Mieux prévenir les affections bucco-dentaires avec les huiles essentielles
C’est souvent quand on a mal aux dents que l’on se préoccupe de son hygiène buccale. Et encore, pas toujours très sérieusement. Pourtant, ce sont des gestes quotidiens qui vont nous aider à prévenir les infections et autres parodontites. Compte tenu du coût des soins dentaires, les huiles essentielles représentent une excellente alternative.
Les maux bucco-dentaires peuvent rapidement envenimer notre quotidien. Alors que les caries raffolent de la bouche des petits et des grands, la parodontite causant l’inflammation des gencives se retrouve chez les sujets d’âge moyen, allant jusqu’à provoquer la chute des dents chez les plus âgés. Une douleur générée par une infection et/ou une inflammation va venir perturber l’élocution, et surtout l’alimentation. Pour avoir des dents et des gencives en bon état, il faut commencer par éviter la consommation d’alcool, de tabac et d’aliments riches en sucre. De plus, l’hygiène doit être irréprochable, condition sine qua non pour prévenir les affections bucco-dentaires. Sur ce point, tout le monde est unanime, d’autant plus que les coûts de ces soins sont extrêmement élevés, ce qui retarde parfois la prise en charge, voire l’en empêche.
De l’importance de l’hygiène buccale
Il n’est pas rare de constater que les infections buccales sont intimement liées à des maladies chroniques. C’est le cas par exemple de certaines sinusites à répétition qui peuvent avoir pour origine une infection générée par une couronne dentaire mal soignée. Mentionnons également le cas classique des cryptes amygdaliennes situées au fond de la bouche, parfois responsables d’angines récidivantes qui peuvent être la source d’autres infections ORL, surtout chez les enfants. Vous l’aurez compris, un foyer infectieux non ou mal soigné peut induire des complications à plus grande échelle dans l’organisme. Chez les jeunes enfants, les personnes immunodéprimées à cause des traitements (chimiothérapie, entre autres exemples) et les femmes enceintes, l’immunité sera moins performante. Il faudra alors redoubler de vigilance.
Notre cavité buccale favorise largement la prolifération de micro-organismes. Ce milieu humide où des restes alimentaires peuvent se perdre en chemin est du pain béni pour bactéries et champignons en tout genre. Heureusement, les mucines qui composent la salive assurent un rôle protecteur en tapissant les dents et les gencives d’un film qui piège les bactéries. Ces dernières sont ensuite tuées par d’autres éléments antibactériens.
Notez que notre flore buccale se compose aussi de bactéries amies qui font partie intégrante de notre système immunitaire. Les mucines les préservent, car elles permettent de lutter contre les bactéries pathogènes et autres micro-organismes nocifs. Mais l’action de la salive n’est pas toujours suffisante, d’autant plus que sa production se réduit la nuit, moment opportun pour le développement microbien. C’est pourquoi un brossage des dents matin et soir est un minimum afin d’assainir le mieux possible.
Une molécule connue des dentistes
Un soin adapté respectera le vieil adage « mieux vaut prévenir que guérir» tout en apportant au corps, et notamment à son système immunitaire, l’aide et le soutien nécessaire au respect de cette sphère microbienne. C’est là que les soins aromatiques nous fournissent une aide précieuse. L’intelligence propre aux plantes leur a permis d’avoir une action ciblée sur les micro-organismes pathogènes en épargnant les bactéries utiles. On retrouve cette capacité d’adaptation dans leurs huiles essentielles (HE). Une synergie aromatique permet ainsi d’obtenir une action localisée anti-infectieuse tout en apaisant douleurs et inflammations. Car si la salive contient déjà une substance...
antalgique appelée opiorphine, sécrétée davantage au moment des repas – ce qui explique pourquoi nous avons la sensation d’avoir moins mal après manger –, il arrive que son action ne suffise plus à réfréner la douleur, qui empêchera alors de démarrer toute prise alimentaire.
La première huile essentielle indispensable aux soins bucco-dentaires est celle issue de la distillation des clous de girofle. La molécule d’eugénol qu’ils contiennent, présente à plus de 70% dans l’HE de giroflier, a des propriétés anti-infectieuses et antalgiques reconnues. Ce n’est pas un hasard si son odeur caractéristique se retrouve dans le cabinet d’un dentiste. Dans cette synergie, l’action anesthésiante peut être renforcée par une deuxième huile essentielle, celle de menthe poivrée. Le menthol présent à 40% environ provoque un effet froid local très efficace. Cette molécule est également dotée d’une action anti-infectieuse fort intéressante.
Des précautions de manipulation s’imposent avec ces deux huiles essentielles. Celle de clou de girofle est dermocaustique à l’état pure, c’est-à-dire qu’elle brûle la peau en cas d’application non diluée. Il faut donc veiller à la combiner avec une quantité suffisamment importante d’huile végétale. Quant à la menthe poivrée, elle doit être destinée à un usage localisé car l’effet glaçon qu’elle génère peut présenter un danger si elle est appliquée sur une large zone corporelle. Bien que nous ne sommes pas dans ces cas de figure, mieux vaut toujours avoir cette précaution en tête quand on manipule ces deux HE.
