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L'hysope : un parfum d'encens dans nos montagnes

L'hysope : un parfum d'encens dans nos montagnes

L'hysope est une plante d'usage très ancien. Si on la rencontre de temps en temps dans les jardins tournés vers le passé – ou au contraire dans les jardins branchés –, il est beaucoup plus rare de la trouver comme plante spontanée dans la nature.

Je connais dans les Hautes-Alpes un endroit, que j’ai découvert totalement par hasard, où poussent quelques pieds d’hysope à l’état sauvage. Il faut prendre une route en cul-de-sac, laisser la voiture quand la piste se transforme en sentier, marcher un peu puis grimper sur des rochers en pente douce. Là, sur une maigre pelouse desséchée exposée plein sud, se dresse fièrement une poignée de tiges vertes munies de feuilles étroites et allongées, disposées deux par deux. Entre les doigts, la tige révèle une section carrée, ce qui désigne, avec la disposition opposée-décussée des feuilles, la grande famille des lamiacées. Ce terme provient du latin labia, « lèvre », car la corolle de ces plantes présente la particularité de comporter deux lèvres formées, la supérieure de deux pétales soudés, l’inférieure de trois. Vérifions : c’est très nettement le cas des fleurs de notre plante, d’un superbe bleu profond légèrement violacé. Elles sont groupées en longs épis denses au sommet des tiges et de chaque corolle jaillit un bouquet d’étamines entourant le style, ce qui rend spectaculaire la floraison : c’est d’ailleurs principalement pour sa beauté que l’hysope est cultivée dans les jardins.

Cueillette

  • Jeunes pousses : mai
  • Fleurs et feuilles : juillet, août et septembre

Mais il ne suffit pas de l’observer avec les yeux : touchons et sentons. L’hysope dégage en effet une odeur aromatique chaude très agréable, sensuelle même, rappelant un peu celle de l’encens, et qui à elle seule permet d’identifier la plante. J’apprécie ses feuilles et ses sommités fleuries pour parfumer les salades et divers plats, tels des ragoûts végétaux où elles font toute la différence. Et j’en prépare des apéritifs originaux et délicieux. Bien que la plante, plus souvent cultivée que sauvage, donc, ait été connue de tout temps comme condiment, à l’état frais ou séché, son usage n’en a jamais été très répandu. On s’en servait surtout pour aromatiser des soupes et...

des sauces, mais également des liqueurs, et pour faire des parfums. L’hysope est parfois ajoutée aux « herbes de Provence », mélange aromatique traditionnellement utilisé dans la cuisine française et exporté aux quatre coins du monde. En Catalogne, il entre dans la composition du ratafia, un alcool à base de noix vertes. On peut en récolter les jeunes pousses dès leur apparition, à partir du mois de mai, ou attendre l’épanouissement des fleurs en juillet ou en août.

L’hysope est utilisée en médecine traditionnelle pour traiter une variété de problèmes de santé. Elle améliore la digestion et soulage les ballonnements, les flatulences et les coliques. L’hysope était jadis l’une des plantes les plus appréciées pour traiter les affections respiratoires telles que la toux, le rhume et la bronchite, en raison de ses propriétés expectorantes et antispasmodiques.

La plante entière contient une essence aromatique qui lui vaut ses vertus expectorantes, stimulantes, stomachiques, carminatives (expulsant les gaz de l’intestin), antiseptiques, antispasmodiques et emménagogues (qui fait venir les règles). En usage externe, l’hysope est cicatrisante.

Feuilles et fleurs sont riches en flavonoïdes, des antioxydants puissants. Ces derniers aident à protéger les cellules du corps contre le stress ­oxydatif dû aux dommages causés par les radicaux libres. La plante est également connue pour ses propriétés anti-inflammatoires, dues à ses phénols. Elle peut aider à soulager les douleurs articulaires et menstruelles. Elle renferme des terpènes aux propriétés antibactériennes : les extraits d’hysope ont montré une activité certaine contre des souches de staphylocoques résistants à la méticilline. Ils possèdent également des propriétés antivirales efficaces contre le virus de l’herpès simple de type 1 et le virus de l’influenza A.

Herbier

L’hysope (Hyssopus officinalis) est une plante vivace de 20 à 60 cm, glabre ou presque, dégageant au froissement une chaude odeur aromatique. Sa tige, ligneuse à la base, porte des rameaux dressés, couverts de feuilles opposées oblongues-lancéolées ou linéaires, obtuses ou aiguës, glabres mais couvertes de glandes à essence. Les fleurs, bleues ou violacées, sont sous-tendues par des bractées dépourvues de pointe. Le calice, glabre, présente un tube allongé terminé par 5 dents aiguës. La corolle, à 2 lèvres marquées, se caractérise par les 4 étamines saillantes, ainsi que le style. Les fleurs sont regroupées en longs épis denses composés de pseudo-verticilles étagés. L’hysope se rencontre sur les rochers et coteaux arides du Midi, du sud-est et du centre de la France. Il est cultivé dans de nombreuses régions, y compris en Amérique du Nord, Amérique du Sud et Australie, où il est parfois naturalisé.

Il est toutefois préférable de ne pas consommer la plante en excès à des fins médicinales. Et son huile essentielle, que l’on extrait par distillation, peut provoquer des troubles nerveux (épilepsie). Du fait de sa teneur en thujone, les femmes enceintes et les personnes souffrant de troubles épileptiques ne doivent en aucun cas l’utiliser.

L’hysope est cultivée depuis l’Antiquité comme plante aromatique, condimentaire et médicinale. Cependant, l’espèce que cite la Bible sous ce nom (destinée à être trempée dans le sang pour asperger la porte de la maison que l’on ne doit pas franchir, ou évoquée comme plante purificatrice) est une autre plante. Il s’agit probablement de l’origan de Syrie (Origanum syriacum), très odorant, qui appartient à la même famille, et qui est aujourd’hui le principal composant du zaatar libanais, un condiment largement répandu au Proche-Orient.

Recette sauvage de Ragoût de légumes à l’hysope

Ingrédients 2 c. à soupe d’huile d’olive • 1 oignon • 2 carottes • 2 branches de céleri • 2 gousses d’ail • 1 poignée de feuilles d’hysope • 5 tomates • 2 tasses de bouillon de légumes • 1 tasse de lentilles vertes • Quelques tours de moulin de poivre noir • 1 grosse pincée de sel • Quelques feuilles et fleurs d’hysope.

  1. Dans une casserole, chauffer l’huile d’olive à feu moyen. Ajouter l’oignon émincé, les carottes et le céleri en morceaux et faire revenir 5 minutes.
  2. Ajouter l’ail et des feuilles d’hysope hachées et faire revenir 1 minute supplémentaire.
  3. Ajouter les tomates pelées et concassées, le bouillon de légumes, les lentilles, le poivre. Bien remuer et porter à ébullition.
  4. Réduire le feu et laisser mijoter environ 30 minutes jusqu’à ce que les lentilles soient tendres. Saler.
  5. Servir le ragoût chaud, garni de feuilles et de fleurs d’hysope fraîches.
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