Le jardin des Martels : une oasis au cœur du Tarn
Si la chaleur de l'été se fait écrasante, profitez-en pour vivre une aventure tropicale dans un Éden faisant la part belle aux plantes aquatiques… Bienvenue au jardin des Martels, royaume des lotus et des nymphéas éclatants.
Pour planter le décor, on pourrait dire que les Martels sont un jardin à l’anglaise où l’accent est mis sur les plantes aquatiques, dans une ambiance d’inspiration indonésienne. Avant de devenir un paradis luxuriant, ces terres tarnaises accueillaient une exploitation agricole classique produisant maïs, blé et sorgho. L’agricultrice, mère de famille, cultivait une passion pour le jardinage, gagnant de nombreux prix. Un jour, l’idée de créer une pépinière a germé, et toute la famille s’est engagée dans le projet.
Au départ, le jardin n’était là que pour mettre en valeur les produits de la pépinière. Aujourd’hui, il a pris toute la place, et c’est la vente de plantes qui est devenue accessoire. En été, on vient y admirer des beautés aquatiques, nymphéas et surtout lotus en fleurs, clous de la visite. Cependant, avant de s’extasier devant ces plantes sacrées de l’Asie, la déambulation est si agréable qu’on en oublierait presque qu’on est venu pour elles !
L’effet lotus dans les matières d’aujourd’hui
La particularité des feuilles de lotus est leur faculté hydrophobe : les gouttes d’eau n’adhèrent pas à la surface et s’écoulent sans la mouiller. D’autres plantes sont dotées de cette propriété, comme la capucine, le chou ou le roseau. Mais ce n’est pas le cas des nénuphars et des nymphéas, qui se servent seulement de leur fente pour évacuer l’eau. Utilisant le biomimétisme (s’inspirer de la nature pour créer des solutions innovantes), de nombreuses techniques actuelles reproduisent cet effet lotus. Il existe, par exemple, des peintures de façade « autonettoyantes » : comme elles ne laissent pas même une goutte d’eau adhérer, ces surfaces sont peu susceptibles de voir des algues et des champignons s’y développer, ce qui évite l’application de produits toxiques. Du verre et des tissus à effet lotus ont également été fabriqués.
Beauté en fleur ou en bouton
De délicats hortensias immaculés, un saule pleureur à l’ombre accueillante et des hibiscus éclatants nous plongent dans une ambiance propre à la rêverie et à la méditation. Puis un passage par les serres nous initie à l’univers tropical, entre les passiflores exposant leurs fleurs complexes et les orchidées pendues la tête en bas, qui s’observent donc le nez en l’air et le cou tordu. Enfin, après le jeu de piste, vient la récompense : le chemin ombragé de beaux arbres débouche au bas d’une butte, découvrant un temple indonésien entouré d’une véritable forêt de lotus rosés (Nelumbo nocifera). Le lieu incite à la lenteur, au silence, presque au recueillement. On passe devant des statues de Bouddha au sourire serein, on avance sur des pontons de bois jusqu’au plus près des fleurs. Certaines sont en bouton charnu et pointu ; d’autres, pleinement épanouies. Une abeille semble se perdre parmi les étamines dorées… Il faut savoir que tout est bon dans le lotus : le rhizome tranché se consomme comme un féculent ; la tige se cuisine en salade ; les feuilles servent pour la cuisson et les étamines, pour le thé. Même les graines se dégustent : les gâteaux de lune chinois sont faits d’une pâte de ces graines. Ils sont consommés à la fête de la mi-automne, quand la pleine lune est la plus lumineuse de l’année et que l’on célèbre la famille et son unité.
De manière générale, le lotus est une plante sacrée en Asie, symbole de pureté et de perfection qui émerge, immaculé, de la vase et des eaux sombres. Il affiche des feuilles entièrement rondes, poussant jusqu’au-dessus de l’eau. Son réceptacle floral en forme de pomme d’arrosoir permet de le différencier aisément des autres espèces. Et si vous vous demandez pourquoi le lotus bleu n’en possède pas, sachez que ce dernier est en réalité un nymphéa !
Nymphéa ou nénuphar ?
En remontant, on dit au revoir aux lotus en saluant les Baby Dolls, une variété blanche plus discrète mais tout aussi ravissante que les rosés. On arrive alors devant les bassins de nymphéas qui, contrairement à ce que pense mon compagnon de promenade, ne sont pas des nénuphars ! Ces derniers, dont j’ai déjà observé les espèces sauvages sur des mares et des étangs, ont de petites fleurs jaunes en forme de boule. Nymphéas et nénuphars font toutefois partie de la même famille, les Nymphéacées. Tous possèdent des feuilles qui flottent en surface, munies d’une fente qui permet l’évacuation de l’eau. Même le nymphéa géant, observable dans ce jardin et reconnaissable à ses larges feuilles en forme de plateau, possède cette particularité. Mais il y a bien deux genres : Nymphaea pour les nymphéas, et Nuphar pour les nénuphars. Les premiers se distinguent par de nombreux pétales, huit au minimum, tandis que les seconds possèdent quatre à six sépales et des pétales minuscules. L’autre différence importante est liée à la couleur : les nymphéas peuvent être roses, rouges ou bleus mais jamais jaunes. Cette teinte est réservée au nénuphar. Dans les bassins parcourus par des tortues aquatiques s’épanouissent principalement des variétés de ce dernier : le Black Princess attire l’œil avec ses pétales d’un rouge profond tirant sur le noir, et le Wanvisa envoûte la rétine de ses teintes rose-orangé.
Avant de quitter ce lieu enchanteur, le sentier nous ramène dans le jardin à l’anglaise où d’exubérantes échinacées vivaces (Rudbeckia fulgida) Goldstrum sont inlassablement butinées par les papillons. Un dernier regard vers les hibiscus, et il est temps de repasser la barrière… sans que nous quitte l’envie de retrouver bientôt la fraîcheur et les merveilles du jardin des Martels.
Protégées par l’agapanthe
Fleurissant en juillet dans le jardin des Martels, ces plantes originaires d’Afrique du Sud sont connues de l’ethnie Xhosa. Les jeunes mariées arborent leurs rhizomes autour du cou pour s’assurer de nombreux enfants et des accouchements faciles. Plusieurs espèces d’agapanthe sont ainsi utilisées afin de préparer une naissance, notamment pour faciliter l’expulsion du placenta, car la plante possède des propriétés toniques pour l’utérus.
Informations pratiques
Comment y aller ? Situé à Giroussens, dans le Tarn, à 30 km de Toulouse, le jardin est accessible en voiture par la D631. Par le train : gare de Toulouse puis à 30 km en voiture.
Ouverture D’avril à octobre, même les jours fériés. Les tarifs d’entrée vont de 4,50 € à 9,50 € selon la saison et l’âge des visiteurs. En juillet et août, à l’issue de la visite, des apéros vignerons sont proposés aux amateurs, où vous pourrez rencontrer des exploitants locaux du vignoble de Gaillac.
Plus d’infos sur le site www.jardinsdesmartels.com
Une promenade pour découvrir les environs est possible au départ du jardin avec le chemin de fer touristique du Tarn, du 1er juillet au 31 août. www.cftt.org
Se loger : chambre pour deux personnes à partir de 60 € dans une ferme rénovée. Possibilité aussi de louer un gîte. www.pepil.fr