Huiles essentielles et moustiques : la guerre est déclarée !
Les jours s’allongent et vos convives sont au rendez-vous pour un dîner en terrasse. Mais voici qu’un doux bruit annonce des invités peu engageants : les moustiques qui, sous nos latitudes, sont parfois aussi porteurs de maladies. Découvrez ces huiles essentielles et recettes qui préserveront vos soirées d’été.
Une fois n’est pas coutume, chez les moustiques, ce sont les femelles qui piquent. Elles remplissent ainsi leur fonction d’insectes hématophages (elles prélèvent le sang de leurs victimes). Contrairement à ce que l’on pourrait croire, leur but n’est pas de s’alimenter – elles utilisent pour ce faire le nectar des fleurs, comme les mâles – mais d’assurer la maturation de leurs œufs. Les mâles n’ont donc pas d’intérêt à piquer. Plusieurs heures après ce repas sanguin, les femelles pondent à la surface de l’eau. La phase aquatique est indispensable au développement des larves. Raison pour laquelle les lieux humides et les points d’eaux stagnantes sont propices à la prolifération de cette petite bête, qui se révèle être l’animal le plus mortel pour l’homme avec 725 000 victimes recensées chaque année.
Vectrice de nombreux agents pathogènes, la piqûre de moustique est potentiellement redoutable. Parmi les maladies les plus graves? Citons la dengue, le chikungunya, le paludisme et plus récemment, le virus Zika. Certaines zones du globe sont fortement à risques. En cas de voyages sous les tropiques, renseignez-vous sur les conditions de contamination afin d’adapter votre protection. Notez cependant que certains cas de dengue ont été signalés dans la région PACA, tandis qu’une épidémie de chikungunya a fortement touché La Réunion entre 2005 et 2006 (40 % de la population infectée) et que le virus Zika a fait son apparition aux Antilles.
Une question d’odeur corporelle
Vous l’aurez sans doute constaté à plusieurs reprises, nous sommes loin d’être égaux face aux piqûres de moustiques. On dit parfois que les «sangs sucrés» y sont plus sujets. La réalité est quelque peu différente. Ce n’est pas une question de peau, ni de teneur en sucre, mais plutôt d’odeur dégagée par le corps. Les moustiques ont un odorat très développé et apprécient particulièrement certains composants de notre transpiration, dont l’acide lactique. Le dioxyde de carbone, ou gaz carbonique (CO2) que l’on expire via notre souffle va aussi grandement les attirer. Ainsi, un corps qui dégage davantage de chaleur, de sueur et de CO2 est un candidat de choix.
Des études ont montré que les femmes enceintes, les consommateurs d’alcool et les personnes ayant de la fièvre font partie de cette catégorie. D’autres recherches scientifiques ont révélé que des facteurs génétiques entraient également en jeu. Si l’attirance qu’ont ces chers moustiques est complexe à maîtriser, la répulsion est un axe préventif majeur à l’avenir prometteur, et surtout un enjeu de santé publique. En témoigne l’arrivée récente dans l’Hexagone de certaines espèces vectrices de maladies graves, comme le moustique tigre.
Des senteurs de type « citronnelle »
On constate que les moustiques sont de plus en plus résistants aux répulsifs et aux insecticides chimiques, dont on identifie par ailleurs de mieux en mieux les risques de toxicité pour la santé. L’utilisation d’une synergie d’huiles essentielles (HE) dans ce contexte devient une alternative intéressante. Bien employées, les HE apportent une réponse adaptée pour l’organisme tant au niveau préventif que curatif, puisqu’elles peuvent aussi être utilisées pour soulager les piqûres.
Les plantes aromatiques sécrètent des molécules odoriférantes dotées de nombreuses propriétés. L’observation...
des pratiques ancestrales des populations exposées aux fléaux des moustiques, comme c’est le cas en Polynésie française, vient en corrélation avec les découvertes scientifiques d’aujourd’hui. Les senteurs de type «citronnelle» sont ainsi bien placées pour éloigner les moustiques. Cela s’explique par la présence de certaines molécules aromatiques.
Citons, parmi les plus actives, le géraniol et le citronnellol, qui agissent en perturbant le système nerveux des moustiques, ces derniers préférant alors passer leur chemin. La première HE de notre synergie est issue de l’eucalyptus citronné. Le nom de cette plante illustre bien la senteur principale qui s’en dégage et qui permet de ne pas la confondre avec les autres variétés d’eucalyptus. Originaire d’Australie, elle était bien connue des Aborigènes. L’HE qui en découle est riche en citronnellol, ce qui explique sa puissante action répulsive contre les moustiques. Mais son action ne s’arrête pas là. On l’apprécie également pour ses propriétés anti-inflammafltoires et antalgiques qui sont d’un soutien non négligeable en cas de piqûre avérée, car si la salive injectée par le moustique peut n’engendrer qu’un simple point rouge, cela peut aller jusqu’à la réaction allergique selon les individus. Question d’habitude et de terrain immunitaire. Là encore, nous ne sommes pas tous égaux. Il est donc intéressant d’opter pour une HE à action anti-inflammatoire. Sa forte odeur pouvant incommoder, il sera judicieux de trouver une HE complémentaire, tant dans son action que dans la tempérance de sa fragrance.
