Jardin botanique de Marnay-sur-Seine
Un cheminement onirique et sensuel
Rêver en retraçant la longue histoire des plantes, admirer la biodiversité végétale de la vallée de la Seine, humer et goûter des aromatiques du monde entier… À 1 h 30 de Paris, le jardin champenois de Marnay-sur-Seine est un enchantement pour l’esprit et les sens.
À l’origine de ce jardin enchanteur se trouve un artiste, Didier Rousseau-Navarre, qui a deux passions dans la vie : les plantes glanées aux quatre coins de la planète et la sculpture, avec laquelle il explore les rapports de l’homme et de la nature. En 1995, l’artiste décide de conjuguer ses deux passions. Quatre ans plus tard, le premier jardin botanique de Champagne-Ardenne est inauguré et devient un terrain privilégié de biodiversité où plantes et oeuvres d’art font bon ménage.
La promenade commence par le Chemin de l’évolution, qui retrace l’histoire des plantes, des origines, il y a 3,8 milliards d’années, à nos jours. D’abord les algues, les mousses et les fougères. Puis, à l’âge du Carbonifère, l’arrivée d’arbres comme le Ginkgo biloba et les conifères. « Les plantes à fleurs constituent le dernier stade de l’évolution des végétaux », nous rappelle Didier Rousseau-Navarre. « Par ordre d’apparition, on peut citer les dicotylédones, dont la famille des ombellifères, puis les monocotylédones avec les graminées, les palmiers, les orchidées, les liliacées.... Cela permet aussi de constater l’évolution sexuelle des plantes à fleurs, souligne le fondateur du jardin. Le pissenlit ou la marguerite possèdent un grand pouvoir de dispersion de leurs graines ; d’autres, comme les orchidées, utilisent des astuces de mimétisme pour la pollinisation. »
Quand on quitte le chemin de l’évolution, une belle collection de pivoines nous attend : l’étonnante pivoine arbustive baptisée Souvenir de Maxime Cornu, au délicat parfum de bergamote, peut atteindre 25 cm de diamètre ! Puis le visiteur est invité à faire une pause sous une tonnelle longue de 35 mètres, couverte de rosiers grimpants et d’une collection de rosiers anciens et modernes aux multiples couleurs.
Médicinales et aromatiques
Prolongeant ce tunnel odorant, qui relie toutes les parties du jardin entre elles, une grande allée guide nos pas vers le carré des plantes médicinales pour nous faire découvrir les propriétés et usages des simples. Les espèces communes qui poussent dans la région sont classées par types de soins. Pour les problèmes de peau, le calendula et le plantain répondent présents ; pour les problèmes urinaires, on ramassera les feuilles et les fruits du cassis. La reine-des-prés, utile notamment contre les douleurs des règles ou les maux de tête, trône parmi les plantes sédatives. Quant au romarin, à la sauge et au thym, la tradition les recommande contre la toux. La belladone est utilisée comme régulateur du système cardiaque « Ce nom dérivé de l’italien signifie “belle femme”, explique Didier Rousseau-Navarre. À la Renaissance, les femmes s’appliquaient dans l’oeil du jus de la baie pour dilater leur pupille et rendre ainsi leur regard plus intense. »
Un lieu unique et fragile
Jouxtant cet espace, le jardin des plantes aromatiques et condimentaires est une invitation à toucher, humer et goûter des plantes du monde entier. Le piment d’Amérique latine, la stevia, le basilic, originaire d’Asie, mais aussi l’oignon et l’ail que les Arabes introduisirent dans l’Hexagone, sans oublier les menthes d’Afrique et le raifort, la réglisse et l’ail des ours d’Europe.
En face, un potager bordé d’un cordon de pommiers taillés en espalier est cultivé en permaculture. Il abonde en légumes régionaux cultivés au XVIIIe siècle, comme la laitue Grosse blonde paresseuse, aux grandes feuilles tombantes, les panais, différentes variétés de carottes, de courges et de choux, sans oublier le curieux radis chinois, dont on mange non pas la racine mais les fruits allongés, extrêmement piquants, camouflés dans une petite gousse.
Quand on quitte le potager, plusieurs ambiances hésitent entre mémoire et exubérance végétale. L’une évoque deux enfants juifs déportés en nous faisant traverser un univers minéral et sculptural avec une oeuvre de Didier Rousseau-Navarre représentant une chrysalide sortant du bois. Une autre rend hommage à Frank et Régine Ténot, le couple de mécènes ayant contribué à la création du jardin botanique. Légèrement enclavé, le lieu est clos par des barrières en bois, son sol tapissé d’oeillets de Corse doux aux pieds et odorants. De là on accède à un espace pédagogique, tandis que sur la rocaille de l’Alpinium poussent les belles pivoines rose pâle de l’Himalaya qui fleurissent en juin. La collection des succulentes regroupe une quarantaine d’espèces de cactées et d’épineux.
Autre ambiance, plus secrète, le jardin d’ombre se profile avec sa haute futaie et ses espèces adaptées au sous-bois : anémones, jacinthes, lierre… On termine la visite en pénétrant dans le Conservatoire de la Bassée. Il suffit d’emprunter un petit pont qui traverse le ruisseau du jardin, la Noue. Apparaît alors un lieu unique et fragile, comme le sont souvent les plaines alluviales. Un espace riche en biodiversité où est préservée la flore de la vallée de la Seine avec moult plantes rares comme la violette élevée, l’euphorbe des marais ou l’orme lisse. Et nous restons rêveurs après avoir vu tant de créativité poétique se déployer sous nos yeux.
Une mission pédagogique et artistique
Le jardin botanique de Marnay-sur-Seine propose à ses visiteurs, jeunes et moins jeunes, des ateliers pédagogiques embrassant un grand nombre de thématiques. On peut ainsi découvrir l’évolution du monde végétal, apprendre des rudiments du jardinage, ou bien encore participer à un « atelier des cinq sens ». Dans le cadre du programme artistique « Pays’art » le jardin accueille depuis 2013, une résidence d’artiste. La « Maison verte » reçoit chaque année entre 20 et 30 artistes originaires des quatre coins de la planète et qui s’inspirent dans leurs travaux des relations étroites qui unissent l’homme et la nature. On peut découvrir ces oeuvres d’art à l’occasion des nombreuses expositions, éphémères ou non, organisées dans le jardin du printemps à l’automne.
Infos pratiques
Adresse Jardin botanique de Marnay-sur-Seine (10400 Marnaysur- Seine). Tél. : 03 25 21 94 18 www.jardin-botanique.org
Comment y aller De Paris, en voiture, prendre la N4 direction Nancy, puis la D231 et la D68 direction Marnay-sur-Seine. Si vous optez pour le train, comptez 1 h 30 de la Gare de l’Est (correspondance en autocar à Nogent-sur-Seine).
Ouverture Du 1er mai au 15 octobre du mardi au vendredi de 9 h à 18 h les samedis, dimanches et jours fériés de 15 h à 19 h, et sur rendezvous à partir du 15 octobre.
Prix Plein tarif 5 €, tarif réduit 2,5 €, gratuit pour moins de 12 ans.
Où dormir L’Expressoir, maison d’hôtes à partir de 60 euros avec petit-déjeuner à Marnay-sur-Seine. Tél. : 06 22 64 75 60