Le serpolet active la digestion
Certaines plantes se font discrètes, sans pour autant avoir jamais cessé de tenir une place importante dans la médecine populaire, attendant le moment opportun pour révéler tout leur potentiel. C’est le cas du serpolet (Thymus serpyllum L.), aussi appelé thym rouge, poilet ou thym de bergère, moins connu que son cousin le thym, qui est aussi du genre Thymus. À la fois plante condimentaire et médicinale, le serpolet mérite une place généreuse au jardin, et j’ai donc le plaisir de l’évoquer en ce début d’année.
Au jardin
Le serpolet est une plante polymorphe dont les organes se modifient selon les régions ou les climats. C’est quand il pousse dans des sols secs et maigres que le serpolet répand le mieux ses senteurs. Il aime les zones ensoleillées, les prairies et landes sèches, les sols caillouteux ou sableux. Présent jusqu’à 2 700 m d’altitude, il supporte des températures descendant jusqu’à -10 °C. Il pousse en tapis et empêche tout autre végétal de s’installer sur ses plates-bandes ! N’hésitez pas à le piétiner de temps en temps afin de renforcer la formation de ce coussin odorant et florifère. Très apprécié par les abeilles, le serpolet attire aussi les papillons, parmi lesquels la zygène pourpre et l’azuré du serpolet.
Ne le plantez donc pas dans une terre trop riche. Pour les graines, semez en place d’avril à juin, à une température comprise entre 15 et 20°C, à 0,5 cm de profondeur, en mélangeant éventuellement les graines avec du sable fin pour un effet couvrant facilité. La terre pourra être préalablement mélangée avec du terreau. Si nécessaire, éclaircir à 5-8 cm ou repiquer à distance correcte lorsque les plantules auront forci. La récolte pourra s’effectuer l’année suivante.
Le serpolet réussit également très bien en pot ou jardinière à condition d’avoir un bon drainage. Le semis sera fait en intérieur de mars à avril dans un terreau de germination, un mélange sable-terreau ou de pastilles de coco, en veillant à garder l’humidité nécessaire à la levée, mais sans trop arroser pour autant ! La germination s’effectue en 20 à 30 jours. Les semis seront...
ensuite repiqués dans des pots un peu plus grands (10 cm de diamètre) avant d’être transplantés à leur tour en jardinière ou en pleine terre (à 30 cm de distance). Ou bien vous opterez pour l’achat direct de plants à mettre aussitôt en place au jardin.
À l’atelier
Sirop de serpolet
Ce sirop est agréable et facile à faire. Son action polyvalente vous rendra service contre les affections hivernales (toux grasse ou coquelucheuse, bronchite, asthme, rhumes), mais aussi en cas d’indigestion, de flatulences ou encore de douleurs abdominales.
Ingrédients
50 g de sommités fleuries coupées menues de serpolet • 750 ml d’eau distillée ou faiblement minéralisée • Sucre ou miel
Ustensiles
1 grande casserole en inox, des flacons de verre teinté de 125 ml (ou 150 ml), un doseur gradué, un entonnoir, une petite louche
1. Dans une casserole en inox (ou en cuivre) de grande contenance, déposer les 50 g de serpolet et ajouter l’eau froide. Portez l’ensemble à ébullition douce et laissez frémir 10 minutes à couvert.
2. Mettre hors du feu et laisser encore infuser environ 6 heures (ou une nuit).
3. Filtrer l’ensemble en pressant doucement les plantes à travers un linge ou un filtre en papier. Recueillir le liquide dans le doseur gradué et noter le volume recueilli.
4. Remettre l’infusé de serpolet dans la casserole en ajoutant la quantité de sucre nécessaire, c’est-à-dire 180 g pour chaque 100 ml d’infusé. Par exemple si vous recueillez en tout 600 ml de liquide, il faudra ajouter 180 x 6 = 1 080 g de sucre.
5. Porter rapidement à ébullition de manière à obtenir une consistance sirupeuse. Attention à ne pas laisser trop cuire, car cela va vite !
6. Remplissez aussitôt vos flacons (qui auront été préalablement rincés à l’alcool, ainsi que les bouchons) à l’aide de l’entonnoir et de la louche en prenant garde à ne pas vous brûler. L’idéal est de remplir au maximum, comme pour les pots de confiture, afin de laisser le minimum d’air au moment du bouchage des flacons. Et n’oubliez pas d’étiqueter votre préparation !
Posologie
Une fois mis en bouteille, le sirop se conserve environ 6 mois tant qu’il n’est pas ouvert. Après ouverture, il pourra se conserver 10 à 15 jours à condition de le garder dans le réfrigérateur. Le sirop de serpolet s’administre à raison de 3 cuillères à soupe par jour chez l’adulte et 2 à 3 cuillères à café chez l’enfant, à partir de 3 ans. Le sirop peut également servir de base pour réaliser une tisane délicieuse. Il suffit de mettre 1 cuillère à soupe de sirop par tasse d’eau bouillante ou dans une autre infusion. À essayer sans attendre !
Autre préparation
Infusion digestive
L’infusion se prépare à raison de 5 à 15 g de serpolet par litre d’eau, en laissant infuser 10 minutes à couvert. Pour simplifier, vous pouvez prendre 1 cuillère à café pour l’équivalent d’une grande tasse. Filtrer après infusion et boire, en fonction des besoins, 2 à 4 tasses par jour. Cette tisane sera remarquable pour faciliter la digestion, calmer les intestins douloureux, les ballonnements, limiter la fermentation intestinale ou encore apaiser les règles douloureuses.
Astuce
Récolte
La partie médicinale est constituée par les sommités fleuries, qui sont cueillies par temps ensoleillé, au moment de la pleine floraison (mai-août), ce qui garantit une bonne concentration en principes actifs. Elles s’utilisent fraîches ou sèches. Dans ce cas, le séchage s’effectue à l’ombre, à 35°C maximum ou à l’aide d’un déshydrateur afin de préserver le bouquet aromatique du serpolet.