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Des arbres fruitiers en pleine forme grâce aux huiles essentielles

Des arbres fruitiers en pleine forme grâce aux huiles essentielles
Des arbres fruitiers en pleine forme grâce aux huiles essentielles

En avril, les fleurs de pommiers, poiriers, cerisiers, pêchers… embaument les jardins et préparent l'arrivée des fruits. Pour espérer de belles récoltes, c'est le moment d'enrayer certaines maladies causées par les champignons et les insectes. Les propriétés fongicides et larvicides de certaines huiles essentielles, utilisées avec mesure, montrent ici une belle efficacité dans le traitement au naturel des fruitiers.

Ces dernières années, avec l’accélération du changement climatique, les hivers se font moins rigoureux et les champignons ainsi que les insectes ravageurs en profitent pour prospérer dans les vergers. En conséquence, les maladies cryptogamiques tels la cloque du pêcher, le mildiou de la vigne ou la moniliose – touchant les arbres à noyaux et à pépins – sont de plus en plus fréquentes. Jardiniers amateurs et arboriculteurs professionnels voient également « leurs fruitiers attaqués de manière croissante par les vers de pomme, les mouches de cerise ou méditerranéennes », constate Jean-Yves Meignen, chef jardinier et formateur à l’­Abbaye de Valsaintes (Alpes-de-Haute-Provence). Et lorsque les insectes sont déjà dans les fruits, il est bien souvent trop tard pour endiguer le problème. « Il est difficile de lutter lorsque ces ravageurs sont déjà dans leur forme volante, il vaut mieux agir en amont pour éliminer les larves lorsqu’elles sont hivernantes », préconise l’expert, auteur de Prendre soin de ses plantes avec les huiles essentielles (éd. Rustica). Il n’est évidemment pas question d’utiliser des produits phytosanitaires de synthèse, interdits depuis 2019 pour les jardiniers amateurs. Alors, comment traiter les fruitiers de manière écologique pour prévenir les pathogènes et les insectes indésirables tout en préservant la qualité des récoltes ?

Si le soufre et la « bouillie bordelaise » (fongicide à base de chaux et de sulfate de cuivre) sont des solutions ­naturelles réputées efficaces notamment contre les maladies cryptogamiques (causées par des champignons), elles présentent néanmoins des risques non négligeables de toxicité sur l’environnement et la faune auxiliaire. À la recherche d’une alternative moins agressive, Jean-Yves Meignen a trouvé l’inspiration en découvrant les propriétés fongicides de l’huile essentielle (HE) de sarriette pour traiter une mycose des ongles de la main. Il l’a alors expérimentée avec succès sur des rosiers atteints par le champignon oïdium, avant d’étendre ses investigations à d’autres huiles essentielles afin de traiter un spectre plus large de maladies fongiques et de lutter contre les ravageurs au jardin. Le jardinier a notamment adopté l’HE de Cryptomeria japonica, un conifère résineux originaire du Japon : « En faisant des essais, j’ai constaté que cette huile essentielle, riche en coumarines, possédait une intéressante action antilarvaire sur toutes sortes de chenilles ». Elle a l’avantage d’être aussi efficace et moins onéreuse que l’huile essentielle de graines d’angélique, aux vertus similaires.

Papillons et champignons

Jean-Yves Meignen a donc élaboré une synergie en combinant l’action antifongique de la sarriette et larvicide du Cryptomeria pour traiter les arbres à pépins (pommiers, poiriers, cognassiers) à la fois contre le papillon carpocapse et les tavelures. Il conseille d’intervenir entre février et avril, lorsque les larves de carpocapse sont encore hivernantes dans le tronc. De même, c’est une période propice pour endiguer le développement du champignon Venturia ­inaequalis qui provoque les tavelures : « Les HE sont utilisées pour bloquer l’éclosion des spores des champignons, logés durant l’hiver dans l’écorce des arbres et les écailles de bourgeons, et ­éviter ainsi qu’ils ne se fixent sur les jeunes feuilles qui démarrent », explique le spécialiste. Pour bien véhiculer ces huiles essentielles, non miscibles dans l’eau, il est indispensable de les solubiliser dans de l’huile végétale additionnée d’un tensioactif (comme le savon noir). On ajoutera aussi de l’eau de pluie dont le...

