Aromathérapie
Éteindre les bouffées de chaleur
Cette désagréable sensation d'un feu interne qui vous prend soudainement à la gorge est l'un des signes emblématiques de la ménopause, mais concerne également certaines femmes avant leurs règles ou sous hormonothérapie, et même certains hommes. Afin de faire face naturellement aux bouffées de chaleur, vous pouvez compter sur les solutions de nos aromathérapeutes et médecins spécialistes.
Sensations passagères de chaleur d'une à cinq minutes générant de la transpiration, voire des frissons, les bouffées de chaleur sont principalement causées par un déséquilibre hormonal temporaire. Des « coups de chaud » qui se manifestent généralement sur le visage et le buste par des rougeurs donnant parfois jusqu'à l'envie de se déshabiller. Selon leur fréquence et leur sévérité, ces phénomènes peuvent s'avérer très gênants, notamment en milieu professionnel, et s'étaler sur plusieurs années. Si elles touchent également parfois les hommes sous hormonothérapie ou lors de l'andropause, elles concernent toutefois majoritairement les femmes qui s'approchent de la ménopause ou sont en plein dedans. Emblématique de ce cap de vie, ce désagrément est en effet ressenti par près de 85 % d'entre elles.
Généralement, les bouffées de chaleur liées à la ménopause font leur arrivée vers l'âge de 45 à 48 ans, durant la période de périménopause. Leur fréquence et leur gravité augmentent jusqu'à la ménopause, puis déclinent progressivement une fois cette dernière achevée.
Un symptôme emblématique dès la périménopause
Également appelées « bouffées vasomotrices » (c'est-à-dire relatives à la dilatation et à la contraction des vaisseaux), les bouffées de chaleur sont principalement causées par une chute sévère du taux d'œstrogènes, hormone qui intervient dans la régulation de notre température corporelle. Durant cette période de vie, elles se manifestent principalement la nuit et peuvent varier en intensité. D'une durée d'une à cinq minutes lorsqu'elles sont légères, elles restent supportables. Mais parfois, elles se répètent une dizaine de fois par jour, durent plus d'un quart d'heure et envahissent le haut et le bas du corps, vous faisant sentir comme une « fournaise en ébullition ». Quelle que soit leur sévérité, des formulations aromathérapeutiques, prises en prévention ou pendant la crise, peuvent vous aider efficacement (voir la formule ci-dessous "Limiter les sensations de chaud à la ménopause").
Les hommes aussi ont des bouffées de chaleur !
Dès 55 ans, environ 20 % des hommes subissent eux aussi une sorte de ménopause, l'« andropause », qui consiste en un déclin de leur taux de testostérone. Chez certains d'entre eux – un peu plus de 5 % –, ce ralentissement hormonal est assez prononcé et se manifeste par de la fatigue, une baisse du désir sexuel… et des bouffées de chaleur.
La médecin et naturopathe Laure Martinat explique qu'il faut donc agir, en massage ou en olfaction, avec des huiles essentielles « testostérone-like ». Il y en a peu, la plus connue étant celle de bois de siam (Fokienia hodginsii) ou celle de bois de santal (Santalum album) dans une moindre mesure. Certains compléments alimentaires à base de pollens et de vitamine E existent également pour aider à accompagner ces troubles.
Ménopause, des huiles essentielles pro-œstrogènes
Les œstrogènes ont un rôle bénéfique sur les parois du cœur et des vaisseaux sanguins qu'ils aident à se dilater quand il fait chaud et à se rétracter quand il fait froid. Lorsque leur taux chute à la ménopause, le corps trouve temporairement un moyen d'adaptation à la chaleur et va pour cela dilater brutalement et puissamment les vaisseaux sanguins tout en induisant une transpiration. Sur les zones exposées à la température extérieure comme le visage et la poitrine, un changement de température ou une émotion peuvent donc générer une bouffée de chaleur, autrement dit une tentative par le corps de se rafraîchir rapidement. D'ailleurs, si la plupart des bouffées de chaleur se produisent la nuit, c'est précisément parce que les œstrogènes sont à des taux plus faibles à ce moment-là.
L'idée est donc d'atténuer les bouffées de chaleur à l'aide d'huiles essentielles mimant l'action des œstrogènes ou stimulant les récepteurs hormonaux comme la sauge sclarée (Salvia sclarea), le niaouli (Melaleuca quinquenervia) ou le cyprès (Cupressus sempervirens). Chez certaines femmes, notamment celles pour qui les bouffées de chaleur persistent après la ménopause, il se peut également qu'un léger dysfonctionnement du système nerveux autonome soit en cause. Les huiles essentielles aux propriétés apaisantes utilisées en olfaction ou en massage seront alors d'une grande aide. Vous pouvez compter sur l'angélique racine (Angelica archangelica) et la marjolaine à coquilles (Origanum majorana).
