillea millefolium), de basilic exotique (Ocimum basilicum), d’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora), de laurier noble (Laurus nobilis), de petit grain bigarade (Citrus aurantium) et d’ylang-ylang (Cananga odorata) soulageront l’inflammation et la douleur. Il est important de choisir celle dont la fragrance convient le mieux, de la diluer à environ 15 % dans une huile végétale d’onagre ou un macérat huileux d’arnica avant de l’appliquer sur le bas-ventre.
Se préparer à la ménopause
Dès l’apparition d’une irrégularité dans l’ovulation et les règles, les femmes devraient prendre des dispositions pour se préparer en douceur à la ménopause. En particulier pour gérer les quatre désagréments les plus mal vécus que sont les bouffées de chaleur, la prise de poids au niveau de l’abdomen, la perturbation du sommeil et l’apparition d’angoisses notamment nocturnes, de sautes d’humeur et d’irritabilité. Des plantes, comme le houblon ou le cimicifuga, et des huiles essentielles comme celle de sauge sclarée permettent d’agir en synergie pour rendre la vie des femmes ménopausées plus agréable. La pratique de la méditation, de l’autohypnose ou du yoga, sans oublier une alimentation adaptée, sont aussi à tester pour mieux accepter cette période.
À faire
Les huiles essentielles utilisées en olfactothérapie procure du réconfort dans ces moments déstabilisants. Il s’agit de respirer profondément et calmement, quatre à cinq fois par jour, à même le flacon, de l’huile essentielle d’ylang-ylang, par exemple, Celle-ci va apaiser le corps et le mental.