La palmeraie de Sarthou une jungle au détour du chemin
Une succession d'ambiances inattendues avec, en point d'orgue, une incroyable collection de palmiers et d'autres plantes exotiques se dévoilent dans ce coin du Gers. Un patchwork étonnant dans un écrin naturel où on déambule entre prairie, verger, plan d'eau et ombre forestière.
Labellisé « Jardin remarquable » depuis 2006, ce site est l'œuvre de Marie-Christine et Daniel Fort. L'aventure de la palmeraie commence en 1980 avec l'achat d'une ferme et d'un terrain abandonné depuis des lustres. « Fasciné par les palmiers qui poussaient dans de belles propriétés du Gers, Daniel a semé sur ces friches des milliers de graines de palmier de Chine particulièrement adapté à ce climat chaud et sec l'été, mais vigoureux l'hiver » se rappelle Marie-Christine Fort. Les premiers palmiers sont plantés dans le jardin familial puis, sous l'impulsion de cette passion, la palmeraie grandit au fil du temps et s'ouvre au public en 1999. Elle abrite aujourd'hui 25 variétés différentes de palmiers. Mais pas seulement ! « Nous avons conçu plusieurs espaces thématiques sur ce domaine de huit hectares en accordant une grande place à la préservation de la biodiversité de la flore et de la faune », souligne la jardinière.
Des essences exotiques
À l'entrée, après une allée bordée de palmiers, les visiteurs reçoivent un parcours fléché pour partir à la découverte de plusieurs centaines d'essences exotiques mais aussi endémiques qui peuplent cette oasis de verdure. Pour commencer, la palmeraie offre la vision d'une forêt tropicale sombre et humide. Contrairement à leur apparence, les palmiers appartiennent à la famille des graminées. Ainsi, les stipes chevelus du palmier de Chine sont formés d'anciennes palmes qui leur donnent l'aspect d'écailles. Il y pousse un crin naturel qui a été longtemps utilisé en sellerie. Dans ce dédale végétal s'épanouit le Butia capitata, originaire d'Amérique du Sud, avec des palmes en forme de plume qu'on appelle aussi arbre abricot. On trouve également un très beau palmier à croissance lente, le Serenoa repense, appelé aussi palmier de Floride ou chou palmiste qui résiste bien à la sécheresse. Il est utilisé en pharmacologie pour soigner les problèmes urinaires. Le Sabal nain est un palmier rustique qui croît lentement pour atteindre sa maturité à 2 ou 3 mètres. Il serait l'un des palmiers capables de s'acclimater dans la moitié nord de la France. On l'utilise en cosmétique. Quant à ce curieux palmier aux feuilles palmées, le Chamaerops humilis, c'est une espèce protégée. Il est originaire des zones sèches et sableuses du sud de l'Europe et du bassin méditerranéen.
Goûtez les fruits du Butia capitata,
Ornemental bien que de taille moyenne, Butia capitata est un palmier qui se cultive en pleine terre dans le Sud. Il porte différents noms : palmier abricot, palmier à vin, palmier vinaigre ou arbre à laque. Cette espèce ressemble un peu à un cocotier avec ses longues feuilles. En Amérique du Sud, il est cultivé pour ses fruits délicieux avec lesquels on fabrique le célèbre vin de palme. Ces fruits succèdent à une floraiso n spectaculaire. « Leur goût se rapproche de l'abricot et de la mirabelle ; on en fait des confitures et des gelées » commente Marie-Christine Fort.
L'impression de dépaysement exotique se poursuit en s'aventurant dans la bambouseraie avec sa cinquantaine de variétés de bambous nains et géants comme le Pubescens Mazel. Ils forment un labyrinthe végétal particulièrement apprécié des oiseaux en hiver. Le cheminement se poursuit vers la bananeraie avec des espèces originaires d'Asie Centrale résistantes au froid, puis vers la serre de plantes tropicales baignées dans une tiède humidité où bougainvilliers et oiseaux de paradis fleurissent en toute saison.
Un écosystème préservé
Des sources émergent à différents endroits du jardin alimentant fontaines et bassins bordés de papyrus qui attirent grenouilles, lézards, libellules et papillons. Dès le mois de juin, des nénuphars et des lotus en fleurs nagent à la surface. De nombreux bancs et fauteuils vous permettent de profiter du spectacle. Tandis que des hamacs accrochés à une vieille gabare, qui autrefois sillonnait la Garonne, invitent à se laisser bercer par la douceur environnante. Au détour d'un bosquet, des œuvres d'artistes contemporains stimulent la rêverie et l'imagination, en symbiose avec l'environnement.
La déambulation se poursuit vers le verger conservatoire planté de variétés locales comme le Cramoisie de Gascogne, ou le Court pendu. La renommée de cette dernière variété avec son goût acidulé au parfum de cannelle remonte à la Renaissance. Le verger traverse une prairie remarquable de par la biodiversité qu'elle abrite.
Dans cet écosystème où bourdonnent des insectes, l'on trouve des variétés de sauges, de serpolets, de thyms, et d'orchidées dont l'orchidée sauvage du Gers qui est une espèce protégée. Autre lieu, autre ambiance, on ira se rafraîchir sous les ombrages de la forêt gasconne achetée par les propriétaires il y a deux ans, afin de la préserver. Un parcours botanique permet d'y découvrir la flore et la faune qui la peuplent, et d'expérimenter un sentier « pieds nus » pour une immersion sensorielle. Il mène à une hutte bibliothèque qui permet de goûter à la quiétude des lieux. « Daniel, c'est le facteur Cheval des jardins qui a réalisé son rêve » commente Marie-Christine.
Direction plein sud, on aborde le jardin méditerranéen, bordé de figuiers, d'agaves et de cactus. L'on remonte vers la carrière de fossiles marins datant du Miocène avec ses huîtres géantes. Un sentier longe un ruisseau bordé de chênes centenaires, de saules et d'aulnes glutineux. Il permet d'atteindre le jardin mosaïque aux cinq couleurs d'une collection de 135 Lagerstroemias déclinés en différents tons, du rose au rouge profond. Appelé lilas des Indes, ces petits arbres offrent une floraison généreuse tout l'été. Une allée flamboyante de Kniphofia ou tison de Satan mène à un théâtre de verdure. La promenade se poursuit par la visite de la palmeraie d'origine qui termine une bien jolie boucle jardinière.
Infos pratiques
Comment y aller : TGV de Paris Montparnasse à Tarbes, Pau ou Mont-de-Marsan puis bus. En voiture : D111, Nogaro, Aignan, Bétous puis suivre le fléchage.
Horaires : La palmeraie du Sarthou, 32 110 Bétous. Jardin ouvert de février à novembre tous les jours de 10 h à 19 h. Fermetures occasionnelles certains jeudis après-midi. Tél. 05 62 09 01 17. Mail jardin@palmeraiesarthou.com Site www.palmeraiesarthou.com
Tarifs : Gratuit avant 6 ans. 4,50 € de 6 à 11 ans et pour les personnes à mobilité réduite. 9,50 € dès 12 ans. 8,50 € par personne pour un groupe de plus de dix personnes. Visites guidées sur rendez-vous.
Hébergement : « A Nouste » 32 110 Nogaro (8 km), 3 chambres d‘hôtes dans une maison de village, de 50 € à 72 €. Tél. 06 09 54 76 18. mumuetramon@orange.fr