Risques d’infections réduits
L’huile essentielle de géranium rosat originaire de Madagascar, de l’île de la Réunion ou encore d’Égypte répond à ces exigences. Son odeur arrondie très appréciée, proche de celle de la rose, se marie idéalement avec l’HE d’eucalyptus citronné. Riche en géraniol, elle apporte un soutien supplémentaire non négligeable. On pourra en appliquer quelques gouttes pures sur la moustiquaire ou sur les vêtements (tee-shirt, chaussettes et chapeau) afin de renforcer notre bouclier protecteur. D’un point de vue curatif, elle n’est pas en reste. En plus d’apporter une protection anti-bactérienne, elle favorise une cicatrisation optimale. Une piqûre est une porte d’entrée pour les germes pathogènes : la synergie aromatique permet de réduire les risques d’infections. Pour une bonne protection, il est important de diluer ces deux huiles essentielles dans une huile végétale adaptée afin d'appliquer ce mélange sur des zones plus larges du corps sans risque d'irritation. Dans les contrées lointaines de la Polynésie française, les secrets de l'huile végétale de la calophylle, appelée aussi « tamanu », se transmettent de génération en génération. Cette huile végétale recèle des propriétés adaptées à notre synergie et sera tout indiquée pour obtenir une formule permettant d’apprécier les soirées d'été en toute sérénité.
ZOOM
Gardez le tempo !
Les huiles essentielles sont efficaces en tant que répulsifs contre les moustiques, mais il est important de garder à l’esprit que la fréquence d’application est la clé d’une protection optimale. En moyenne, il est conseillé de renouveler l’application au bout de 3 heures. Dans les zones à haut risque, l’utilisation de la synergie se répartit sur toute la journée, du matin au soir, et pas seulement au moment du coucher.
Ma formule répulsive anti-moustiques
Par Alexia Blondel, aromathérapeute et auteure
Indications En prévention, répulsif contre les moustiques. En curatif, soulage les piqûres.
Propriétés Repousse les moustiques, anti-inflammatoire, antalgique, anti-infectieux local.
HE de geranium rosat (5 ml)
Pelargonium asperum
PU : feuilles
HE d’eucalyptus citronné (5 ml)
Eucalyptus citriodora
PU : feuilles
HV de calophylle (20 ml)
Calophyllum inophyllum
PU : graines séchées
1 ml = 25 gouttes.
PU : parties utilisées.
Préparation
Dans un flacon de 30 ml en verre teinté muni d’un compte- gouttes, verser les huiles essentielles et l’huile végétale selon les quantités indiquées. Refermer soigneusement et agiter.
Mode d’utilisation
• Prévention Appliquer 1 à 3 gouttes de la synergie sur chaque zone clé du corps : poignets, chevilles, genoux et nuque. En cas de risque élevé, appliquer sur les zones découvertes de façon plus généreuses pour une protection renforcée.
• Curatif Appliquer 1 à 3 gouttes de la synergie sur la piqûre quatre fois par jour durant trois à huit jours selon les besoins. Préférer l’utilisation de cette synergie diluée pour une application sur plusieurs jours. Vous pourrez avoir recours à l’HE de lavande aspic pure en tant que geste d’urgence.
Contre-indications Femmes enceintes ou allaitantes, enfants de moins de 12 ans.
Le tamanu, un secret polynésien
Cet arbre tropical, appelé « tamanu » par les Tahitiens et « foraha » par les Malgaches, produit des graines similaires à des noix vertes dont on extrait une huile végétale aux nombreuses vertus bien connues de la médecine traditionnelle polynésienne. Cette huile verdâtre, d’une certaine viscosité, est dotée au niveau cutané d’une action anti-inflammatoire, antalgique douce, anti-infectieuse, réparatrice et cicatrisante. Au niveau circulatoire, elle est protectrice et tonique des capillaires sanguins. Elle est donc idéale pour soulager les désagréments des piqûres de moustiques qui peuvent rapidement se surinfecter et se compliquer dans ces zones au climat tropical. L’huile de tamanu est également connue pour son action répulsive. Sa viscosité en fait par ailleurs un support adapté pour diluer les huiles essentielles et augmenter l’efficacité de la synergie. Vous l’aurez compris, cette plante est une indispensable de la pharmacopée locale dans les îles du Paci que. Sous nos latitudes, elle peut apparaître figée car elle devient liquide au-dessus de 25 degrés. Chauffez le flacon dans vos mains 30 secondes avant utilisation pour mieux la répartir sur la peau. Attention, son usage est réservé à la voie cutanée. Elle ne s’ingère pas.
Un spray à action renforcée
Pour vous protéger des moustiques en cas d’invasion importante et à haut risque, il est intéressant de préparer un spray aromatique qui viendra en complément de la formule à appliquer sur la peau. Ce spray est destiné à la vaporisation sur les tissus. Les huiles essentielles n’étant pas miscibles dans l’eau, on aura recours à l’alcool, qui a en outre l’avantage de mieux fixer les odeurs. Cela permettra une prolongation de la fragrance pour une action de plus longue durée.
À faire
Par Alexia Blondel, aromathérapeute et auteure
Dans un flacon spray, mettre 20 ml d’alcool à 70° et intégrer 5 ml d’HE d’eucalyptus citronné, puis 5 ml d’HE de géranium rosat. Vaporiser sur les vêtements et les moustiquaires une à deux fois par jour selon les besoins. Attention, ne pas pulvériser directement sur la peau et les éloigner les personnes fragiles (femmes enceintes, jeunes enfants …) durant l’application.
Astuce
Vaporiser cette synergie sur les chapeaux, casquettes et chaussures d’été afin d’obtenir une protection optimale de la tête aux pieds