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Conservatoire botanique national de Brest : une arche de Noé végétale

Conservatoire botanique national de Brest

À quatre kilomètres du centre-ville, le jardin du Conservatoire botanique national de Brest, lové au cœur d'un vallon de 30 hectares, offre un patchwork de milieux abritant plus de 2 000 espèces de plantes menacées d'extinction en provenance du monde entier. On y découvre des espèces de Bretagne, de Chine, de Nouvelle-Zélande ou des Amériques… À découvrir en toutes saisons!

L'histoire du jardin du Conservatoire botanique national de Brest commence par la rencontre entre deux projets, celui de la ville qui, dans les années 1970, après s'être reconstruite souhaitait créer des espaces verts et celui d'une équipe de botanistes animés par la volonté de préserver les plantes en voie de disparition. Le site d'une ancienne carrière est choisi pour la douceur de son climat océanique et la présence de différents milieux. Le jardin va s'implanter le long du vallon de Stang Alar sur deux kilomètres au milieu duquel coule une rivière. Falaises, pelouses, bois et étangs complètent ce décor bucolique et offrent un microclimat favorable pour les plantes des cinq continents.

En 1975, le premier jardin conservatoire botanique national voit le jour et devient le premier établissement au monde consacré au sauvetage des espèces menacées. « C'était ­complètement nouveau, rapporte Stéphane Buord, directeur scientifique des actions internationales, car s'il existait des réserves pour la faune avec des programmes de réintroduction d'animaux dans leur milieu naturel. Il n'y avait rien pour la flore ! » La mission se poursuit aujourd'hui et le jardin possède une des plus importantes collections d'espèces endémiques menacées. Les îles, en raison de la richesse de leur écosystème, mais aussi de leur fragilité, font l'objet d'une attention particulière : plantes de l'archipel des Mascareignes (Seychelles, ­Réunion, Maurice, Rodrigues), de Madagascar, des Canaries, des Açores, des Caraïbes, ainsi que de Madère avec les étonnantes hampes bleues de l'Echium pininana et ses trois mètres de hauteur, captent le regard.

Dès l'entrée, on découvre quelques plantes protégées de la région, comme le narcisse des Glénan, le panicaut vivipare, l'asphodèle, ou le chou marin, qui sont menacées notamment par les pratiques agricoles agressives (pesticides, labour profond). Puis, le parcours chemine le long des berges du cours d'eau, au pied des falaises. Agaves et palmiers plantent un ­premier décor méditerranéen. Au ­printemps, dans l'espace consacré à l'Asie, s'épanouissent les camellias rustiques au parfum délicat comme le camellia Granthamiana, qui a été découvert en Chine en 1955, aux délicates fleurs blanches, et le Camellia japonica à la tête rouge ébouriffée. Dominant l'espace, se dresse le rare cyprès du Bhoutan ou cyprès du Cachemire, originaire de l'est de l'Himalaya, qui normalement pousse entre 1250 et 2800 mètres. Ce résineux pleureur au feuillage bleu peut atteindre 40 mètres de haut. Au pied de cet arbre, se trouve l'aralie à papier de Chine.

L'aralie à papier de Chine pour la calligraphie

Aralie à papier de Chine (tetrapanax papyrifera)Le curieux Tetrapanax papyrifer, mi-arbuste, mi-vivace originaire de l'Asie du Sud-Est, fut utilisé pour produire du papier de riz (on l'appelle aussi arbre à papier de riz). Un papier recherché pour la peinture à l'aquarelle ou la calligraphie, notamment en Chine et au Japon. Pour le fabriquer les branches bouillies sont séparées de leur écorce. Le noyau de la moelle – tissu de la tige des plantes vasculaires – est ensuite roulé sur une surface dure et découpé manuellement en fines feuilles à la couleur et la texture blanc ivoire. En automne, l'arbre donne des petites fleurs blanches réunies en ombrelles très mellifères pour les insectes, puis des petites baies noires appréciées des oiseaux.

L'exotisme est au rendez-vous

Un peu plus loin, le dépaysement s'accentue avec les silhouettes élégantes de plus de deux mètres de haut d'une trentaine de fougères arborescentes, originaires de Nouvelle-Zélande. Une collection d'eucalyptus venus ­d'Australie impose leur prestance et embaume l'air ambiant aux beaux jours. Les feuilles géantes des ­Gunnera du Brésil forment un massif somptueux en bordure des étangs. Le chemin qui le surplombe offre un point de vue sur des variétés de la flore de l'hémisphère sud, comme le cocotier du Chili (Jubaea chilensis) qui côtoie le spectaculaire arbre de feu du Chili (Embothrium coccineum) à la floraison ­flamboyante et celle jaune d'or du Sophora toromiro de l'archipel Juan Fernández. Le parcours se poursuit vers la cascade entourée de magnolias et de rhododendrons. Au passage, on aura traversé la bambouseraie, et aperçu la rade de Brest à l'horizon.

