Accepter de vieillir grâce à la florithérapie
Bien que l'espérance de vie en bonne santé soit meilleure qu’autrefois, avancer en âge reste une source d’anxiété largement partagée. La florithérapie nous invite à écouter le message des fleurs pour prendre soin de nos émotions et ainsi nous sentir moins fragiles, pleinement vivants et toujours jeunes dans nos têtes.
La peur de vieillir n’attend pas le nombre des années. À partir de 40 ans, et parfois même plus jeune, si l’on en croit le succès de la chirurgie esthétique auprès des 18-34 ans, les stigmates de l’âge bouleversent notre rapport au corps et à la vie. L’image actuelle de la vieillesse, associée à la dépendance, la maladie ou la solitude, nous renvoie au spectre de notre propre mort (le sort de tout être vivant) et à notre fantasme d’éternité. On voudrait stopper, voire remonter le temps, qui semble passer trop vite. Mais c’est inexorable : les journées durent bel et bien 24 heures et les années, 365 ou 366 jours. La solution ? Vivre pleinement chaque moment. Apprivoiser ses limites, remettre en question ses choix et nourrir encore des désirs. Tout cela est capital, afin d’inscrire les transformations liées à l’âge dans un processus d’évolution épanouissante. Prenons ici exemple sur nos « anciens », célèbres ou issus de notre entourage, qui affichent un esprit vif et curieux, et dont on vante la beauté.
Aimer ses rides
Vieillir est un phénomène naturel. Pourquoi donc en faire une maladie ? On sait combien le stress peut nuire à notre longévité. L’amandier, qui parvient souvent à vivre centenaire, nous offre une belle leçon de sérénité. Il se distingue en arborant ses fleurs blanches en plein hiver avant même que ses feuilles n’apparaissent. Par sa vibration énergétique recueillie dans son élixir floral, il indique qu’on peut assumer les marques du temps sans crainte. Il transmet alors une capacité de détachement, libératrice et régénérante.
Mais s’accepter ne signifie pas se laisser aller. Soigner son apparence contribue à se sentir bien. L’élixir de capucine invite les adeptes du « ce n’est plus de mon âge » à renouer avec ce désir, car cette fleur d’un orange flamboyant apporte de la chaleur et de la vitalité. De plus, ses pétales, dont deux semblent séparés des trois autres, comme pour symboliser la coupure entre le corps et le mental, n’en sont pas moins réunis pour former une belle corolle. Une incitation à se montrer sous son meilleur jour !
Autre fleur aux couleurs vives, le coquelicot de Californie, natif de cet État américain où le bling-bling est à son comble, s’adresse à ceux qui, à l’inverse, se mettent la pression pour rester dans la course...
. Son élixir incite à être plus authentique dans notre société. Entretenu par un besoin de se comparer (à « avant » et aux autres), le jeunisme témoigne en effet d’un manque de confiance en soi et d’un mal-être que les apparences parviennent rarement à sauver.
« Les années rident la peau, renoncer à son idéal ride l’âme », disait le général MacArthur, rappelant que « la jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit, un effet de la volonté, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l’aventure sur l’amour du confort ». Un message qui fait écho à celui d’une fleur d’Amérique du Sud, l’ortiga brava, ou pavot piquant. Ses pétales qui partent en arrière, telle une fusée au décollage, et son cœur qui bombe le torse transmettent à son élixir un message d’impulsion prompt à aider les pessimistes et les mélancoliques à surmonter leur sentiment d’impuissance. Certains, confrontés à ce qu’ils ne pourront plus faire avec l’âge, se contentent de leur train-train quotidien.
