L’angélique soutient la digestion
"Si cette plante avait le mérite d’être étrangère, elle serait aussi précieuse pour nous que le ginseng l’est chez les Chinois. Elle se vendrait au poids de l’or. » C’est par ces mots que le docteur Bodard présenta l’angélique au début du XVIIIe siècle. Aujourd’hui, on la délaisse toujours au profit des plus exotiques. Êtes-vous prêt à lui redonner la place qu’elle mérite ? Christophe Bernard, naturopathe herbaliste, à retrouver sur son blog www.altheaprovence.com
Doucement, mais sûrement
Révérée depuis le Moyen Âge, l’angélique peut se targuer d’avoir une longue histoire d’usages variés. Difficile de lui rendre justice en quelques paragraphes ! Concentrons-nous donc sur sa qualité la plus fascinante, c’est-à-dire sa capacité à relancer une digestion défaillante. C’est paradoxal, mais au XXIe siècle, dans nos sociétés industrialisées, beaucoup souffrent de dénutrition. À l’extérieur, les kilos superflus semblent souligner une abondance. Mais à l’intérieur, les carences s’accumulent. Abusé par les aliments morts et industriels, le système digestif n’arrive pas à décomposer les aliments en morceaux élémentaires afin de permettre à notre corps de se régénérer. L’estomac, le foie et le pancréas ne produisent plus assez de sucs. Les muscles lisses tapissant notre système digestif se contractent mal. La flore intestinale est sens dessus dessous. Résultat : un organisme carencé souffrant souvent d’intolérances alimentaires, d’allergies et de maladies auto-immunes.
L’angélique ne peut certes pas tout résoudre, mais elle agit à la base du problème et relance les fonctions digestives primaires. Il faut ensuite faire le ménage dans l’alimentation, consommer bio, vivant, fermenté, germé. Cette plante est l’étincelle qui permet aux engrenages digestifs de reprendre leur place. Elle se prend sous forme de teinture, 30 à 40 gouttes avant les repas dans un peu d’eau. Simple et efficace. En revanche, munissez-vous de patience et n’attendez pas de résultats éclairs. Pour remettre en bon état de marche une machine aussi complexe, plusieurs mois sont nécessaires !
Au jardin
C’est une classique des jardineries, et c’est tant mieux, car l’angélique est relativement difficile à faire germer. La graine doit être semée fraîche (quelques semaines) car elle vieillit mal. Alors ne vous embêtez pas, achetez-la en godets!
Besoin d’eau
L’angélique aime avoir les pieds humides. Il faudra lui fournir un sol riche qui retient l’eau et l’arroser fréquemment. Je conseille d’épandre autour du pied une couche épaisse de paillis a n de bien retenir l’humidité. Si vous oubliez de l’arroser, il se peut que ses feuilles et tiges se couchent complètement sur le sol, signe de grande soif. Si cela arrive, arrosez abondamment, et elle devrait se redresser...
dans les heures qui suivent. En ce qui concerne l’exposition au soleil, tout dépend de votre région. Dans mon jardin, en Provence, elle a besoin d’ombre. Dans des régions plus au nord, une exposition mi-ombre mi-soleil, voire plein soleil, peut être indiquée. Le mieux est que vous expérimentiez par vous- même. Si elle se plaît à l’endroit où vous l’avez placée, elle vous le fera savoir en se déployant avec emphase, exhibant ses sommités fleuries à hauteur d’homme.
Vaporiser les tiges
Dans la mesure où son pied est exposé à l’humidité, il n’est pas rare de voir des colonies de pucerons se développer à la base des tiges. Pour les éliminer, vous pouvez vaporiser un insecticide bio que vous trouverez dans les jardineries, en général à base d’huile de colza émulsifiée ou de pyrèthre.
Confites et médicinales
La première année, elle produira une grande quantité de tiges et de feuilles. Si c’est la racine qui nous intéresse d’un point de vue médicinal, vous pouvez prélever les tiges pour les confire. Si celles-ci n’ont pas un grand intérêt médicinal, une fois con tes, elles sont délicieuses.