Le dépaysement se poursuit dans les serres ­tropicales, qui abritent aussi des plantes menacées de disparition. Quatre milieux exotiques ont été reconstitués : la flore des montagnes tropicales, des îles subtropicales, des forêts sèches de Madagascar et des forêts tropicales humides. Dans la serre des îles subtropicales, l'on découvre de magnifiques hibiscus d'Hawaï et des îles Fidji, ainsi que l'arum titan, ­originaire de Sumatra.

L'arum titan : un perfide séducteur

arum titan (Amorphophallus titanum)L'arum titan (Amorphophallus titanum) appelé aussi phallus de titan peut dépasser deux mètres de haut. Originaire de Sumatra, cette plante ne fleurit que tous les cinq à dix ans selon les individus. Cette inflorescence ne va durer que quelques jours, au cours desquels l'arum déploie de nombreux stratagèmes pour assurer son avenir. Elle va accroître sa température pour mieux diffuser à près d'un kilomètre à la ronde une odeur de soufre et attirer ainsi toutes sortes d'insectes. À la recherche d'excréments ou de charognes pour pondre leurs œufs, les mouches coléoptères s'y précipitent et le piège se referme le temps de la pollinisation. Les insectes repartiront ensuite bredouilles. Quant à la plante, elle se couvre quelque temps après de fruits ressemblant à des petites cerises. Celles-ci seront mangées par un oiseau (le calao) qui disséminera les graines dans la forêt. Une feuille unique va ensuite émerger pour permettre au tubercule d'emmagasiner suffisamment d'énergie en vue de la future floraison. Quand l'énergie stockée sera suffisante, la racine entrera en repos végétatif avant de fleurir à nouveau.

Les serres mettent l'accent sur la fragilité de ces écosystèmes. On découvre ainsi l'histoire de plantes rescapées. Le Cylindrocline lorencei, ­originaire de l'île Maurice, a ainsi failli disparaître en 1993. Mais grâce aux graines conservées, il a ainsi été cultivé in vitro et ­réintroduit depuis deux ans dans son île natale. Un exemple réussi parmi d'autres du rôle du Conservatoire botanique national de Brest pour la conservation de la flore et une invitation à découvrir ces espèces menacées pour mieux les préserver.

La Normania triphylla gagne du terrain dans les forêts de Madère

Normania triphyllaLa Normania triphylla, endémique de Madère mesure environ un mètre de haut, et possède une jolie fleur de couleur violette. Dans les années 1980, l'espèce semblait complètement éteinte. Or la banque de graines du Conservatoire botanique national de Brest en possédait quelques exemplaires. Après de nombreux essais, les graines ont été multipliées. Et depuis 1998, les plantules obtenues ont permis la réintroduction de l'espèce dans la forêt de lauriers, d'où elle est originaire. Aujourd'hui, on la rencontre même hors des zones où elle avait été introduite !

Infos pratiques

Comment y aller. En voiture, en venant de Rennes suivre la direction du port de Brest, puis la sortie Brest Est et la direction Conservatoire botanique. En partant de Nantes, prendre Brest Centre ; puis la sortie Brest Est.

En train, compter environ 4 h 30 depuis Paris. À la gare, prendre la ligne 3 ou 5, descendre à Liberté, puis prendre la ligne 8 (bus en direction de Plougastel) et descendre à Jardin botanique.

Horaires. Ouvert de 9 heures à 18 heures en hiver, de 9 heures à 19 heures au printemps et à l'automne, jusqu'à 20 heures l'été.

Tarifs. Entrée gratuite pour le conservatoire. Tarif pour les serres : 5,50 € en visite autonome et 6,50 € en visite guidée. Gratuite pour les moins de 10 ans.

Hébergement. Chambres d'hôtes chez Armelle et Patrick Le Dall : 55 € petit déjeuner inclus pour une personne, 70 € pour deux ; www.chambres-hotes.fr patrick.le.dall@numericable.fr, tél. : 06 32 00 55 98.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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