pH, compris entre 5 et 7, permet à la plante de bien absorber cette préparation aromatique que l’on chargera également d’argile afin de badigeonner l’arbre et le soigner en profondeur. Un protocole relativement peu coûteux pour les particuliers, car 3 millilitres (75 gouttes) d’huile essentielle suffisent en moyenne pour traiter chaque arbre. Jean-Yves Meignen met d’ailleurs en garde contre la tentation de surdoser : « La puissance des molécules aromatiques est telle qu’on risque d’intoxiquer les végétaux, ralentir leur croissance ou provoquer la chute des feuilles. »

Perfusion aromatique en lune montante

Une autre maladie cryptogamique attaque fréquemment les arbres fruitiers à pépins comme à noyaux. Il s’agit de la moniliose, un champignon qui recouvre les fleurs et les fruits de taches brunes et les dessèche sur l’arbre. On peut enrayer cette contamination entre la fin du printemps et le début de l’été en pratiquant une pulvérisation foliaire avec des huiles essentielles bactéricides et fongicides de clou de girofle et de tea tree, mélangées avec de l’huile végétale et du savon noir. Et si on souhaite traiter plus en profondeur, l’expert et formateur en phytothérapie végétale Éric Petiot a créé un ingénieux perfuseur pour véhiculer les huiles essentielles à l’intérieur des vaisseaux de l’arbre, grâce à la montée de sève. Dans son livre Soigner ses plantes avec les huiles essentielles (éd. Terran), il détaille son système, doté d’un petit réservoir dans lequel on verse, selon la circonférence de l’arbre, un dosage précis d’huiles essentielles solubilisées dans un mélange d’eau, d’huile végétale et de savon noir. Par exemple, 15 gouttes d’huile essentielle de sarriette pour traiter un fruitier de 60 cm de diamètre contre la moniliose ou 15 gouttes de serpolet, contenant des phénols antifongiques, contre la cloque du pêcher. Il suffit de percer un petit trou dans l’écorce à 30 cm du sol pour installer l’appareil. Cette perfusion aromatique sera particulièrement efficace en lune montante, et de mai à juin lorsque la circulation de la sève est la plus active.

Si l’aromathérapie offre des solutions intéressantes pour lutter contre les maladies et les ravageurs du jardin, Jean-Yves Meignen souligne que cette méthode sans pesticides peut réduire les problèmes mais pas les résoudre en totalité. « Et c’est sain, car un monde sans insectes ni champignons serait dangereux pour la survie du monde végétal ». Dans ce sillon, il est intéressant de favoriser le biocontrôle naturel au jardin et dans les vergers en disposant des nichoirs à oiseaux et des reposoirs à chauves-souris, les prédateurs naturels des insectes xylophages et ravageurs. De même, il faut accueillir la flore spontanée qui offre un abri précieux aux coccinelles, de grandes mangeuses de pucerons. On veillera également à ne pas épuiser les fruitiers avec des tailles trop sévères ou un désherbage à outrance. Enfin, nourrir le sol des arbres avec du compost et les fertiliser à l’aide d’extraits fermentés de plantes leur donnera de la force pour fabriquer de bons fruits.

Formule antilarves et tavelure des fruitiers à pépins

Fleurs de pommier

Par Jean-Yves Meignen, jardinier et formateur en soins naturels pour les plantes

Propriétés : Actions antilarvaire et antifongique

Indications : En cas de larves de papillons carpocapses et de spores de champignons, hivernant sur les fruitiers à pépins (pommiers, poiriers, cognassiers) à l’origine de la tavelure.

  • HE de cèdre du Japon Cryptomeria japonica 0,5 ml
  • HE de sarriette Satureja montana 0,5 ml
  • HV de colza (de première pression à froid) entre 5 et 10 ml
  • Savon noir 1 ml
  • Argile kaolinite 30 g
  • Eau de pluie 1 litre

Procédé de fabrication :

  • Pour la pulvérisation : mélanger dans un seau les huiles essentielles de cèdre du Japon et de sarriette avec l’huile végétale de colza, ajouter le savon noir puis remuer jusqu’à homogénéisation du mélange. Dans un autre récipient, faire un lait d’argile en délayant la kaolinite, d’abord avec un peu d’eau pour bien la mélanger, puis incorporer la préparation précédente à base d’huiles essentielles et verser l’eau de pluie restante en remuant bien. Transvaser le tout dans un pulvérisateur. Il faut en moyenne 3 litres de préparation par arbre, variable selon son diamètre.
  • Pour le badigeon : ajouter de la kaolinite au mélange de manière à obtenir une consistance de peinture épaisse.

