Le jardin Weleda Naturals : la biodynamie en mouvement
L’agriculture biodynamique est née en Allemagne dans les années 1920, sous l’impulsion du philosophe Rudolf Steiner, à l’origine de la médecine anthroposophique. C’est donc logiquement outre-Rhin qu’on trouve les plus anciennes fermes de biodynamie. Et les plus grandes : à environ cinquante kilomètres à l’est de Stuttgart, le jardin Weleda Naturals s’affirme depuis 1959 comme la plus vaste surface de plantes médicinales cultivées selon ces principes.
Réputé en Allemagne, le jardin Weleda Naturals est cette année l’attraction principale du Landesgartenschau, un grand festival des jardins qui attire des milliers de curieux chaque année. Calendula, échinacée, mauve ou valériane sont mis en scène pour la circonstance dans ce jardin, né en 1959, tandis que des installations originales permettent de s’initier aux concepts de la biodynamie.
Régénérer la terre
C’est l’occasion rêvée de découvrir ce jardin cultivé et toutes les subtilités de cette agriculture. « Nous nous efforçons de recréer les conditions dans lesquelles les plantes poussent naturellement », explique Andrea Horn-Straub, guide des jardins Weleda Naturals. Ici, 260 espèces sont cultivées, mais on en recense environ 400, preuve que la biodiversité y règne spontanément. Un tiers de la surface est réservé aux engrais verts utilisés pour fabriquer du compost, tandis que plusieurs kilomètres de haies foisonnent d’oiseaux et d’insectes auxiliaires. Régulièrement, les plantes déménagent car, en biodynamie, la rotation des cultures est une règle de base afin de ne pas épuiser les sols et d’éviter les maladies : cette année les fleurs jaunes du millepertuis et de l’onagre resplendissent à quelques mètres après l’entrée du jardin. Mais où se trouveront-elles l’année prochaine ? Après la pépinière, c’est le règne du calendula, plante phare des produits Weleda.
Bientôt l’automne verra toute cette végétation se faner. Une chance en biodynamie : « En hiver, la force des plantes est rendue à la terre », commente Andrea Horn-Straub. C’est le bon moment pour commencer l’une des plus emblématiques préparations biodynamiques : la bouse de corne. Cette pratique étrange imaginée par Rudolf Steiner consiste à remplir une corne de bovin avec de la bouse, puis à l’enterrer. « La vache symbolise le lien entre le paysan et sa terre : l’animal se nourrit de l’herbe puis son lait nourrit à son tour l’agriculteur », détaille la guide, qui précise que trois lieux spécifiques ont été déterminés par Rudolf Steiner pour enterrer les cornes. Au printemps, la bouse changée en humus sera diluée et dynamisée, puis épandue sur l’ensemble du domaine. D’autres préparations, tisanes d’achillée, de camomille, de pissenlit ou d’ortie seront aussi administrées aux cultures pour les renforcer.
La beauté et l’harmonie du jardin feraient presque oublier qu’il s’agit d’un site de production : les plantes fraîchement cueillies sont transformées sur place en teintures ou extraits qui entrent ensuite dans la composition de remèdes phytothérapeutiques, homéopathiques et de cosmétiques. Des années ont passé, mais l’empreinte de Rudolf Steiner est toujours très forte.
Un abri végétal pour l’hydraste du Canada
Plusieurs espèces menacées d’extinction dans leur milieu naturel sont cultivées dans le jardin Weleda Naturals. C’est le cas de l’hydraste du Canada (Hydrastis canadensis) qui fait l’objet d’une importante demande sur le marché international et qui se raréfie, voire disparaît dans certaines régions d’Amérique du Nord. Traditionnellement, son rhizome est utilisé pour son action antimicrobienne, et ses extraits sont employés dans des dizaines de médicaments pour la circulation ou les fonctions utérines. Pour redonner à cette plante des sous-bois un cadre de vie proche de ses conditions naturelles, des serres végétales ont été créées. L’hydraste y pousse à l’abri du soleil. Et, comme en forêt, la pluie tombe d’abord sur le couvert végétal, qui agit comme un filtre ne laissant passer que des gouttelettes. À l’automne, les jardiniers amassent à ses pieds des feuilles mortes comme s’ils étaient en forêt.
Informations utiles :
Adresse : Möhlerstrasse 3, 73525 Schwäbisch Gmünd
Tél. : 00 49 7171 9198011
Mél. : fuehrungen@weleda-naturals.de.
Les visites sont guidées et ont lieu toute l’année, tous les jours sauf le mardi pour les groupes de plus de 20 personnes ; pour les groupes inférieurs, les lundis, vendredis et samedis à 11 heures et à 14 heures. Comptez deux heures de visite. Lors de la prise de contact, précisez que vous désirez un guide francophone.
Hébergement : Hôtel Villa Hirzel à Schwäbisch Gmünd : chambre double à partir de 105 € la nuit, petit-déjeuner compris. Tél : 00 49 7171 877390. www.villa-hirzel.de.