De la graine à l'huile
Au cœur du Berry, dans la Vallée Noire chère à George Sand, le domaine de Daniel et Mireille Rouillard vibre aux couleurs des plantes médicinales où le bleu de la bourrache côtoie le jaune d'or des fleurs d'onagre.
"En 1982, avec mon BTS agronomie et productions végétales en poche, j’ai repris la ferme familiale de 120 hectares où j’ai fait le choix de diversifier la production avec des cultures alternatives : lin, bourrache, cameline et onagre destinées à la diététique et à la cosmétique. J’avais envie d’être le plus indépendant possible des semenciers et commercialiser moi-même ma production. J’ai commencé sur une trentaine d’hectares. Il m’a fallu trois années pour arriver à maîtriser ce savoir-faire. En effet, ces cultures d’oléagineux, marginales en France, sont délicates. Les graines de bourrache ont tendance à s’éparpiller au moindre coup de vent et sont très envahissantes. Quant à l’onagre, il prend son temps. Semé en août, sa récolte s’effectue treize mois plus tard. Aujourd’hui, le rendement est de 300 à 500 kilos de graines à l’hectare pour la bourrache et de 400 à 500 kilos pour l’onagre. C’est bien peu si l’on compare au rendement du blé (environ 7 000 kilos de graine à l’hectare).
Je pratique une agriculture raisonnée avec une rotation des cultures sur trois ans. Avec un voisin éleveur, j’échange la paille contre du fumier pour fertiliser le sol. Parallèlement, des apiculteurs ont installé leurs ruches près des champs d’onagre et de bourrache très mellifères. Le travail de la transformation est délicat. Il faut commencer par le tri des graines. Quatre à cinq kilos de graines de bourrache sont nécessaires pour produire un litre d’huile. Quant à la production de l’onagre, ce n’est pas une mince affaire, car les pertes de ces graines minuscules sont fréquentes. Elles sont aussi fragiles à l’oxydation. Mais notre marque de fabrique, c’est la traçabilité et la fraîcheur de nos huiles. Nous utilisons une presse artisanale qui permet de presser à froid au fur et à mesure des besoins de nos clients. Nos huiles sont ensuite filtrées et ne subissent aucun raffinage, ni traitement, ni ajout de conservateur. Cela nous a permis d’avoir la mention Slow Cosmétique, remise par l’association qui milite pour une cosmétique respectueuse de la planète.
Depuis 2019, je cultive sur deux hectares du lin et de la cameline. J’expérimente aussi la culture de la nigelle cultivée sur un hectare. Trente ans après, je peux dire que nous avons gagné notre pari. Nous avons apporté une valeur ajoutée à notre production. Et nous commençons à faire des émules pour la culture de la bourrache et de l’onagre parmi les jeunes agriculteurs à qui nous vendons nos semences. Sachant que 90 % de la production mondiale de ces plantes provient de Chine, je suis persuadé qu’il y a de la place pour créer une filière française.
Daniel Rouillard commercialise ses produits sur son site www.daniel-rouillard.com, contact@daniel-rouillard.com.
Le Bois l’Abbé, 36400 Vicq-Exemplet.
À essayer
L’huile de bourrache
Une bonne huile doit avoir le goût et l’odeur de la graine. En bouche, celle de Daniel Rouillard est douce et son odeur légèrement herbacée. Très riche en oméga-6, l’huile de bourrache est capable de réduire l’inflammation, de renforcer les membranes cellulaires, d’assouplir, de réparer et de lutter contre le vieillissement de la peau. Elle existe aussi sous forme de capsules.