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Laissons parler la biodiversité au potager

Symbiose au jardin Laissons parler la biodiversité au potager

Notre potager apparaît souvent comme un lieu sacré où le moindre plant écrasé, le moindre morceau de salade rongé nous font offense. Nous oublions parfois que notre tâche de jardinier consiste aussi à ouvrir cet espace au maximum de biodiversité !

Si vous êtes adepte du jardinage, vous connaissez le sens du mot « gratitude », mais aussi celui des mots « agacement » et « patience ». Car si le potager est un excellent moyen de cultiver son autonomie alimentaire (100 m2 bien exploités nourrissent une famille de quatre personnes !), son entretien n'est pas toujours aisé. Et chaque année, l'histoire se répète : vous guettez l'arrivée des beaux jours pour repiquer les petites pousses que vous avez dorlotées durant l'hiver. Ces dernières grandissent, avec de belles promesses de fruits dodus. Tout semble aller pour le mieux jusqu'à ce qu'un beau matin, un tiers de vos plantules se trouvent rasées jusqu'au collet… Alors voilà le drame. Exaspéré, on s'évertue à rechercher les coupables limaces, chenilles ou autres ventres sur pattes, afin de mettre en place le meilleur stratagème pour les faire expier. Mais bien souvent, nous y perdons beaucoup de temps pour obtenir peu de résultats. Parfois même de l'argent, en nous laissant tenter par des produits « biologiques » finalement néfastes pour l'environnement. Car, même si notre potager est le fruit de notre action et de notre désir humain, il reste soumis aux aléas climatiques et aux pressions biotiques, comme n'importe quel écosystème.

Une distraction pour les chapardeurs

Varier les habitats présente un autre atout majeur pour votre potager : détourner l'attention des larrons affamés ! Une haie diversifiée par exemple, foisonnante de petits fruits en toutes saisons, pourra captiver davantage les oiseaux que vos fraises ou vos semis. De même, quelques zones laissées aux « mauvaises herbes » pourraient bien sauver vos choux et salades des chenilles et limaces !

Précieux pollinisateurs

Et en tant que tel, il bénéficie...

également des bienfaits que lui procure toute une faune, indispensable à son développement. Car si la présence de certains visiteurs nous agace, il est bon de rappeler que le succès de nos cultures dépend de nombreux êtres vivants ! Nos plantes ne sauraient croître sans le concours des différents décomposeurs (vers de terre, bactéries et larves d'insectes, etc.) qui, par leur action conjointe, leur rendent les nutriments essentiels biodisponibles en dégradant la matière organique. De même, nous ne pourrions profiter de nos fruits et légumes sans le précieux service de la pollinisation. Sous nos latitudes, 80 % des plantes à fleurs dépendent des insectes pour assurer leur reproduction. Au jardin, nos tomates, poivrons et aubergines ne fructifieraient pas sans l'aide de grosses abeilles sauvages comme les bourdons. De nombreux autres pollinisateurs comme les syrphes, papillons, coléoptères et quelque mille espèces d'abeilles présentes dans l'Hexagone sont également nécessaires pour assurer la manœuvre. Ainsi, de toute évidence, la nature nous offre bien plus qu'elle ne nous prend ! Peut-être alors serait-il bon d'apprendre à vivre sereinement avec tous les éléments qui la composent. Car quelques plantes sacrifiées font finalement une maigre offrande en comparaison de l'abondance que nous pouvons tirer du potager grâce à toute une biodiversité bienfaitrice.

Ammophiles et guêpes parasites

Auxiliaires prédateurs, certaines guêpes parasites ou ammophiles (photo) sont de grandes amatrices de chenilles. Les premières pondent leurs œufs directement dans le corps des chenilles, les secondes les paralysent avec leur venin avant de les traîner jusqu'à leur nid.

Ainsi est-il préférable d'accepter la faune du jardin dans son entièreté, et même de l'inviter à s'y installer ! Vous en tirerez de nombreux avantages, tout en favorisant une biodiversité aujourd'hui mise à mal. Tout d'abord l'abondance, car la diversité des pollinisateurs sauvages en culture augmente le rendement de 20 à 30 % (selon une étude de l'Inra parue en 2016 dans la revue Science). Mais aussi des cultures plus résistantes, fortifiées par les « attaques » des phytophages, ainsi qu'une réduction probable des adventices, grâce aux mangeurs de graines.

Un potager « attractif » pour la faune

Afin d'attirer tous ces animaux bienfaiteurs au potager, variez autant que possible l'offre d'habitats, afin que chaque espèce y trouve son compte. Vous pouvez commencer en laissant quelques zones d'herbe non tondue ou de terre battue, refuge idéal pour divers insectes. Ensuite, n'hésitez pas à composer avec des bandes ou prairies fleuries, des haies champêtres ou même une petite mare, selon vos possibilités. Variez les essences, en misant sur les plantes indigènes qui seront mieux adaptées à la faune locale comme à votre terrain. Il existe mille façons de rendre votre potager plus « attractif » pour la faune (d'autres idées sont disponibles sur le site Jardinsdenoe.org).

Le bonheur des coccinelles

Amies des jardiniers, les coccinelles ne tarderont pas à abonder si votre jardin est non traité et propose des habitats diversifiés (herbes hautes, haies champêtres et massifs fleuris), pour le plus grand désespoir des centaines de pucerons que leurs larves (ci-contre) engloutissent chaque jour !

La manœuvre vous inquiète peut-être par peur d'attirer en nombre de potentiels ravageurs ? Il faut être honnête, la chose est possible dans un premier temps. Mais comme la nature est bien faite, les prédateurs deviennent toujours aussi des proies ! Ainsi les différents milieux que vous implanterez ne tarderont pas à accueillir divers auxiliaires, comme les coccinelles dévoreuses de pucerons, les ammophiles et guêpes parasites, ou encore les oiseaux et carabes, qui font ventre des limaces et escargots. Votre jardin trouvera ainsi son équilibre, pour votre plus grand plaisir comme pour celui de nombreux habitants !

Vite, des carabes !

Malheureusement de plus en plus rares, les carabes sont un atout majeur pour votre potager. Leur retour au jardin sera un très bon signe d'équilibre et d'accroissement de la biodiversité. Sans compter le fait que nombre d'espèces de carabes sont des carnivores invétérés qui dévoreront à souhait limaces, escargots et chenilles (ci-contre un carabe doré, Carabus auratus).

Le Petit Guide des plantes à abeilles, de Morgane Peyrot, éd. First. Mon jardin au service d'une biodiversité équilibrée, de Daniel Lys, éd. Jouvence Nature.

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