Dossier
Les médecines de la révélation (1/4)
Sur les chemins de la connaissance, on rencontre des gures atypiques qui prennent les vérités de leur temps à rebours pour explorer de nouveaux champs du savoir. Dans le domaine des plantes et de la santé, plusieurs francs-tireurs, par leurs révélations divines, leurs intuitions géniales ou leur sensibilité exacerbée nous ont légué non seulement une philosophie, mais aussi des protocoles de soins.
Les médecines de la révélation
Rares sont les figures qui auront autant marqué la médecine par les plantes. Et pourtant, ces personnages occupent une place très à part dans notre histoire, leur vision du règne végétal mais aussi de l’humain étant pour le moins originale. D’époques, de tempéraments et d’orientations différents, ces francs-tireurs ont en commun une vision holistique et parfois ésotérique ou mystique des lois de l’univers et de la place que l’homme et la nature y occupent.
Ainsi en est-il de Sainte Hildegarde de Bingen, de Rudolf Steiner ou d’Edward Bach, trois personnages dont on pourrait dire de leur connaissance du végétal qu’elle est pour le moins « inspirée ». S’émancipant des certitudes médicales de leur époque et revendiquant un lien direct avec la nature, ils ont osé proposer leur propre vision du corps ou de la santé, puisant dans d’autres savoirs des certitudes qui leur seront chevillées au corps. Tantôt révélation divine, tantôt intuition géniale et immersion dans le règne végétal, le dialogue atypique et inédit qu’ils instaurent avec les plantes a produit de...
nouvelles formes de médecine. Parfois leurs discours et leurs propositions ont été validés rétrospectivement par la science ou par la pratique clinique, parfois non (ou pas encore ?).
Leurs visions des choses ont pu choquer leurs contemporains, les étonner souvent, mais il n’empêche: en continuant à dire, à écrire et à transmettre avec persévérance leurs savoirs mystérieux, ces derniers ont acquis une plus grande consistance, s’enrichissant et se consolidant à l’épreuve des faits. Non seulement ces médecines peu orthodoxes ont survécu à l’épreuve du temps mais elles ont connu un regain d’intérêt à mesure qu’on en a découvert la complexité et la paradoxale modernité. Au temps du scientisme triomphant et de la molécule reine, l’héritage que ces personnages nous lèguent pourra sembler prendre de court certaines de nos certitudes établies. Laissons-les de côté, plongeons ensemble dans l’univers mental dépaysant de ces défricheurs et levons le voile sur leurs trouvailles surprenantes.
L’âme des plantes
Ces trois grands esprits de la médecine ne se sont pas limités aux propriétés physico-chimiques des plantes. Leur approche sensible, subtile et énergétique du végétal les a amenés à envisager des résonances avec nos corps mais aussi avec nos états psychiques, émotionnels et spirituels. Chez Hildegarde de Bingen, « chaque semence porte en elle le germe divin ». Les plantes s’inscrivant dans l’unité de la Création, elles répondent naturellement aux besoins fondamentaux de l’homme pour peu qu’on sache en décrypter les secrets. Pour Steiner, la plante est un « corps de vie », une médiatrice entre la Terre et le Cosmos, entre le règne minéral et animal avec laquelle on peut rentrer en dialogue pour relancer nos forces de vie. Quant à Edward Bach, pour qui l’esprit est malade avant le corps, la qualité vibratoire des fleurs vient répondre à nos déséquilibres psychologiques.
Hildegarde au XIe siècle, Steiner ou Bach au début du XXe avaient une vision hors du commun du soin à la personne. Ils ne voyaient pas des maladies, ils voyaient des malades ; ils ne pensaient pas seulement au corps mais aussi à l’esprit et à l’âme ; ils n’appréhendaient pas seulement l’homme mais l’être indissociable de toutes les composantes du monde naturel l’environnant. Cette vision holistique à 360°, quand mettre en cohérence est le seul véritable gage de santé, n’est pas toujours facile à appréhender... Mais laissez-vous guider, toutes ces démarches sont passionnantes et plus que jamais actuelles.