Dégager l’horizon
Allons de l’avant ! Pour cela, il faut aussi dépasser ses rancunes, ses remords et ses regrets, sous peine de devenir acariâtre. La fleur de chèvrefeuille, dont les pétales, les pistils et les étamines semblent regarder en arrière en dessinant un mouvement en boucle, réancre dans le présent. Vieillesse peut aussi rimer avec sagesse… L’élixir de sauge, plante prisée des guérisseurs de l’âme, favorise une prise de recul bienveillante. Il permet de laisser « infuser » les événements de notre vie, d’en comprendre le sens et de faire le tri entre ce qui relève de l’essentiel et de l’accessoire.
Une bonne hygiène de vie reste néanmoins importante. Pour s’occuper d’un corps que l’on peut avoir tendance à oublier, compter sur le bouleau, arbre juvénile dont la sève prodigue des vertus détox en phytothérapie. Son élixir donne du courage, de l’enthousiasme et met dans le « faire ». Pour booster ses capacités intellectuelles (mémoire, concentration…), miser sur l’élixir de menthe poivrée, plante aromatique stimulante. La psychologue et psychothérapeute Marie de Hennezel, auteure de rapports sur la fin de vie et experte du « bien vieillir », invite à porter son attention non pas sur toutes les capacités que l’on perd, mais sur celles que l’on gagne.
Rester actif
Or, certaines personnes avancent en âge avec le sentiment de devenir inutile. C’est oublier qu’elles disposent d’un atout de choix : la transmission de leur expérience au profit des plus jeunes. Dotée d’une couleur jaune solaire et de pétales grand ouverts, la fleur de lotus corniculé, ou alfalfa chilota, transmet l’envie d’aller vers les autres et de développer davantage de curiosité pour le monde qui nous entoure. Cet élixir andin reconnecte au désir de comprendre et d’échanger, permettant ainsi de s’inscrire dans un tissu social et de participer aux mouvements de la société. Pour que vieillir signifie continuer à grandir… mais différemment !
Citation
"Je me souviens pendant que je vis."
Agnès Varda
La mauve, j’assume !
La grande mauve vivace ou bisannuelle, Malva sylvestris, présente une tige couverte de petits poils duveteux et de fleurs roses violacées ridées de stries rouges. Cette tige longue est généralement couchée à la base, puis redressée. Les feuilles qu’elle porte montrent des lobes inférieurs arrondis, tandis que les lobes supérieurs sont dentés. La mauve sylvestre nous délivre ainsi un message : accepter les transformations corporelles au fil de l’existence. Mais ce n’est pas tout. Les cinq pétales de sa fleur, échancrés en forme de cœur et très écartés l’un de l’autre, semblent nous inviter à ne pas nous replier sur nous-mêmes, mais au contraire, à ouvrir nos bras aux autres, à nous assumer pleinement. Par le biais de son élixir qui combat à la fois l’isolement social et la peur de vieillir, elle nous montre qu’on peut être apprécié à tout âge.
Intergénérationnel
L’évolution de notre société isole rapidement les personnes plus âgées. A contrario de cette tendance, de nombreuses initiatives fleurissent ici et là autour de projets intergénérationnels, dans lesquels les plus anciens trouvent une vraie place. Échanges de savoirs, grands-parents d’adoption, habitats partagés, bénévolat, entraide de proximité, etc. : il existe plein de façons de garder le contact avec les plus jeunes, et vice versa. Car eux aussi sont demandeurs ! C’est le principe de la plateforme collaborative Le monde selon Alphonse, qui vise à rassembler toutes les générations autour de passions communes. De leur côté, de nombreuses associations s’engagent à développer ces liens dans des domaines variés : Générations et culture répond aux problèmes de logement (des personnes âgées proposent des chambres chez elles) ; Ensemble demain organise des ateliers pédagogiques pour aider les plus jeunes à s’investir à l’école ; Entente des générations apportent du soutien aux demandeurs d’emploi via ses bénévoles retraités ; sans compter les jardins partagés, qui mêlent les générations autour des plantations. Avec chaque fois, pour maîtres mots, la réciprocité et la convivialité. Rien de tel pour oublier les différences d’âge !