Arbre à thé et citron zeste en renfort
Les propriétés antibactériennes et antifongiques de cette formule aromatique vont être renforcées par l’ajout d’HE d’arbre à thé, aussi connu sous son nom anglais tea tree. Originaire d’Australie, cette plante était jadis utilisée par les aborigènes qui l’appliquaient sur les plaies, sous forme de cataplasmes notamment. Lors de la Seconde Guerre mondiale, son HE faisait partie de la trousse d’urgence des soldats australiens. Sa réputation n’est donc plus à faire dans le domaine infectieux. Elle contient du terpineol-4, molécule reconnue pour son action contre les germes. En cas de mycoses buccales, son aide est précieuse.
Enfin, pour conclure cette préparation aromatique, l’essence de citron zeste a toute sa place. Elle complète l’action assainissante des autres HE et apporte une note gustative agréable à l’ensemble. Le limonène qu’elle contient permet en plus d’activer les fonctions hépatiques afin de favoriser l’élimination des toxines, piste intéressante dans le cas d’infections à répétition.
ZOOM - Un hydrolat antiseptique
L’hydrolat de thym à linalol est un sous-produit de la distillation d’une variété d’huile essentielle de thym très doux, à l’odeur miellée. C’est un des nombreux chémotypes existants. Cet hydrolat est doté de propriétés antiseptiques tout à fait honorables. À faire : réaliser deux pulvérisations dans la bouche matin et soir après le brossage afin d’assainir l’intérieur jusqu’au fond de la gorge, au niveau des cryptes amygdaliennes. Un geste recommandé pour les enfants en pleine construction de leur système immunitaire.
Ma formule soins de bouche
Par Alexia Blondel, formatrice en aromathérapie
Propriétés : Anti-infectieuse, antalgique, anti-inflammatoire.
Indications : Maux de bouches tels que les infections dentaires et le soin de fond de la parodontite.
HE de giroflier (5 gouttes)
Eugenia caryophyllus (boutons floraux)
HE d’arbreàthé (30 gouttes)
Melaleuca alternifolia (feuilles)
HE de citron zeste (20 gouttes)
Citrus limonum
HE de menthe poivrée (10gouttes)
Mentha piperita (feuilles)
HV de calendula (QSP 30ml)
1 ml = 25 gouttes. HV = huile végétale. QSP = Quantité suffisante pour.
Préparation : Dans un flacon de 30 ml en verre teinté muni d’un compte-gouttes, verser les huiles essentielles selon les quantités indiquées. Compléter avec le macérat de calendula jusqu’en haut du flacon et homogénéiser.
Voie cutanée : Appliquer après chaque brossage 2 à 4 gouttes du mélange sur les gencives ou les irritations. Bien se laver les mains avant l’application. À faire plusieurs jours en complément d’une consultation chez un dentiste en cas de crise aiguë et quotidiennement en cas de parodontite.
Contre-indications : Femmes enceintes ou allaitantes, enfants âgés de moins de 6 ans.
Des étapes de préparation à respecter
En complément des interventions du dentiste, le bain de bouche permet d’assainir le milieu microbien afin d’éviter une infection ou pour lutter contre. Je vous propose d’en réaliser une particulièrement efficace.
À faire
Par Alexia Blondel, formatrice en aromathérapie
Dans une cuillère à soupe de teinture mère de calendula, ajoutez une goutte d’HE d’arbre à thé ou d’HE de laurier noble. Le calendula, appelé aussi fleur de souci, est doté de propriétés anti-inflammatoires recherchées. Quant à l’HE de laurier noble, sa teneur en eugénol lui confère une action légèrement antalgique en plus d’être antiseptique, comme l’HE d’arbre à thé. Versez ensuite cette composition dans un verre d’eau (à savoir : les huiles essentielles ne se diluent par dans l’eau) et mélangez. Pour une action renforcée, remplacez l’eau par l’hydrolat de thym à linalol. C’est grâce à la présence de la teinture mère contenant de l’alcool que l’on peut rendre ce bain de bouche réalisable. Il convient donc de bien respecter les étapes de préparation. Gargarisez-vous avec cette formule après chaque repas. On peut alterner ce bain de bouche aromatique avec celui à base de bicarbonate de soude, plus classique mais tout aussi bénéfique et complémentaire.
Assainir sa brosse à dents
Le brossage de dents est un des éléments clé d’une bonne santé bucco-dentaire. Mais savez-vous que cet ustensile est aussi un lieu favorable à la prolifération bactérienne ? Et c’est encore pire si vos toilettes sont dans votre salle de bains. En effet, la diffusion des bactéries dans l’atmosphère a toutes les chances d’atteindre la brosse à dents. Il n’est pas non plus nécessaire d’enfermer celle-ci dans une protection en plastique car elle empêche les poils de sécher et favorise ainsi à sa manière le développement microbien. Alors, comment assainir votre brosse à dents ?
À faire
Par Alexia Blondel, formatrice en aromathérapie
Une fois par jour, appliquer avant le brossage 1 goutte d’HE d’arbre à thé directement sur les poils, puis ajouter la dose habituelle de dentifrice. Brosser les dents en inclinant un peu la brosse de façon à déloger les bactéries coincées sous la gencive. Ce geste permettra de bien prendre soin des gencives tout en nettoyant la brosse à dents. Pensez-y notamment si vous avez une infection bucco-dentaire déclarée. En plus de traiter la zone concernée à l’intérieur de la bouche, il est important d’éliminer tout germe sur la brosse afin d’éviter une auto-contamination qui engendrerait un cercle vicieux et retarderait le processus de guérison.