Hormonothérapie, choisissez bien vos plantes
Après un cancer du sein ou de la prostate, de nombreux patients sont mis sous hormonothérapie afin de bloquer la croissance des cellules cancéreuses. Mais ces traitements peuvent causer des bouffées de chaleur. « C'est un sujet complexe, car nous n'avons pas beaucoup de solutions efficaces », explique Laure Martinat. Si une hormonothérapie post-cancer ne contre-indique pas toutes les plantes, « toutes les plantes véritablement actives et efficaces sur la problématique des bouffées de chaleur sont alors contre-indiquées ».
Pour ne prendre aucun risque, Laure Martinat propose d'opter pour l'hydrolat de menthe poivrée conservé au réfrigérateur et d'en vaporiser sur le visage à chaque fois qu'une bouffée de chaleur survient (attention, l'huile essentielle est, elle, contre-indiquée en cas d'hormonothérapie).
Sylvain Josso, médecin généraliste spécialiste en phytothérapie à Besançon, propose d'utiliser la voie atmosphérique en diffusant des huiles essentielles qui calment et apaisent comme la lavande vraie (Lavandula angustifolia), le lavandin (Lavandula hybrida), la menthe poivrée (Mentha × piperita), l'oranger petit grain (Citrus × aurantium ssp. amara) et la camomille (Chamaemelum nobile).
En complément, des cures d'acides gras essentiels (comme l'huile de bourrache en capsule, à raison de 500 mg à 1 g, 3 fois par jour) complétées par des oméga-3 en capsule (500 mg, 3 fois par jour) vous permettront de diminuer les bouffées « sans agir directement sur les hormones », précise Laure Martinat. Enfin, en approche complémentaire, l'acupuncture donne des résultats « souvent efficaces ».
Une aromathérapie de précision liant corps et esprit
Alina Moyon, docteure en pharmacie et aromathérapeute, aide régulièrement des patientes à passer le cap de la ménopause et de ses bouffées de chaleur grâce à des formules d'aromathérapie contenant à la fois des plantes « œstrogène-like » auxquelles elle ajoute de l'huile essentielle de menthe poivrée (Mentha × piperita) qui stimule la circulation et offre un effet rafraîchissant. D'autres plantes viennent compléter la formule pour aider à gérer l'aspect émotionnel de ce « cap de vie ». Le cyprès (Cupressus sempervirens) par exemple, qui favorise l'enracinement et agit comme « facilitateur » en période de déstabilisation. En effet, pour cette aromathérapeute, durant la ménopause ce n'est pas seulement l'effet purement physique de l'huile essentielle qu'il faut prendre en compte, mais également l'action de son totum sur des aspects parfois plus psychologiques qui viennent ensuite aider à résoudre les troubles physiques.
Si les formules traditionnellement proposées conviennent généralement à la plupart des personnes, il arrive chez certaines femmes qu'il faille explorer d'autres pistes parfois inattendues : « Il m'arrive de conseiller des huiles essentielles qui s'avèrent très efficaces et que je n'aurais habituellement pas utilisées pour ce type de problème. Comme avec cette patiente qui ressentait beaucoup de solitude et chez qui le benjoin (Styrax benzoe, en formulation via des massages sur le bas-ventre et en olfaction sur un stick à volonté) est venu apporter un réconfort et, par ricochet, a pu agir sur ses bouffées de chaleur. » Une autre patiente se trouvait dans une « certaine sécheresse » car elle avait passé sa vie à s'occuper des autres et de sa famille. Grâce aux huiles essentielles de rose (Rosa damascena) et de géranium rosat (Pelargonium graveolens), elle a pu se reconnecter à l'amour de soi et mieux surmonter les symptômes de sa ménopause comme les bouffées de chaleur.
Formule d'aromathérapie // Limiter les sensations de chaud à la ménopause
Alina Moyon, docteure en pharmacie et aromathérapeute
Propriétés : Stimulante, circulatoire et régulatrice des émotions.
Indications : En cas de bouffées de chaleur en pré, péri ou post-ménopause.