À l’atelier
Racines confites d’angélique
Dans cette préparation, je vous propose d’allier plaisir et action thérapeutique. Comme ce sont les racines qui ont des propriétés médicinales, ce sont elles que nous allons confire. Vous pouvez procéder de la même manière avec les tiges d’angélique qui sont particulièrement savoureuses.
1. Récoltez vos racines d’angélique fraîches. Ne gardez que les plus dodues. Passez-les sous l’eau et brossez-les pour enlever la terre. Coupez- les en tronçons de 5 cm de long. Faites-les blanchir pendant 5 minutes jusqu’à ce que les racines se laissent facilement transpercer par la pointe d’un couteau. Égouttez et pesez-les.
2. Placez vos racines dans un plat en pyrex. Pour chaque 100 g, placez dans une casserole 100 g de sucre et 50 ml d’eau. Faites bouillir ce sirop pendant 5 minutes. Versez le sirop bouillant sur les racines dans le plat en pyrex. Elles doivent être bien recouvertes. Si ce n’est pas le cas, faites plus de sirop. Couvrez et laissez reposer une nuit.
3. Le lendemain matin, passez les racines et le sirop dans une passoire de cuisine. Récupérez le sirop et replacez les racines dans le plat en pyrex. Faites bouillir le sirop à nouveau et versez-le sur les racines d’angélique. Couvrez et laissez reposer une nuit. Répétez l’opération pendant 5 jours. Le sirop deviendra de plus en plus épais.
4. Égouttez les racines et laissez-les bien refroidir. Roulez-les dans un peu de sucre roux ou de rapadura pour leur donner un petit aspect croustillant. Conservez-les dans un bocal stérilisé dans un endroit frais. Elles se gardent pendant plusieurs mois. Consommez un tronçon avant les repas, ou simplement pour vous faire plaisir après un bon après-midi passé au jardin.
Des racines aux graines
• Récoltez les racines à l’automne dès la première année. Versez un arrosoir d’eau sur la plante la veille afin d’attendrir la terre. Le lendemain matin, sortez la motte et secouez-la bien afin de dégager les racines. Lavez-les à grande eau, utilisez une brosse à chiendent pour enlever la terre, puis coupez-les en tronçons de 5 cm. Coupez celles qui ont un diamètre important en deux dans le sens de la longueur pour faciliter un meilleur séchage.
• Les graines font aussi de bonnes infusions. Ramassez- les lorsqu’elles se détachent facilement de l’ombelle. Faites-les sécher à plat sur une grille ou sur une assiette, puis conservez-les au frais. Si vous comptez les faire germer, plantez-les rapidement à l’automne.
Almanach d’octobre
Octobre est le mois de récolte des racines. Le meilleur outil pour les récolter est la fourche bêche. A n de bien sortir la plante sans trop de casse, l’astuce est de verser un ou deux arrosoirs d’eau sur la plante la veille afin d’assouplir la terre et de récolter le lendemain matin. Pour les vivaces comme l’aunée, ne sacrifiez pas la plante. Prélevez une partie des racines (un quart) et replacez la plante en terre.
Il est temps de rabattre les vivaces qui ont cessé de produire. Cela permet de nettoyer les parties vieilles ou mortes de la plante afin qu’elles repartent mieux au printemps suivant. Coupez-les au sécateur et placez-les au pied de la plante, l’hiver les décomposera et permettra de nourrir la terre. Tous les déchets végétaux participeront à l’entretien de l’écosystème de votre terre.
C’est avant que le froid s’installe que vous pouvez déplacer certaines vivaces pour leur trouver une exposition plus propice dans le jardin. Si votre vivace ne s’est pas bien développée avec une bonne terre et un arrosage adéquat, c’est qu’elle a besoin d’une autre exposition. Trop de soleil, trop d’ombre, à vous de tester...
Vous pouvez effectuer des divisions de racines des vivaces qui s’épuisent vite. L’hysope par exemple a besoin d’une division tous les deux ou trois ans, ou elle commence à faire beaucoup de bois. Sortez la motte entière, placez-la sur le sol et à l’aide d’une bêche coupez-la en deux ou en quatre selon la taille. Replantez les divisions séparément.