Posologie :

  • Pulvériser sur le tronc, les branches charpentières et jusqu’aux rameaux, une seule fois entre février et avril, un jour sans pluie ni gel.
  • La préparation plus épaisse se badigeonne au pinceau, sur le tronc et les branches charpentières.

Précautions d’emploi :

  • Bien se protéger les mains et la peau avec des gants.

À savoir :

  • En complément de la pulvérisation, le badigeon appliqué au pinceau permet de traiter en profondeur les fissures de l’écorce où hivernent les larves de papillons et les spores des champignons.

1 ml = 25 gouttes HE = huile essentielle HV = huile végétale

Prévenir la moniliose des fruitiers à noyaux

Fleurs de cerisier

Par Jean-Yves Meignen, jardinier et formateur en soins naturels pour les plantes

Propriétés : Bactéricide et fongicide

Indications : Pour les arbres à noyaux (abricotiers, amandiers, pruniers, cerisiers) et à pépins (pommiers, poiriers, cognassiers), dès lors qu’ils sont attaqués par le champignon du genre Monilia. Les fruits se couvrent alors de taches brunes et se dessèchent sur l’arbre, signe de la moniliose.

Pulvérisation foliaire

  • HE de clou de girofle Syzygium aromaticum 0,5 ml
  • HE de tea tree Melaleuca alternifolia 0,5 ml
  • HV d’olive (de première pression à froid) 5 à 10 ml
  • Savon noir 1ml
  • Eau de pluie 1 litre

Procédé de fabrication :

Mélanger dans un seau les huiles essentielles de clou de girofle et de tea tree avec l’huile végétale d’olive, ajouter le savon noir puis remuer jusqu’à homogénéisation du mélange. Verser l’eau de pluie progressivement sur la préparation, en mélangeant bien. Transvaser le tout dans un pulvérisateur.

Posologie :

Pulvériser sur les feuilles des fruitiers une fois en mai, une fois en juin et une fois en juillet.

Précautions d’emploi :

Bien se protéger les mains et la peau avec des gants.

1 ml = 25 gouttes HE = huile essentielle HV = huile végétale

Booster la fructification

Pommier

Pour fertiliser les fruitiers et les aider à produire des fruits en bonne santé, on utilise des extraits fermentés de plantes qui apportent des nutriments et des oligoéléments. On peut associer notamment l’ortie, aux propriétés reminéralisantes et stimulantes des défenses de l’arbre, à la consoude, riche en potasse et phosphore, qui favorisent la formation des fruits.

À faire

  • Un purin d’orties et consoude

Ingrédients : 500 g de consoude et 500 g d’orties fraîches (feuilles, tiges et sommités) pour 10 litres d’eau de pluie.

Préparation :

  1. Se protéger avec des gants, car ce sont des plantes urticantes.
  2. Hacher au couteau et écraser les tiges pour extraire le jus.
  3. Mettre ce hachis dans un récipient non métallique (plastique, bois ou cuivre) ou mieux encore, dans une cuve à fermentation (comme pour la bière !) afin d’éviter l’oxydation.
  4. Verser l’eau en veillant à remplir jusqu’en haut le récipient, pour limiter l’apport d’oxygène. Fermer, placer le récipient à l’ombre (entre 15 et 25 °C) et laisser faire. Les bulles indiquant la fermentation vont apparaître au bout de 7 à 15 jours selon la température extérieure.
  5. Lorsque les bulles disparaissent, filtrer le purin prêt à l’emploi.

Utilisation : D’avril à mai, diluer 1 litre d’extrait fermenté dans 10 litres d’eau et arroser une fois le pied des fruitiers (un arrosoir par arbre). En été, après la floraison, diluer le purin à 5 % (50 cl pour 10 litres d’eau) et pulvériser sur les feuilles lorsque les fruits sont en formation.

Bon à savoir : Les purins de plantes se conservent bien plusieurs mois à condition de les stocker à l’ombre dans des bidons en plastique ou en verre bien fermés et remplis à ras bord.

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