Voie locale
HE d'hélichryse italienne...............................1 ml
Helichrysum italicum
HE de cyprès.................................................2 ml
Cupressus sempervirens
HE d'anis.......................................................3 ml
Pimpinella anisum
HE de menthe poivrée..................................2 ml
Mentha × piperita
HE d'angélique racine..................................2 ml
Angelica archangelica
HV de calophylle...........................................quantité suffisante pour remplis jusqu'à 20 ml
Procédé de fabrication : Verser les HE et l'HV dans un flacon en verre teinté muni d'un compte-goutte. Refermer soigneusement et agiter.
Posologie : En cure de 3 mois, déposer 15 gouttes du mélange sur le bas-ventre le soir. Possibilité d'appliquer 5 gouttes de plus (2 fois par jour maximum) en cas de fortes bouffées de chaleur.
En plus : Des tisanes de sauge sclarée (Salvia sclarea) ou officinale (Salvia officinalis) feront un complément idéal à cette formule à boire en tisane, 2 fois par jour.
Précautions d'emploi : Déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes, aux asthmatiques, diabétiques, aux personnes sous traitement anticoagulant et en cas d'antécédents de calculs biliaires, cancer hormonodépendant ou mastose.
Cycle menstruel et variations de température
Alors que les bouffées de chaleur se déclarant aux alentours de la ménopause sont plutôt liées à une baisse des œstrogènes (hypo-œstrogénie), celles ressenties quelques jours avant les menstruations relèvent plutôt d'un surplus d'œstrogènes (hyperœstrogénie). Si vous ressentez ces coups de chaud quelques jours avant vos règles, Alina Moyon vous recommande les vertus circulatoires de la camomille noble (Chamaemelum nobile), « adaptée à la femme jeune », et de l'essence de citron (Citrus limonum) qui viendra soutenir l'action du foie pour l'aider à éliminer du corps le surplus d'œstrogènes en cause dans ce type de bouffées de chaleur (voir formule ci-dessous). L'huile essentielle d'achillée millefeuille (Achillea millefolium) viendra, elle, en complément pour aider à réguler les troubles hormonaux à l'origine de ce symptôme et en soutien au système veineux afin d'aider le corps à mieux réguler sa température.
Reste que des bouffées de chaleur ressenties à un âge jeune, bien avant la ménopause, doivent vous alerter car elles signalent a minima un dérèglement hormonal, mais possiblement aussi une pathologie sous-jacente plus grave, voire une ménopause précoce.
Enfin, quelle que soit l'origine du phénomène, certains changements dans le mode de vie s'avèrent particulièrement efficaces. Vous aurez ainsi intérêt à favoriser le port de vêtements en coton, à limiter les excitants comme le tabac, le thé ou l'alcool, à baisser votre chauffage de quelques degrés… et à rester positive : en cet hiver placé sous le signe de la restriction énergétique, vos bouffées de chaleur vous feront sans doute réaliser quelques économies de chauffage !
Formule d'aromathérapie // Calmer le feu prémenstruel
Propriétés : Circulatoire, soutien au foie et au système nerveux.
Indications : En cas de bouffées de chaleur ressenties avant les règles.
Voie locale
HE de camomille noble..................1 ml
Chamaemelum nobile
Essence de citron...........................3 ml
Citrus limonum
HE d'achillée millefeuille..................1 ml
Achillea millefolium
HV d'onagre.....................................5 ml
Procédé de fabrication : Verser les HE et l'HV dans un flacon en verre teinté muni d'un compte-goutte. Refermer soigneusement et agiter.
Posologie : Déposer 10 gouttes du mélange sur le bas-ventre matin et soir pendant la période des symptômes (ou un jour avant si vos cycles sont réguliers). éventuellement, masser pour aider à la pénétration.
En plus : Afin de renforcer l'efficacité de cette formule, Alina Moyon vous propose de prendre du gattilier en gélules (non en tisane) 15 jours par mois en seconde partie du cycle (après l'ovulation et avant les règles). Vous pouvez également augmenter légèrement les doses d'HE et diminuer l'HV pour voir si cela augmente chez vous les effets.
Précautions d'emploi : Déconseillé aux femmes allaitantes, aux personnes asthmatiques et allergiques aux pollens. à proscrire en cas de tentative de conception, l'HE d'achillée millefeuille étant abortive.
« Hot Flashes: A Concise Review », J Midlife Health, janvier 2019.
« Definitions of Hot Flashes in Breast Cancer Survivors », Journal of Pain and Symptom Management, novembre 1998.
« Physiology and endocrinology of hot flashes in prostate cancer », Am J Mens Health., 2007.